plissée plus vaste, orientée dans le sens du Caucase x. » Ce bloc
compact a agi à la manière d’un môle résistant, où les contrecoups
des plissements karpatiques se faisaient sentir par des mouvements
de bascule, et c’est le dernier de ces mouvements qui a porté la
Dobrodgea septentrionale à des altitudes de 400 et 500 mètres, en
face de la plaine valaque déprimée. Le Danube a naturellement suivi
cette ligne de dénivellation. Cet accident est d’ailleurs certainement
postérieur au sarmatique, dont les eaux avaient envahi la Dobrodgea.
Il est probablement même postérieur au plaisancien.
C’est alors qu’a commencé l’affaissement lent de la plaine de la
Munténie orientale, succédant au soulèvement qui l’avait exondée
au début du pliocène 2. Cet affaissement a été rendu évident par le
sondage de Mârculesti, qui n’a rencontré le tertiaire qu’à 30 mètres
au-dessous du niveau de la mer Noire. Il est fâcheux que les autres
sondages faits en Yalachie n’aient pas été pratiqués avec le même
soin ; ils pourraient nous donner des documents de premier ordre pour
évaluer l’amplitude du mouvement qui, sans doute, affecte encore le
sol valaque. Mais tout semble prouver que l’aire principale d’affaissement
est comprise entre Giurgiu, Galafi et Eoc^ani, et que, suivant
l’hypothèse de Draghiceanu3, c’est dans la région N.-E. que l’enfoncement
a été le plus considérable.
I I
On le voit, la formation de la vallée danubienne a été déterminée
par les dislocations qui ont affecté le sol valaque à la fin du tertiaire.
Mais l’importance du fleuve ne date que du moment où il est devenu
le collecteur, non seulement des eaux du bassin bulgaro-valaque,
mais de la dépression pannonique et d’une partie même des Alpes.
Cette acquisition a été le résultat de la rupture de l’arc balkano-
karpatique entre Orsova et Moldova. Aussi, bien que le défilé des
Portes de Eer, par lequel le Danube coupe la chaîne, soit en dehors
de la Yalachie, ne pouvons-nous laisser absolument de côté le problème
irritant qu’offre cette singulière percée fluviale.
1. Suess. La face de la terre, tr. fr., I, p. 633.
2. Le Plaisancien manque à Mârculesti.
3. Draghiceanu. Les tremblements de terre de la Roumanie.
Géographes et géologues semblent, jusqu’à présent, s’être vainement
ingéniés pour déchiffrer l’énigme, et pourtant, les travaux
entrepris pour la régularisation du cours du fleuve ont offert toutes
les occasions de pousser l’enquête aussi loin que possible. Les uns
invoquent des failles que le fleuve aurait suivies 1 ; les autres imaginent
une sorte de débâcle des eaux du lac qui occupait la plaine
hongroise 2 ; d’autres enfin recourent à l’érosion remontante d’une
rivière vigoureuse, sans doute la Cerna actuelle 3.
Ce qu’il importe surtout de déterminer ici, comme dans toutes
les questions analogues, c’est la date de la percée. Pour Peters, il
semble qu’elle soit postérieure à l’étage des Congéries ; pour Hala-
vats, c est à l’âge diluvien que le lac de l’Alfôld a commencé à
s’écouler par le canal de Bazias-Orsova.
D après ce que nous savons sur l’évolution des mers tertiaires,
B p P e semble pas que la séparation des bassins pannonique et valaque
remonte plus loin que le sarmatien. Déjà, à l’époque tortonienne, le
soulèvement avait commencé, mais la mer pénétrait encore à l’intérieur
de la montagne par des golfes où des eaux à demi-saumâtres
ont laissé des dépôts échelonnés en une série de petits bassins i. Il y
avait donc, semble-t-il, une voie de traverse déjà préparée. A partir
du moment où la Cerna est devenue la tête de source du Danube, le
creusement de sa vallee a du se faire avec une étonnante rapidité.
On peut le considérer comme effectué surtout à la fin du pliocène
-et au commencement du pleistocène, c’est-à-dire au moment où les
glaciers couvraient la chaîne cristalline du Godeanu, et où les précipitations
abondantes donnaient a tous les fleuves une énergie nouvelle.
L’énorme cône de déjection d’Orsova témoigne de son activité.
Pendant ce temps, les recherches des géologues hongrois nous
montrent que l’Alfôld était occupé par un lac, en sorte que les cours
d’eau qui descendaient du versant O. des monts du Banat n’étaient
que des rivières de peu de longueur comparativement à la Cerna,
tête du Danube valaque, et douées d’une énergie érosive bien moins
G- Jannescü. Aliniamente geograflce aie României,1895, p. 255. D ragh icean u , op. cit. Bull. Soc. Géoqr Rom
J : ® 8S # Durclibruch der Donau, Schr. d. Ver. f. Verbr.natunoiss. Kenntn.
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3. P eters. Die Donau und ihr Gebiet, Leipzig, 1876.
de4 .R Poeutme rasn,i eo, pc. acritte. .— H a la v a ts, loc. cit. — Sabba S t e f a n e s c ü . Terrains tertiaires