vents d’E., on ne saurait s’étonner que les versants balayés par ces
vents offrent des conditions d’existence moins favorables à la végétation
arborescente, et que la limite de la forêt y descende plus bas
qu’ailleurs.
Bien d’autres circonstances influent sur la hauteur de la limite
des forêts, comme on l’a déjà remarqué dans les Alpes 1 ; elle est,
en général, plus basse dans le fond des vallées que sur leurs flancs et
sur les arêtes qui les séparent. Le voisinage des bergeries fait aussi
presque toujours faire un crochet à la ligne sinueuse et sombre qui,
de loin, marque le commencement des pâturages alpins. Mais, même
en m ettant à part tous les cas particuliers où la limite de la forêt
subit un abaissement local, on trouve une moyenne qui peut paraître
plus basse qu’on ne serait porté à s’y attendre. Drude avait déjà
fait pareille constatation pour les Karpates septentrionales, sans en
trouver une explication satisfaisante 2.
Il semble bien qu’on doive la chercher dans la répartition de
l’humidité et des vents. La zone des précipitations maxima est, en
effet, nous l’avons vu dans les Karpates comme dans les Alpes, à peu
près à la même hauteur que celle de la lim ite de la forêt. La zone
du vent maximum doit avoir aussi une action notable ; or, ce sont
les crêtes qui sont toujours souffletées par les vents, de quelque
direction qu’ils viennent, tandis que les pentes inférieures sont
abritées au moins d’un côté. A partir de 1,000 a 1,200 mètres, dans
les montagnes moyennes, il n’existe à peu près aucun sommet qui
soit couvert d’arbres. Ainsi, toutes choses égales, d’ailleurs, les plus
hautes montagnes doivent être celles où la limite de la forêt est, en
moyenne, la plus haute. Cette loi explique une foule d’anomalies
dans les Karpates et se vérifie dans toute l’Europe. Les Karpates
valaques sont bien à leur place dans la série formée par les Alpes,
avec des altitudes dépassant fréquemment 4,000 mètres et une limite
moyenne de la forêt de 2,000 à 2,100 mètres, le Plateau Central, avec
des altitudes de 1,800 mètres et une limite de la forêt de 1,400 mètres
environ, les Yosges, avec des altitudes de 1,300 mètres et une limite
de la forêt voisine de 1,000 mètres, etc.
Ces quelques indications suffiront peut-être à montrer quel intérêt
présenterait une étude climatologique de la limite de la forêt.
1. G. B onnier. Etudes sur la végétation de la vallée de Chamounix, Reii.,gén. de
Botanique, I, 1899.
2 . Drude. Vegetalionsregionen der Nôrdi. Zentral Karpaten, ¡oc. .cit.
Wm. • f:
vu. - Limite de la Forêt de Sapins à Balota
(Monts du Lotru)
Planche D
vin. - Vallée du Sireu. (Monts du Bu^eu). Dévastation de la forêt.
Au fond Fetele Sireului, escarpements de Flysh cénomanien.