sont les seuls où ils représentent plus de 4 % de la population 1,
Encore sont-ils limités aux grandes villes comme Bucarest et Râm-
nicu-Sarat, où ils se livrent au commerce et exercent la profession
d’aubergiste, que la loi leur interdit dans les communes rurales.
D’après le dernier recensement, on compte plus de. 43,000 israélites
à Bucarest (17 % de la population totale), à Râmnicu-Sarat, plus de
1,600 sur 13,000 habitants 2. A Ploiesci, ils sont 2,400 sur 42,600 habitants,
à Braila 10,000 sur 68,000 habitants. La plupart sont venus
X Y III6 siècle de Constantinople, où se réfugiaient depuis longtemps
les Juifs persécutés en Espagne. Quelques-uns sont descendus
de la Moldavie, où l’immigration constante des israélites galiciens
et polonais a mis la question juive à l’état aigu 3.
Comme les Juifs, les Grecs sont avant tout des citadins et des
commerçants. Leur nombre a sensiblement diminué depuis la fin
de la domination pbanariote. C’était alors un pays béni que la
Yalaehie pour les Grecs, on la préférait à tous les pays voisins.
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Le Pbanariote qui avait acheté à prix d’or de la Porte, la place
de Hospodar, amenait avec lui toute une foule de clients, de créanciers,
qui venaient avec l’intention bien arrêtée de mettre le pays
en coupe réglée. Une partie de ces gens s’éclipsait lorsqu’un nouveau
prince venait remplacer le hospodar déchu, emprisonné, ou simplement
décapité par ordre du sultan. Mais il en restait toujours assez
pour que la population grecque s’accrût insensiblement. Bucarest
était alors le centre de l’hellénisme, pendant qu’Athènes gémissait
sous le joug turc. Dans cette ville où est née l’hétairie, d’où est parti
le soulèvement d’Ypsilanti, il est probable que près de la moitié de
la population était grecque. Dans la campagne, le Grec faisait le
commerce des grains et étalait aux foires tous les produits étrangers
connus sous le nom d’articles de Leipzig et de Braçov 5.
1. D. Stubdza. Suprafata çi populaf,iunea Regatului României, Bull. Soc Géogr Rom., XIV (1895), 1896.
2. Recensimentul général al populatiunei României, 1899. Resultate provisori
Bue., 1900.
3. Voir E. PrcOT. La question des israélites roumains, Paris, 1868. — Haçdeu.
Istoria tolerantei religioase in România, 2" éd., Bue., 1865.
4. âaxtxal ’Emuueo/Sôç de C é s a r D a p o n tê s cité in P. E l u d e . De l ’influence française
sur l ’esprit public en Roumanie, p. 104.
5. Sur tout ceci, voir P. E lia d e , op. cit.
Ces détails étaient nécessaires pour expliquer l’importance qu’a
encore à l’heure actuelle, l’élément grec en Yalachie. S’il a dû abandonner
le rôle prépondérant qu’il jouait dans la vie intellectuelle
et politique du pays, il y est encore un ferment d’activité économique.
Le quartier des Lipscani. à Bucarest, est peuplé presque entièrement
de Grecs et d’Arméniens, et si les derniers sont assez assimilés
pour qu’un oeil exercé ait peine à les discerner, le Grec se reconnaît
aussitôt et ne cherche pas d’ailleurs à se dissimuler ni à se fondre
dans la population. Souvent, après fortune faite, il retourne chez
lui. Dans presque toutes les grandes villes, l’épicerie, la mercerie,
le commerce des étoffes importées et des modes est aux mains des
Grecs. Dans les ports danubiens, le grec frappe à chaque instant les
oreilles. Le commerce des blés à Braila, Galaji, Calafat, Giurgiu, est
tenu par des Grecs, et les lourdes péniches où s’engouffrent les sacs
de blé et de maïs, portent presque toutes des noms grecs pompeux.
Ce. qui a grandement favorisé le maintien d’une population
grecque, c’est la retraite à peu près complète des Turcs, qui, autrefois,
jouaient un certain rôle comme marchands de blé et de b étail1 et
l’indifférence du Roumain pour tout ce qui est étranger à l’agriculture.
Cette indifférence explique l’immigration constante des négociants
allemands, qui parfois finissent par se fixer définitivement
dans les grandes villes ; des terrassiers italiens, qui, là comme en
Autriche, retournent chez eux tous les ans ; des hommes de peine
hongrois, qui de plus en plus tendent à former des colonies importantes
dans les districts montueux de Munténie ; des Russes, qui,
à Bucarest forment une corporation de cochers élégants, tous affiliés
à la secte des scopifi.
Encore le Roumain n ’aime-t-il pas n ’importe quelle agriculture.
Le jardinage est laissé au Bulgare, habitué aux cultures délicates
des pays méditerranéens. L ’émigration des Bulgares jardiniers
date du milieu du XYIII® siècle, et le mouvement serait parti du
village de Ljaskovec, dont les habitants étaient employés à Constantinople
2. Actuellement on les trouve partout, non seulement en
Roumanie, mais en Serbie, en Hongrie, jusqu’à Yienne et Moscou 3.
1. Voir P. E lia d e , op. cit., p. 2 et p p . 119-120.
2. J ire c e k . Das Fürstentum Bulgarïen, pp . 176-177.
3. L ’émigration annuelle serait de 3 millions et demi (Jire c e k , loc. cit.).