quelque temps. C’est ce qui explique la forte proportion de la population
chevaline, bovine et surtout ovine dans les départements de
Braila et Jalom ita (v. fig. 38). C’est là qu’on a pu songer à reconstituer,
par des baras bien organisés, la race cbevaline. On en trouve
d’ailleurs les éléments avec ces chevaux de Jalomita, en grande
partie amenés par les immigrants transylvains, et qui, par la taille
et le port, ressemblent aux chevaux hongrois. Hauts de l m50 à l m60,
la tête plus longue, les formes plus fines que chez le cheval de montagne,
ce sont des bêtes peu gracieuses, mais très robustes, excellentes,
tant pour le trait, que pour la selle.
C’est encore dans les plaines de Munténie, et particulièrement
sur le Bâragan, qu’on trouve le type le plus pur de la race des boeufs
de Jalomifa, aussi différents de la race moldave que de la race
montagnarde, et très voisins de la race transylvaine, dont ils ont les
grandes cornes en forme de lyre, la haute stature, le garot saillant,
le pelage gris clair. Toujours en plein air, ce sont des animaux rustiques
et durs à la tâche. Pour les gros ouvrages, on leur préfère
cependant encore, dans la campagne, les buffles, presque aussi nombreux
que les boeufs en Bulgarie 1, et assez répandus dans toute la
région steppique de la H unténie voisine du D anube2.
A part cette région, qui semble être la réserve pastorale de la
Yalachie, le gros bétail est sensiblement moins nombreux dans la
zone basse que dans la zone montagneuse, et, en général, en Mun-
ténie qu’en Olténie. La même remarque s’applique aux moutons et
aux porcs, qui appartiennent d’ailleurs, eux aussi, à des races spéciales.
Le mouton, tigaîa, du Baragan, appelé aussi mocânesc, à
cause de son maître, le mocan, berger transylvain immigré, est une
bête plus lourde et de taille plus grande que le mouton tourcana.
Sa laine est notablement plus fine, mais dégénère, quand on cherche
à l’acclimater dans les districts montagneux. Il supporte cependant
un séjour de quelques mois dans les pâturages alpins ; la plus grande
partie des moutons des départements de Jalomifa et B raila paissent,
l’été, dans les monts du Buzeu, de même que ceux des départements
de Teleorman et Ylasca viennent des monts de Fogarash et du Bu-
cegiu. La position des deux maxima (fig. 38 D) indique, par elle-
% Voir E n g elbr ech t. Die Landbauzonen der aussertropischen Gebieten, t. III,
pl. 52.
2. Département de Jalomita, 4,700 têtes ; Ufov, 13,300 ; Romanati, 3,700 ; Teleorman,
3,300 ; Vlaçca, 5,800.
même, le tracé des grands chemins de transhumance dont nous
avons déjà parlé.
Les marchés de toute cette région pastorale de la basse "V alachie
sont parfois de vieilles cités maintenant déchues, comme Urziceni,
capitale du département de Jalom ita jusqu’en 1832. Mais, de plus
en plus, la première place revient à ceux qui se tiennent sur le bord
du Danube. Là foire à bestiaux de Calaraçi est une des plus importantes
de toute la Yalachie. Elle ne le cède, pour la valeur des trafics,
qu’à celle du Târgu Mosilor, à Bucarest.
I I
L’élevage tend à prendre de jour en jour plus d’importance, mais
ses progrès sont limités, dans une certaine mesure, par ceux de
l’agriculture, qui lui dispute les espaces jadis incultes des steppes
voisines du Danube. Si, depuis longtemps, la Yalachie est un pays
agricole, le grand essor pris par la culture des céréales ne date pas
de plus d’une vingtaine d’années. La tranquillité, enfin assurée au
pays, l’établissement des voies ferrées, perm ettant la concentration
rapide des produits, ont contribué à stimuler l’activité ; on a défriché
et mis en culture des terres vierges, et obtenu, pendant quelques
années, une série de récoltes superbes, qui ont mis la Yalachie, avec
la Moldavie, au premier rang des pays exportateurs de grains et de
farines h
Des études techniques ont montré la qualité supérieure des blés
de Yalachie, employés dans les grandes minoteries de Yienne et de
Buda-Pest, pour faire les mélanges connus sous le nom de farine
hongroise 2. Aussi, est-ce surtout à développer la surface cultivée
en blé que s’appliquent les grands propriétaires. Actuellement, elle
représente, en Yalachie, 1,193,770 hectares, soit 15 % de l’ensemble
du pays, 39 % de la surface cultivée en céréales. Le maïs est ensemencé
sur 1,464,750 hectares, soit 19 % de l’ensemble du pays, 48 %
de la surface occupée par les céréales.
1. Die Weizenproduction in Rumänien, Wiener Landwirtschaftliche Zeitung,
1899. — Cornu Munteanu. Etude sur les céréales de Roumanie, Bue., 1900, spécial,
pp. 56-57 et 142-143 (analyses).
2. D’après Cornu Munteanu (op. cit., pp. 113 et 150), la Roumanie, en 1896, donnait
en blé 1/2 de la production de la Hongrie et de l’Italie, les 2/3 de celle de
l’Allemagne, 1/4 de plus que l’Angleterre ; en maïs le double de la France, les 3/4
de l’Italie, les 2/3 de l’Autriche-Hongrie.