Enfin, ce qui différencie le pins peut-être la région du maïs de la
région du blé, c’est que la première est, par excellence, le pays autonome,
qui se suffit à lui-même, où les cultures alimentaires pourvoient
aux besoins de la population, où le commerce est local et la
circulation relativement peu active ; tandis que la seconde est le pays
producteur, qui prétend exporter, et s’organise de plus en plus en
vue de cette nouvelle destinée, pays de circulation active où 1 agriculture
prend la proportion d’une sorte d’industrie avec des marchés
internationaux qui concentrent les produits du sol amenés par chemin
de fer ou par la voie du Danube, mais aussi pays où les crises
économiques se font sentir plus fort qu’ailleurs, car tout dépend de
la récolte du blé, les autres cultures ne suffisant pas, même quand
elles rendent au mieux, pour couvrir les frais d’exploitation, ni pour
assurer la subsistance de la population.
Les statistiques, qui donnent des valeurs globales pour toute la
Roumanie, ne nous permettent pas d’évaluer exactement la part de
la Yalaehie dans l’exportation des céréales, qui est le principal élément
du commerce pour les pays danubiens. Mais, si l’on songe que
les surfaces ensemencées en céréales, en Yalaehie, représentent 68 %
de l’étendue totale de ces cultures en Eoumanie, on ne peut douter
que la Yalaehie n’ait la première place pour l’exportation comme pour
la production. L ’importance des ports danubiens, où se concentrent
les céréales, le trafic des voies ferrees qui y aboutissent (v. fig. 46),
en sont des indices certains. U n fait significatif est le développement
rapide de Brâila, qui tend à dépasser Galafi. De grandes minoteries
y transforment une partie du blé en farine. Le commerce d’exportation
ne peut que gagner à l’extension de cette industrie, la proportion
des farines exportées est encore très faible h C’est l’Angleterre
qui, de tous les pays, importe le plus de blés roumains, soit directement,
soit en passant par les ports belges. 'Vient ensuite l’Allemagne
et l’Autriche-Hongrie, qui se sert des blés roumains pour
élever le prix des farines élaborées dans les grandes minoteries de
Buda-Pest. Le maïs est surtout destiné à l’Allemagne et à la Hongrie.
A côté du blé et du maïs, les autres cultures alimentaires sont,
en Yalaehie, sans importance notable. Le sarrasin, qui pourrait
rendre de grands services dans la montagne, est presque inconnu, de
même que la pomme de terre ; le paysan lui préfère les haricots, qui
1. Cornu Munteano, op. cit., p. 29.
j ouent un grand rôle dans son alimentation. L ’avoine est encore relativement
peu cultivée, sauf dans les pays d’élevage du cheval (collines
d’Argeç et Prahova et plaines du Buzeu) l. C’est aussi dans
la région des plaines de Munténie que l’orge joue seulement un
rôle im portant2. Elle y représente, comme en Dobrudja, une culture
maigre, plus ancienne que le maïs, introduit en Yalaehie au
X VIIe siècle, et antérieure à la grande extension de la culture du blé.
I I I
Les cultures industrielles ne tiennent pas encore une grande place
en Yalaehie. Le lin, qui fournit la matière de l’industrie textile, en
grande partie domestique, est cultivé à peu près partout en quantité
peu considérable, de même que le chanvre. Le colza, qui donne une
huile utilisée chez le paysan, est très répandu, surtout dans la région
des basses collines et des plaines.
Le tabac, dont la vente est monopole de l’E tat, est cultivé dans
les mêmes conditions qu’en Erance, sous le contrôle de l’Administration,
et seulement dans les départements d’Ilfov, Ylaçca, Dâm-
bovija, Jalomija et Romanaji- Il donne un produit de valeur m archande
moyenne, moins abondant, mais plus fin, à la lisière de la
région des collines, où on le cultive sur des pentes abritées et tournées
au midi, que dans la région des plaines 3.
Dans ces dernières années, la culture de la betterave sucrière, favorisée
par un tarif de primes, a beaucoup gagné en Roumanie, mais
la Yalaehie n’a guère pris part à ce mouvement.
Les seules cultures industrielles qui jouent un rôle important dans
II’économie rurale sont, en même temps, des cultures alimentaires ;
ce sont la vigne et le prunier.
Le climat continental extrême de la Yalaehie, avec ses hivers où
le thermomètre s’abaisse au-dessous de 0° pendant 116 jours, et ses
1. Départements : Argeç 12 %, Prahova 11 %, Brâila, Jalomita et Ilfov 8 % de
la surface ensemencée en céréales.
2. Voir tableau II. On peut juger de l’extension de la culture de l’orge par la
figure 40. Elle est localisée surtout dans les départements où le maïs et le blé ne
représentent ni l’un ni l’autre plus de 40 % de la surface totale ensemencée en
céréales.
3. Les monopoles de l’Etat, Exposition de 1900, I, Tabacs, p. 33. Voir tableau
de la production à l’hectare et du revenu par hectare, tableau V. C’est le département
de Jalomita qui donne le plus fort rendement (près de 900 kilog), mais c’est
Vlaçea qui produit les variétés les plus chères (0 fr. 60 le kilog).