les monts du Vulcan, leur importance augmente
encore. Tout le long de l’abrupt qui domine les
dépressions subkarpatiques, on les retrouve, entaillés
de profondes gorges, crevés de dolines
et riches en cavernes.
De Tismana à Runcu, les Karpates se terminent
par une sorte de terrasse d’une altitude
moyenne de 500 mètres, dont le rebord
faillé est constitué presque partout par cette
traînée calcaire (v. fig. 25). C’est sur cette
plate-forme qu’on trouve les seuls villages de
la montagne, Topesci, Govornija, cultivant les
creux des dolines où s’amasse un peu de terre.
Telle est aussi à peu près la situation de
Schéla, où l’on exploite les anthracites primaires.
Les vallées profondes qui entaillent le haut
plateau cristallin sont inhabitées, mais la vie
pastorale est très développée sur les longues
crêtes herbeuses au-dessus de la limite de la
forêt.
Sans atteindre nulle part 2,000 mètres, les
monts du Yulcan sont une barrière massive.
Sur la crête principale, formée par les schistes
cristallins et portant des sommets de 1,800 mètres
(Straja, Sigleu, etc.), le col le plus pratiqué
dépasse 1,600 mètres ; c’est le Yulcan, qui,
malgré son élévation, était préféré de toute antiquité
à la gorge impraticable du Jiu. P ar là
passait, vraisemblablement, une route romaine L L’importance de
ce col, connu depuis longtemps, en a fait tirer la dénomination du
massif montagneux, dont il est la seule porte.
YI
Il est difficile de trouver vers l’Ouest une limite précise aux monts
du Vulcan. Cependant on s’aperçoit aisément qu’à partir des sources
de la Cerna et du Jiu, le caractère du relief change graduellement.
1. Mommsen, Histoire romaine, tr, fr. tome X.
A la direction E.-N.-E. — O.-S.-O., qui est celle de la crête principale
des monts du Yulcan, et n’est autre que celle du troisième anticlinal
de Inkey, se substitue une direction N.-N.-E. — S.-S.-O.,
sensible aussi bien dans ,1’orientation de la vallée de la Cerna,
que dans celle des massifs calcaires d’Oslia et Piatra Cloça-
nilor. Le soubassement cristallin, recouvert seulement çà et là de
paquets de calcaires mésozoïques, disparaît bientôt presque entièrement.
Dans la basse Cerna les escarpements grandioses du calcaire,
auxquels la forêt de pins prête un charme particulier, frappent
seuls l’oeil du voyageur ; on ne soupçonnerait pas qu’ils reposent, par
l’intermédiaire de schistes probablement liasiques, sur les schistes
cristallins qui affleurent partout dans le fond de là vallée %
La traînée calcaire qui formait le rebord des monts du Vulcan se
retrouve à Baïa de Arama et semble se souder au massif qui forme
Piatra Cloçanilor. Il n’est pas dans tout l’arc karpatique de sommet
qui présente autant d’apparence que cette crête pittoresque à peine
haute de 1,427 mètres, mais isolée au milieu d’un plateau de 500 à
600 mètres. Le Motru a scié dans son flanc E. une gorge sauvage,
encombrée d’éboulis énormes, pleine de grottes où se perdent une
partie des eaux delà rivière. Son affluent, le Motru sec, disparaît complètement
en aval d’Obârsia, sur un parcours de plusieurs kilomètres,
dans une vallée qui peut passer pour un des coins les plus pittoresques
et les plus curieux de la Yalaehie 2. La traînée calcaire de Cloçani
est celle qui se retrouve, dominant le haut plateau de Hehedinjà,
formant l’abrupt de la Suivra et de Lunca Câinelui.
Un autre massif calcaire commence aux sources mêmes de la
Cerna, avec l’Oslia, et redescend tout le long de la vallée, scié par
la rivière en des gorges impraticables. L ’imagination populaire a
peuplé de légendes ces sites d’une beauté sauvage. Hercule, dont le
souvenir revit dans le nom de la petite ville d’eaux d’Herculesbad,
y aurait poursuivi un dragon caché dans les cavernes de l’Oslia.
Partout, on le voit, l’élément calcaire frappe les yeux dans les monts
de la Cerna, c’est lui qui donne la note pittoresque, la variété, la vie.
La haute chaîne du Godeanu qui borde la rive droite de la Cerna
1. Schafarzik. Zur Geologie des Czemathales, Jahrb. d. Ung. Geol. Anstalt für
1889.
2. Description pittoresque in : Toula. Eine geologische Reise in die Transsylva-
nischen Alpen Rumäniens, Sehr. d. Ver. f. Verbr. Naturwiss. Kenntnisse, Wien,
XXXVII, 1897, pp. 226 et sqq.