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cette longue bande salifère qui commence en Gralicie et se poursuit
à travers la Moldavie en longeant le pied des Karpates. Le sel se
présente, tantôt en couch.es minces irrégulières, tantôt en lentilles
énormes, souvent déplacées par des dislocations tectoniques. Ces
massifs puissants, d’une épaisseur qui va jusqu’à 300 mètres et plus,
sont seuls exploités actuellement à Slânic, Doftana et Ocnele Mari,
l’extraction et le commerce du sel étant en Roumanie monopole de
l’Etat.
D’après les analyses de M. Istrati 1, la pureté de ce sel défierait
toute comparaison, le chlorure de sodium y représente de 98 à 99,9
du poids total. Le gypse et l’anhydrite y sont très rares. Les couches
compactes à grain fin blanc, gris ou noirâtre, sont plissées en plis
serrés recoupés par des failles, et traversées d’ondulations orthogonales
(fig 43). Ces dislocations sont sans relation avec la tectonique
des formations encaissantes, et se manifestent surtout dans les massifs
anticlinaux 2.
L ’exploitation se faisait d’abord au moyen de puits qui s’enfoncent
jusqu’au coeur du massif et d’où rayonnent des galeries (v. pl. K).
A Ocna, on y a substitué un couloir de dégagement horizontal de
près de 1 kilomètre, débouchant dans une vallée. Le treuil à vapeur
a remplacé partout l’antique manège à chevaux ; les machines à
couper le sel, mues par l’air comprimé débitent des blocs cubiques
réguliers de 60 kilog. L ’électricité illuminant les grandes salles étincelantes
donne un aspect fantastique à ce monde souterrain.
Le produit de l’extraction des trois salines de Yalachie est en
moyenne de 80,000 tonnes, dont la plus grande partie est consommée
en Roumanie, et dont un tiers environ est exporté au prix
de 35 à 40 francs la tonne en Bulgarie et en Serbie, et de 40 francs
en Russie. Nul doute que la production pourrait être plus considérable.
L ’exploitation du sel ne contribue en tout cas aucunement à
former une population industrielle, car l’E tat y emploie comme
ouvriers les condamnés au bagne.
1. Istrati. Le sel des salines de Roumanie.
2. Sur tout ceci, voir M ra z e c e t T e is s e y r e , op. cit.
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II I
Il en est autrement du pétrole, qui, depuis plusieurs années surtout
a contribué à éveiller dans toute une partie de la Yalachie, une véritable
fièvre chez une population jusque-là si insouciante de tout ce
qui ne touchait pas à l’agriculture.
Avant d’avoir aperçu les cheminées des sondes, entendu les sifflements
des machines et senti l’odeur caractéristique des puits d’extraction,
on peut aisément s’apercevoir qu’on est arrivé dans une région
pétrolifère. Les conditions de la vie rurale sont changées. Tout est
plus cher : guides, chevaux, provisions, logement, coûtent le triple
ou le quadruple. E t ici, il n’est point question de discuter. Le paysan
regarde l’étranger avec méfiance, et en attendant de lui vendre peut-
être son champ, ne songe qu’à lui faire tout payer le plus cher possible
; il sait qu’on ne lui refusera rien, que l’ingénieur ne regarde
pas à l’argent, tient à se faire des amis de tout le monde. Dans les
villages voisins d’exploitations régulières, on trouve une population
hétéroclite, où il y a des Juifs, des Italiens terrassiers, des ouvriers
et contremaîtres Polonais ou Allemands; même des paysans que
l’appât du gain a décidé à abandonner leur champ, les uns pour une
saison seulement, les autres pour plus longtemps 1.
La statistique des puits de pétrole montre qu’un grand nombre
appartiennent encore à des paysans qui les exploitent pour leur
propre compte. Ce sont les moins bien tenus, et les moins productifs.
Leurs propriétaires n ’ont généralement pas de registres, et l’on ne
peut savoir qu’approximativement ce qu’ils en tirent. Il en est qui
raffinent eux-mêmes le pétrole et écoulent un produit nauséabond et
dangereux dans les villages voisins, sans aucun contrôle possible.
L ’ingénieur qui se présente pour obtenir des renseignements est
regardé comme un espion, accueilli avec méfiance et obséquiosité.
La transformation brusque d’une population agricole en une population
industrielle n’est pas le fait le moins curieux qu’offre la situation
économique actuelle de la Yalachie.
La zone du pétrole est à peu près la même que la zone salifère,
c’est la région des .collines tertiaires de Munténie, spécialement à
l’E. de la Prahova. La carte des centres d’exploitations actuels,
dessine à peu près deux zones, l’une au contact des hautes Karpates
I. Statistica industriel 'minière clin tara, Serviciul minelqr, Bue., 1890.
La Société Steaua Româna a créé une école de maîtres sondeurs roumains, qui promettait de donner de bon résultat. Il n’a pas mpaoluhre ulerse upsaeymsaennst
été donné suite à cette tentative.