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le paysan roumain, respectueux des jeûnes de la religion orthodoxe,
le poisson salé représente dans toute la Yalachie plus des trois quarts
de la nourriture 1.
Depuis cinquante ans environ, la pêche, pratiquée d’une manière
barbare par des pêcheurs la plupart russes avait pris un tel développement
dans la région du delta, que de tous côtés on vit s’élever
des plaintes 2. L ’esturgeon devenait de plus en plus rare. C’est à
peine s’il remontait jusqu’aux Portes de Per. Les carpes dégénéraient.
Les prises baissaient sur le Danube même de plus de un
tiers. C’est aux mesures législatives prises en Roumanie qu’on doit
sans aucun doute la conservation et l’amélioration des pêcheries.
Actuellement, divers chenaux du Danube, entre Calara^i et B râila,
rapportent à l’E tat 94,000 francs par an. Les marais et chenaux
dépendant du domaine de Brâila donnent plus de 300,000 francs.
Le revenu des.lacs de Calaraçi, Greci, Potelu et Suhaïa ne peut être
exactement évalué, mais doit être assez considérable 3.
Les procédés employés par les pêcheurs sont désormais plus
rationnels. Dans la Balta, les gârle, en communication avec de
grands étangs, sont barrées par des claies en fortes baguettes
d’osiers, appuyées sur de gros pieux enfoncés dans la vase et formant
une sorte de boyau en cul-de-sac, à l’extrémité duquel on peut
placer une nasse ou des lignes à gros hameçons pour l’esturgeon
(v. planche H ). Ce sont les închisoare, dont la multiplication
déraisonnable dans la région du delta, avait tant contribué à dépeupler
le fleuve, arrêtant au passage les esturgeons dans leurs m igrations
à l’époque du frai. Ces barrages permettent de capturer à coup
sûr les trois quarts des gros poissons qui s’engagent dans les lagunes
au moment des crues, et cherchent quand l’eau baisse à regagner
le courant principal du fleuve. Le clayonnage doit être assez lâche
pour laisser passer le menu poisson.
Aux basses eaux d’automne, la pêche continue dans un certain
nombre de lacs latéraux, en se servant du grand filet traîné par des
équipes de trois ou quatre hommes, sur la vase molle recouverte
d’un mètre d’eau à peine. On peut prendre ainsi encore quelques
1 . A n tip a , op. cit., p . 39.
2. H e c k e l et K n e r r . Die Süsswasserfisclie der Oesterreischichen Monarchie mit
Rücksicht auf den angranzenden Lêtnder, Leipzig, 1858. — S e e le y . The fresh-water
flshes of Europa, London, 1886. — A n tip a . Studii asupra pèscarilor.
3 . A n tip a . Legea pescuitului çi resultatele ce le a dat Bue., 1899.