I
tance, entaillée de plus en plus profondément
par la rivière ; la terrasse supérieure semble
encadrer seule la vallée comme si tous les
sommets plus élevés avaient disparu. Bientôt,
elle s’effacera elle-même et l’on se trouvera
au milieu d’une plaine formée par l’épanouissement
de la terrasse diluviale (fig. 28).
Tandis que le relief se déprime et s’uniformise
ainsi, la végétation s’appauvrit, la forêt
de chênes qui couvrait les collines est de plus
en plus décimée. Souvent on traverse sur de
grandes étendues des taillis has de chêne
pédonculé. Dans les vallées par contre, on
trouve des bouquets de bois plus beaux. La
population est toujours groupée à peu près
de même. Les sources abondent sur le bord
des vallées, où les marnes inférieures du
plaisancien forment un niveau d’eau constant
1.
U n observateur attentif remarquerait cependant
quelques différences de part et d’autre
du Jiu. A l’E. de ce fleuve on retrouve un
petit nombre de grandes vallées dont les plus
importantes sont celles de l’Oltu et de l’Ama-
radia ; les dos de terrain qui les séparent
s’amincissent et se terminent par des crêtes
d’aspect relativement hardi (Dealul Soarelui,
D. Floresci, etc.). La population est plus
nombreuse (54 habitants par kilomètre carré),
le paysage plus riant et plus varié. A l’O. du
Jiu, on a un grand nombre de petits cours
d’eau tous parallèles et coulant vers TE. en
des vallées étroites, faiblement entaillées
dans un plateau très uniforme. La population
est moins dense (46 habitants par kilomètre
carré), l’aspect monotone.
i. S. Stefakescu. Etude sur les terrains tertiaires
de Roumanie.
Craïova est pour tout ce pays la grande capitale. Strehaïa, Filia^i,
Balçiu, desservies par la voie ferrée Bucarest-Yarciorova prennent
cependant de jour en jour plus d’importance, comme marchés de
bestiaux et de céréales.
IV
Il est remarquable que toutes ces villes sont situées a peu près au
contact de deux régions différentes. Craïova même n ’échappe pas à
cette loi, c’est à la fois la métropole de la région des collines et de
la région des plaines.
Beaucoup moins développée qu’en Hunténie, la terrasse diluviale
qui forme la plaine valaque est aussi moins monotone, moins nue,
moins sèphe. La densité moyenne de la population y atteint encore
58 habitants par kilomètre carré. On n’y trouve point de ces steppes
complètement inhabitées comme l’était encore le Bârâgan il y a
quelques années. Le contraste avec la zone montagneuse est pourtant
encore assez frappant pour fixer l’attention.
L’habitant des hautes collines de Gorju ou de Vâleea, transporté
brusquement sur le plateau qui s’étale entre l’Oltu et le Jiu serait
sans doute assez dépaysé. Son oeil chercherait vainement une hauteur
pour y adosser sa maison à l’abri du vent. Là, pas de vallon frais
cachant une source près de laquelle on s’établit à son gré, pas de
forêt où l’on puisse largement tailler du bois pour se bâtir un logis
et se chauffer en hiver. On peut cheminer des heures sans voir autre
chose qu’un bouquet d’acacias poudreux. Le plateau monotone n’est
entaillé que par quelques vallées sèches, des rivières même comme
le Teslui sont souvent sans eau. La population est groupée en gros
villages de plus de 800 habitants en moyenne. Les bourgs de 2,000
ou 3,000 âmes ne sont pas rares (Redea, Mârsani, Locusteni, Ama-
rasci, etc.). Les habitations isolées, les petits hameaux sont presque
inconnus. Les cultures couvrent à peu près partout le sol, merveilleusement
fertile, formé par un limon loessoïde reposant sur des
cailloutis. Les panaches du maïs et les épis dorés du froment ondulent
à perte de vue à la fin de l’été.
Plus on approche du Danube, plus s’accentuent tous ces caractères,
plus le limon devient épais, le sol sec, les arbres rares, les
habitations concentrées. De l’aspect de la steppe de transition interrompue
de bouquets de bois, tel qu’il commence à apparaître dès