le même, son costume offre aussi des particularités qui le font reconnaître
; il observe encore fidèlement des coutumes antiques qu’on ne
retrouve pas ailleurs. Jadis rivale de Bucarest, dont la fortune rapide
date de la formation de l’unité roumaine, la capitale de l’Olténie,
Craïova, semble, avec ses rues tortueuses, son dédale de maisons et
de jardins, vouloir garder jalousement sa physionomie de vieille cité
roumaine. Le Craïovain n ’oublie jamais sa ville natale, soit qu’il y
revienne s’établir, après avoir été chercher fortune en Munténie, soit
qu’il y retourne de temps en temps retrouver parents et amis.
Tous ces souvenirs, tous ces contrastes historiques, doivent être en
rapport avec des faits naturels ; et l’on peut aisément reconnaître
des différences physiques assez grandes entre l’Olténie et la Munténie.
Nous avons déjà noté l’amincissement progressif vers l’E. de la
région des collines. E n Olténie, on a remarqué qu’elle représentait
presque les deux tiers de la surface totale, tandis qu’en Munténie
elle est réduite à un tiers |. Ici, la zone des collines semble manger
la terrasse diluviale, dont il est même difficile de la distinguer; là,
au contraire, c’est la terrasse diluviale qui s’étend aux dépens de la
région des collines, dont elle est parfois séparée par un abrupt si net
qu’on croit voir les hautes Karpates heurter la plaine valaque. C’est
en Munténie que la lim ite entre la montagne et les collines est le
plus nettement marquée, grâce à la grande extension que prennent
les dépressions suhkarpatiques. A l’E. de l’Oltu, ces dépressions
perdent en importance et en continuité, l’affaissement, qui était
localisé à la limite du bassin cristallin, envahissant toute la bordure
karpatique 2 ; et, lorsqu’on arrive dans la région du Buzeu, il est
presque impossible de trouver une ligne de démarcation entre la
montagne et les collines.
Le réseau hydrographique de l’Olténie doit une certaine originalité
à ce que la tendance des rivières à dévier vers la gauche n’y est
point encore nettement accusée. C’est en Munténie, avec l’Arge^,
la Jalom ifa et le Buzeu, qu’on a les plus beaux exemples de ces
fleuves entraînés, comme par une force irrésistible, dans une direction
presque opposée à celle qu’ils suivaient en sortant de la mon1.
G. Jannescu. Studii de geografie militarâ, p. 41.
2. E. d e Martonne. Sur les mouvements du sol et la formation des vallées en
Valachie, CH. Ac. Se., 1901.
tagne; e t cette force n ’est autre chose que l’affaissement qui cause
la grande extension de la terrasse diluviale.
Le climat même de l’Olténie diffère sensiblement de celui de la
Munténie. Il suffit de jeter les yeux sur notre carte des pluies, pour
reconnaître qu’il est plus pluvieux. La moyenne des précipitations
y est supérieure de près de 150 T à celle qu’on trouve pour la Munténie
; de 200 m/m à celle qu’on calcule pour la Moldavie h Le régime
annuel offre d’ailleurs quelques différences. Si l’on calcule, pour des
stations échelonnées de l’E. à l’O., les coefficients pluviométnques
mensuels, suivant le procédé indiqué par M. Angot h on trouve que,
pour l’Olténie, c’est au printemps qu’ils sont le plus élevés, et en ete
qu’ils sont le plus bas; tandis qu’en Munténie, c’est l’hiver qui est
le plus sec et l’été le plus pluvieux.
R âila.................. j. 0,87 0,71 0,73 0,99 .1,29 1,95 1,24 ' 0,85 0,88.0,79 .0,85 D. 0,85
Bucarest .. . 0,66 0,66 0,96 1,21 1,11 -2,18 1,16 0,73 0,78 0,73 0,87 0,95
Craïova................. 0,86 0,77 0,79 1,09 1,58 1,62 0,87 0,66 0,73 1,16 0,88 0,98
Turnu Severinu. 0,89 0,77 0,91 1,15 1,35 1,28 1,01 0,76 0,71 1,20 1,12 1,01
En faisant la moyenne des quantités réelles de pluie tombées à
B ràila et Bucarest d’un côté, à Craïova et Turnu Severinu de l’autre,
on voit que T’Olténie reçoit 29 % de la quantifié annuelle de pluie
pendant le printemps, 26 en automne, et que la véritable saison sèche
s’étend plutôt sur les mois d’été (19 %)■ Au contraire, la Munténie
garde un régime nettement continental avec sécheresse d’hiver et
d’automne (19 et 20 %), pluies de printemps (25 %) et surtout d’été
(35%). . , , .
Cette sécheresse d’été, qui tend à donner au climat de 1 Olténie
une apparence plus méditerranéenne, est encore rendue plus sensible
par la concordance avec de très fortes chaleurs, débutant plus tot
et atteignant des extrêmes encore plus élevés qu’en Munténie. La
courbe des maximas moyens mensuels dépasse en juillet 30° à lu rn u
Severinu, 31° à Craïova. Dans ces deux localités, pendant les mois de
juillet et août, c’est à peine s’il s’écoule un jour ou deux où le ther-
1. Olténie, 752 mm.; Munténie (România Mare), 616 mm. ; Moldavie, 554 mm. —
Hepites, Régime pluviométrique, p. 27.
2. Angot. Régime des pluies de l’Europe occidentale, Ann. Bur. Centr. Mêtêor.,
1895 et Ann. de Gêogr., 1896. Le coefficient pluviométrique est le rapport de la
quantité de pluie tombée en un mois à celle qu’on trouverait en divisant par 365
la somme annuelle et en multipliant le résultat par le nombre de Jours du mois.
On tient ainsi compte de l’inégalité des mois.