problèmes non résolus, il semble qu’elle conviendrait à un pays
suffisamment étudié à tous les points de vue par des spécialistes.
Existe-t-il pareil pays ?
Certains auteurs sentant l’avantage de chacune des deux méthodes
les ont employées successivement, partageant leur ouvrage
en une partie générale conçue sur le plan analytique et une partie
chorographique conçue sur le plan synthétique. On arrive ainsi
à refaire deux fois le même tableau. Ce n’est pas résoudre la
question.
La difficulté est d’autant plus grande que la région envisagée
est plus complexe et que son étude soulève plus de problèmes
différents. Il est plus aisé de faire rentrer dans un cadre, quel qu’il
soit, un nombre de faits limité, qu’un grand nombre de questions
touchant les unes aux sciences physiques et naturelles, les autres
aux sciences politiques et historiques.. Certaines régions de plaine
s’accommoderont aussi bien d’une méthode que de 1 autre, si
l’auteur sait choisir celle qui convient le mieux à sa nature d’esprit
et en faire un emploi judicieux.
En prenant comme sujet d’étude la Yalachie, nous avons eu
conscience de nous attaquer, au contraire, à un des pays pour
lesquels se pose le plus nettement le problème de la méthode
d’exposition géographique. La présence de hautes montagnes y
soulève tout un monde de questions physiques spéciales ; avec le
bas Danube et ses solitudes marécageuses, avec la plaine et les
collines, se présentent d’autres problèmes physiques et économiques.
Pays neuf, en train d’entrer dans la civilisation européenne,
la Valachie est statistiquement assez bien connue pour
qu’on puisse essayer d’y appliquer les méthodes de l’anthropo-
géographie scientifique aux questions de la répartition de la
population, à l’étude de la vie agricole intense et de l’industrie
naissante ; mais d’autre part elle a encore assez gardé l’empreinte
d’un passé primitif pour qu’il soit nécessaire d en analyser 1 ethnographie
et de fixer les traits originaux de la vie du peuple, en
s’aidant du matériel rassemblé par les folkloristes...
En présence de problèmes d’ordre aussi divers, on peut se
demander si tous sont réellement des problèmes géographiques.
Nous touchons ici à une question aussi délicate que la première
et intimement liée à elle. De la manière d’y répondre découle toute
la conception de la géographie. Des maîtres éminents ont plus
d’une fois senti le besoin de s’expliquer là-dessus. S’il est un principe
qui semble se dégager de leurs doctrines, c’est bien qu’on ne
saurait poser de bornes au domaine des investigations géographiques.
Dire tel fait est géographique, tel autre ne l’est pas, nous
paraît toujours difficile, souvent dangereux. Croire encore que
les sciences peuvent être considéréés comme ayant chacune un
objet distinct, est une conception qui n’est plus en harmonie avec
les progrès de la pensée moderne. C’est par leur méthode que les
sciences se différencient. C’est par sa méthode que le géographe
doit se signaler en étudiant des faits qui peuvent intéresser aussi
le géologue, le botaniste, le zoologue, l’économiste, le statisticien,
l’ethnographe.
Si cette méthode n’est peut-être pas encore suffisamment définie,
deux de ses points les plus importants semblent déjà assez nettement
dégagés : aucun fait n’est étudié pour lui-même, comme le
fait un géologue ou un statisticien, mais comme partie d’un tout,
rouage d’une grande machine, anneau dans la chaîne des causes
et des effets qui règlent la vie d’une région; aucun fait n'est étudié
comme phénomène physique, économique ou politique, mais
comme type d’une série de formes de vie physique, économique
ou politique, dont on cherche à préciser l’extension géographique
en tâchant d’en démêler les causes.
L’application de ce double principe permet de donner une forme
géographique à l’exposé des problèmes les plus divers. Il ne résout
pas encore la question du plan général à adopter.
Selon nous, la question est de celles qui ne comportent pas de
solution précise. La même méthode ne peut être appliquée à tous
les pays. On ne trouve pas partout les mêmes problèmes ni les
mêmes difficultés. Une région de haute montagne ne saurait évidemment
être étudiée de la même façon qu’une région de plaine,
une contrée de vieille civilisation comme un pays habité par des