Le dédale de la Balta n’a que deux interruptions. À Hârsova, les
hauteurs de la Dobrodgea viennent resserrer le courant fluvial large
de 466 mètres dont la profondeur est portée à 16 mètres. De B râila
à Galaf.i, le fleuve, abandonnant à droite quelques lagunes, réunit
toutes ses eaux en un seul bras large de 409 mètres et profond
de 20 à Brâila, mais qui un peu plus bas s’étale sur une largeur de
plus de 1,000 mètres. C’est le dernier effort du Danube avant de
s’engager dans la région deltaïque, dont la description sort du cadre
de cette étude.
ÎTous en avons assez vu pour juger de la variété d’aspect de ce
fleuve qui, rajeuni par la traversée du défilé des Portes de Fer, semble
un cours d’eau nouveau dont la section supérieure s’étendrait de
Severinu à Calafat ou Bechet, dont le cours moyen irait jusqu’à
Giurgiu-Calaraçi, et dont le cours inférieur offre, de Calara^i à Galajd,
l’image de la décrépitude et de l’impuissance.
CHAPITRE XIV
Le Régime du Bas Danube et de ses affluents.
I. Le Danube avant son entrée en ValacMe.gSam. Le régime des rivières
valaques. — III. Formation du régime du Bas Danube.
I
Large de plus d’un kilomètre lorsqu’il rassemble toutes ses eaux
en un seul bras entre Brâila et Galajfi, le Danube, débitant à Tulcea
6.000 mètres cubes par seconde, est un des organismes hydrographiques
les plus imposants de la vieille Europe. Ses variations ont
quelque chose d’énorme. Celui qui, du haut d’une colline dominant
la Balta a pu contempler aux basses eaux le dédale d’îles, de lacs et
de bras fluviaux qui couvre la plaine à perte de vue, ne pourra se
défendre d’un mouvement d’étonnement et presque de frayeur, si
sa route le ramène au même observatoire, quand une grande crue a
tout confondu dans une vaste nappe d’eau, lac ou fleuve, mer ou
rivière. Le régime du bas Danube contribue pour beaucoup à faire
de sa vallée un monde à part.
Lorsqu’il pénètre en Yalachie après un parcours de plus de
3.000 kilomètres, roulant plus de 4,000 mètres cubes d’eau par seconde,
le Danube est déjà un fleuve dont le régime est formé par la
combinaison de causes complexes et lointaines. Quelle que puisse
être l’influence des conditions physiques qu’il rencontrera dans son
cours inférieur, on peut douter que la vie d’un organisme aussi puissant
en soit notablement modifiée ; en tout cas, on peut être sûr que
le régime du fleuve valaque sera toujours sous le coup des influences