son feu, 011 en voit de nouveaux apparaître à la périphérie. Les habitudes
du Roumain, qui aime à avoir sa petite maison et son jardin,
empêchent d’ailleurs la transformation de la ville. Les rues les plus
aristocratiques sont encore des voies tortueuses, bordées de jardins et
de petits hôtels, bâtis souvent avec une recherche voisine du mauvais
goût, tantôt en retrait, tantôt en avance sur l’alignement. Le long
des grands boulevards, percés depuis peu, on trouve bien de hautes
maisons qui donnent l’illusion d’une grande, ville occidentale, mais,
dès qu’on s’éloigne du centre, reparaissent les jardins, et les maisons
récemment construites redeviennent la villa coquette ou prétentieuse
entourée de son petit parc. Plus loin, on s’arrêtera, étonné, devant de
misérables cabanes qui ne dépareraient pas un câtun perdu au coeur
du Bârâgan.
F ig u r e 48. — Plan de Ploiesti, d’après la carte topographique au 1/50,000“ ;
échelle, 1/75,000“. Mêmes signes que pour la figure 47.
Toutes ces raisons expliquent suffisamment le caractère original
d’une capitale comme Bucarest. Suivant le quartier parcouru, on
peut en remporter l’impression d’une véritable ville moderne ou d’un
gros village. Le voyageur venant d’Orient s’y arrête avec plaisir, les
boulevards, la lumière électrique, les tramways, les grands hôtels, les
cafés luxueux, les librairies, où s’étalent les livres et les journaux
français, l’élégance des costumes, lui donnent la première impression
de civilisation occidentale. Pour celui qui arrive de Vienne, c’est
déjà l’Orient qui se révèle, avec le désordre des constructions, les
baraques sordides coudoyant les coquettes villas, les magasins aux
enseignes tapageuses, balançant d’énormes chapeaux ou des ombrelles
fantastiques à leur devanture, avec des silhouettes pittoresques,
comme celle du paysan conduisant son char attelé de boeufs
aux longues cornes, ou de l’Oltean, maraîcher, portant ses deux
paniers remplis de légumes au bout d’un bâton appuyé sur l’épaule...
D’après le plan exécuté par l’Institut géographique de l’Armée,
la surface de Bucarest serait actuellement d’environ 3,000 hectares,
ce qui donne à peine 100 habitants à l’hectare.
D’après des évaluations faites il y a 15 ans, la surface occupée
par les maisons était de 423 hectares, celle des places et rues 251 hectares,
celle des vergers et jardins potagers 717 hectares l.
C est sur la rive gauche de la Dâmbovifa, dans les quartiers commerçants,
qui occupent à peu près exactement l’emplacement de la
vieille ville du X V IIe siècle 2, que les maisons sont le plus serrées.
Là, plus de jardins ; tous les rez-de-chaussée sont occupés par des
magasins. Les divers genres de commerce se groupent encore à la
manière orientale. Dans telle rue sont les bacani (épiciers), presque
tous Grecs, dans telle autre les marchands de fer, à côté les changeurs,
arméniens ou juifs, plus loin les marchands de modes, allemands
ou français. Dans ces rues, souvent étroites et tortueuses, le
piéton trouve difficilement son chemin au milieu des tramways, des
voitures chargées, des fiacres luxueux traînés par deux chevaux fringants
et conduits par le birjar, drapé dans sa robe de velours.
Les édifices publics, où se concentre la vie administrative, intellectuelle
et commerciale, sont tous groupés dans un cercle de 120 hectares
environ de superficie : l’Université, sur le grand boulevard qui
traverse la ville de l’E. à l’O., sous les noms successifs de Bulevardul
1. J a n n e s ç u . Bucuresci, Extr. Enciclopedia Romàna. La surface que nous
donnons est pour Bucarest comme pour les autrés villes mentionnées plus haut
celle de l’agglomération urbaine et non de la commune. La commune de Bucarest
telle qu’elle est constituée actuellement a une surface de 55 kmq.
2 . L ic h e r d o p o l . Bucuresti. — M o n n ie r , article Bucarest, de la Gr. Encyclopédie.