de Pitesei, en Olténie, à partir de Filiaçi, on ne trouve plus jusqu’au
Danube que des murs de terre. Les quatre angles de la maison sont
seuls formés par de solides poutres fourchues qui supportent la
charpente du toit, et les parois sont constituées par un treillis de
branches enlacées autour de piquets verticaux, sur lequel on projette
avec force un mélange de terre, de paille et de bouse de vache, de
façon à le faire entrer dans les intervalles h Ce procédé existe depuis
longtemps, la députation administrative d’Olténie décrivait déjà
en 1719 avec dégoût
« mit gestreichter flech-
twerk und m it S. V.
(salva venia) koth etwasz
angeworfene hâuser2. »
Dans les endroits les
plus pauvres de la région
steppique, sur le
bord du Danube, où le
bois est complètement
inconnu, on fait des
murs entièrement en
terre battue et séchée
entre deux planches 3.
Maisons de bois et
maisons de terre, voilà
les deux types principaux
d’habitation paysanne
en Valachie. On
peut voir d’après les
esquisses ci-jointes (figure
36) que leur répartition
géographique est
nettement en rapport
avec les conditions phy-
F igu re 36. — Répartition par départements des
maisons en terre (A) et des maisons en bois
(B), d’après Crainiceanu :
1, moins de 10 maisons pour 1,000 habitants —
2, de 10 à 20 — 3, de 20 à 60 — 4, de 60
à 100 — 5, de 100 à 150 — 6, de 150 à 200 —
7, plus de 200.
1. Procédés bien décrits par Manolescü, Igiena tëranului, Bue., 1895, voir fig. 4
et, 5, pp. 22-23 {montrant des maisons en construction).
2. Antwort der Ver wal tun gsdepu ta lion, loc. cit., p. 310.
3. Communes de Sovâresci, Piatra, Suhaïa, Fôntânele, Voevodu, etc. (Dép'
Teleorman). — Ma n o l e s c ü , op. cit., p. 23.
siques 1. La prépondérance des maisons en bois est frappante en
Olténie, où la région des collines est bien plus étendue, et l’on comprend
que le Roumain y ait pris pied plus vite et plus facilement
qu’en Munténie. Si les renseignements dont on dispose permettaient
de faire les calculs par régions naturelles, on verrait sans doute se
manifester de iaçon frappante la localisation des constructions en
bois dans la région forestière et montueuse.
Qu’elle soit en bois ou en terre, la maison paysanne est d’ailleurs
presque toujours étroite et construite au mépris des lois de l’hygiène.
Les fenêtres sont larges à peine de 50 centimètres et hautes de 70;
le plus souvent bouchées avec du papier 2. Pour entrer par la porte,
il faut se baisser. A l’intérieur, deux chambres, le cellier (celar) où
l’on garde les ustensiles nécessaires aux travaux des champs avec
les provisions de bouche, et la chambre d’habitation (tinda) où se
trouvent un ou deux bancs recouverts
de couvertures qui servent de lit, une
table grossière en bois et une sorte de '
poêle prim itif (fig. 37). C’est exactement
la distribution de la stîna. En
S
hiver, tout le monde se rassemble
autour du poêle dans la tinda et l’on
Figure 37. — Pian d’une maison
peut voir cinq ou six personnes dormir
de paysan valaque. —
dans. une chambre large de trois ou
A droite, la chambre d’habitation
avec deux lits (L) et
quatre mètres au m axim um , avec les
une taille (Tj; à gauche le
chiens, les porcs , les moutons roulés
celar avec le coffre {lada, I.)
sous la table et les lits.
et le foyer (Vatra, V).
La maison de terre battue où hommes et animaux dorment pêle-
mêle dans une atmosphère puante et chargée de gaz par un mauvais
poêle, n’est pas encore ce que la Valachie peut offrir de plus malsain
et de plus primitif. La députation administrative d’Olténie,
en 1719, parle avec horreur de ces paysans qui habitent dans des
trous sous terre, comme des bêtes sauvages, « gar unter der Erde wie
das wilde Viehe. » Ces habitations. souterraines, qui avaient tant
étonné, au X V IIe siècle, le jésuite A v ril3, qu’on trouve mentionnées,
1. Les calculs ont été faits d’après les renseignements fournis par les médecins
de canton {medici de ptaçi). — Crainiceanu. Igiena fëranului roman, pp. 43-44.
Sans se faire illusion sur l’exactitude absolue de ces renseignements, on peut les
admettre comme suffisants pour des moyennes par départements.
2. Manolescü, p. 25. — Crainiceanu, pp. 64-67, etc.
3. P. A v r il . Voyage en divers états d’Europe et d’Asie, Paris, 1639, p. 2892.