Bukovine que la Tevue folkloriste de Iaçi « Sedatorea, » recueille
la plupart des matériaux qu’elle publie. Les chansons, hore, doine,
dictons et formulettes, ont été réunies surtout en Transylvanie h
Il faut ajouter que ces informations ont été rassemblées, en général,
par des collectionneurs, à qui était étrangère la préoccupation
de localiser les coutumes et les types littéraires. Il en résulte une
confusion qui rend bien difficile l’interprétation des faits.
IV
Il y a intérêt à s’attacher surtout aux usages relatifs aux grands
événements de la vie. Prenons comme exemple la noce. C’est de
beaucoup la cérémonie la plus intéressante, celle où la nature gaie
du paysan roumain se manifeste le plus. C’est d’ailleurs celle que
nous connaissons le mieux, tant par des observations personnelles,
que par une enquête faite dans différentes parties (de la Yalachie 2.
Dans tous les pays roumains, la noce est célébrée après une série
de préliminaires, dont les plus remarquables sont la demande en
mariage (impefirea), et la convocation (chiemarea). La demande
en mariage est, généralement, faite en Yalachie, non par le jeune
homme lui-même et ses parents (Caracal), mais par des amis choisis
parmi les plus riches du village (îruntaçi), et qu’on appelle pefitori
ou cautatori de casa. Les pefitori se rendent à la maison de la jeune
fille, portant la plosca pleine de vin ou de juica, sans laquelle ne
s’accomplit aucun acte important, et, après toute une série de salutations,
dont les formules sont fixées, font leur demande, en offrant
à boire aux parents, qui, s’ils refusent, doivent rem plir la plosca.
La convocation à la noce est faite aussi partout par deux ou trois
jeunes gens, tantôt seuls, tantôt accompagnés du m ari (Muscel),
et, parfois, d’un lautar (Caracal), qui parcourent le village, por1.
At. M à r in e s c u . Poesia poporalâ Colinde Pesta, 1859, Bucarest, 1861. — B a n -
c ila . Colindele Crâciunului, Sibii, 1875. — P o m p iliu . Balade populari, laçi, 1870.
— J a r n i k et Barsanu. Doine çi strigaturi cliii Ardeal, Bucarest, 1885.— B a b s e s c u .
O mie doine strigaturi çi chiuturi, Braçov, 1893, etc.
2. J’ai reçu des notices sur les usages nuptiaux de M. Popescu-Voetesci, pour
Voetesci et Petrimanu, de M. Brezulescu pour Novaci, de M. A. Eliade pour les
environs de Calafat (publié in Revista Româna, 1901, n" 38-39). Je leur adresse mes
plus vifs remerciements. En outre, j’ai recueilli des renseignements utiles dans
les dictionnaires géographiques départementaux de Brâdla, Muscel, Teleorman,
Mehedinji, Dolj, et j’ai utilisé les monographies de M a r ia n u (op. cit.) et E le n a
S evastos. Nunta la Români, Studiu etnograficu comparativ, Bucarest, 1889.
teurs d’une plosca; quiconque accepte d’en boire est considéré
comme invité. Les fiançailles (logodna), donnent lieu à des^ cérémonies
assez variables, mais sont toujours accompagnées de l’échange
de présents et d’une feuille de dot (foia de zestre).
La noce se fait généralement un dimanche, en dehors des grandes
périodes de jeûne. Le vendredi et le mercredi sont de mauvais jours.
La veille, on se réunit pour préparer le brad, le sapin orne de banderoles
de papier, couronné d’une croix attachée avec un brin de soie
rouge et d’une fleur de busuioc, qui doit jouer un rôle important dans
la noce. Le brad est confectionné tantôt chez la fiancée (Muscel),
tantôt chez le naçul, ou témoin du marié (Novaci). Mais on le voit
partout, aussi bien en Olténie qu’en Munténie.^ Ici, on le plante
devant la maison de la fiancée ou le fixe au faîte du toit (Mehe-
din(i) ; là, on le confie à un jeune homme ayant encore ses père et
mère, qui doit le porter tout le temps de la noce, et ne s’en séparera
pas même pour danser (Novaci, Yoetesei, Muscel, etc.) ; mais, toujours
nous le retrouvons comme un symbole obligé, dont la signification
échappe à ceux qui y attachent le plus d’importance.
C’est encore la veille du mariage que les jeunes filles, réunies chez
la fiancée, préparent/en Olténie (Novaci), le bouquet de la mariée
(mâlâusuî), et la cocarde fleurie du marié {peana ginerului). La
soirée se termine par une fête qu’on appelle fedeleçul, et où la
mariée entend retentir à son oreille des chants d’adieux, tantôt ironiques,
tantôt attendris, comme celui-ci :
Allons, fiancée, dis adieu — au père, à la mère, — aux freres, aux soeurs —
au jardin avec ses fleurs! - Allons, fiancée, dis adieu B a u bouquet de busuioc
— ■ jeunes gens, à la danse ! H P Feuille verte d’églantier — Mere, prends
bien soin de moi — de ce soir jusqu’à demain matin — car ensuite je vais m en
aller. — ...Adieu, mère cbérie — tu ne boiras plus de l’eau fraîche — apportée
par ma main l.
Le dimanche matin, le cortège de la noce se réunit chez le marié.
Tout le village est là, les uns à cheval, les autres en voiture. A un
signal, la cavalcade s’ébranle au milieu des cris, des coups de fusil
et de pistolet tirés en l’air, et se précipite au galop vers la maison
t. lal-i, zoghio, ziua buna — de la tatâ, de la marna — do la frafi, de la surori,
— de la gradin® eu flori — I-afi, zoghio, diua buna, — de la tir de busuioc, —
de la feciori, de la joc — ...Foie verde mârâcine, — Grijeçte me, maica, bine — dm
ia sara, pàna mène, — C’apoi më duc de la tine. — ...Diua bunâ maica mea; —
Apa rece n’ai mai bea — adiisâ de mâna mea. — On a cité bien des chants
analogues. Nous avons préféré donner celui-ci particulièrement naïf et médi
(communiqué par M. Brezulescu de Novaci).