la plus large de toutes, ou se croirait presque déjà daus la régiou des
plaines. Il est difficile de rattacher les dépressions subkarpatiques
à la zone des collines ; faut-il en faire une région à part ?
L’embarras serait le même, si. nous envisagions la partie montagneuse
du département de Mehedinti. Là, le bord des Karpates est
très nettement marqué par une traînée de massifs calcaires, reposant
sur un socle cristallin et allant de P iatra Cloçanilor à la- Sulija. Cet
abrupt domine une sorte de plateau, d’une altitude moyenne de 400
à 500 mètres, profondément raviné par les vallées de la Topolnija,
du Cosuçtea et de leurs affluents, et qui, par sa constitution géologique,
apparaît comme un fragm ent affaissé de la zone cristalline
des Karpates. C’est ce qu’on a appelé le H aut plateau de Mehedinti l.
Si l’on ne peut rattacher cette région à la haute montagne, il paraît
aussi délicat de l’incorporer à la région des collines, dont elle diffère
par sa constitution géologique, par son relief, par son climat, comme
aussi par le groupement de sa population.
I I I
E n présence de toutes ces difficultés, on se demande si la division
classique de la Yalachie en trois (ou quatre)“zones, est vraiment la
plus rationnelle. De fait, il suffit d’interroger l’histoire, ou encore
de causer avec un paysan intelligent, pour comprendre que cette
division est une division de géographe, et que le peuple juge autrement
des affinités naturelles entre les diverses provinces de son pays.
Il semble qu’il soit moins frappé des différences qu’on saisit aisément
entre le N. et le S. de la Yalachie, que des contrastes, auxquels on
doit s’attendre, entre les extrémités orientale et occidentale d’une
région qui s’étend de l’E. à l’O., sur une distance de 400 kilomètres.
La division fondamentale que l’histoire nous révèle, et dont le
peuple garde le souvenir, est celle en Olténie et Muntênie, ou Petite
et Grande Vàlackie, c’est-à-dire entre la Yalachie orientale et occidentale.
L’Oltu est la ligne de démarcation et a servi longtemps de
frontière politique, barrière naturelle, moins importante par ses eaux
troubles et peu profondes, que par son large lit d’inondation, encombré
d’aulnaies, de bancs de sable, et constamment remanié par
' 1. L. Mrazec. Sur la géologie de la partie S. du haut plateau de Mehedinp, Bull.
Soc. Sc. Bue., 1896.
des crues qui ont rendu impossible, jusqu’aux dernières années, l’établissement
d’un pont fixe h
Malgré le rem part des Karpates, c’est avec le Banat que l’Olténie
a peut-être le plus de liens naturels et historiques. C’est dans ces
deux provinces que la colonisation romaine fut le plus active, que
les ruines de cajmps, les traces de routes sont les plus nombreuses.
C’est l’Olténie qui fut le berceau du premier état roumain organisé
par les Bassaraba, et resté libre quelque temps, alors que les duchés
roumains de Transylvanie étaient soumis aux Hongrois et les pays
à l’E. de l’Oltu aux mains des Petchénègues 2. La chronique qui
attribue la fondation de la Principauté de Yalachie au légendaire
Iiadu Negru représente le ban de Craïova allant lui faire spontanément
sa soumission. Les destinées de l’Olténie et de la Munténie
n’en sont pas moins longtemps séparées. Disputée entre les Bulgares
et les Hongrois, la Yalachie voit l’influence hongroise s’implanter
d’abord en Olténie, où Béla IY confère aux chevaliers de Saint-J.ean
le Banat de Severin « totam terram de Zewrino, » 3 tandis que l’invasion
tatare se déchaîne en Munténie. Le Bassaraba Yoivode qui,
vers 1320, assure l’indépendance de la Yalachie par une victoire sur
Charles Robert, n’en perd pas moins le Banat de Severin, qui reste
définitivement sous la suzeraineté hongroise, après le traité conclu
entre Yladislas et le roi Louis de Hongrie (vers 1370) 4.
Quand l’Olténie est réunie définitivement à la Munténie, elle
garde une sorte d’indépendance : le Ban de Craïova jouissait, au
X Y II8 siècle, d’un certain nombre de privilèges ; il avait son sceau,
tenait divan à Craïova, et, lorsqu’il était de passage à Bucarest,
rendait même la justice dans sa maison 6.
. Actuellement, l’habitant de l’Olténie se considère, à juste titre,
comme différent de celui d’au delà de l’Oltu. Son dialecte n ’est pas
1. Le premier pont construit sur l’Oltu à Slatina en 1846-48 fut détruit presque
aussitôt. Deux ponts de fer construits quelques années plus tard par une compagnie.
étrangère eurent le même sort. Ce n’est que depuis 1876 qu’on a un pont
monumental à Râmnic et un pont métallique de 146 mètres à Slatina, construit
en 1888. — Ci-imu. Canalisarea rîurüor, loc. cit., pp. 84-86).
2. D. Onciu. Originele prineipatelor române Bue., 1899.
3. Diplôme du 2 juin 1247. Urkendenbueh z. Gesch. Siebenbürgens (Fontes Rerum
Austriacarum 2 Abth., t.- XV). Regesten n" 147, p. XXXVIII.
4. A qui voudrait se mettre rapidement au courant des derniers travaux sur
l’histoire de la Valachie, on peut recommander l’exposé succinct de Teodoru. La
(Roumanie, Histoire, Gr. Encyclopédie.
5. Dict. Départ. Dolju, p. 267.