plus direct vers le Danube, deux artères maîtresses, le P ru t et le
Siret, rassemblent celles qui arrosent la Moldavie ; et ce seul fait
révèle une différence fondamentale dans le relief de ces deux
régions. Rien de comparable, en Y alacbie, à la longue dépression,
parallèle au pied des Karpates, que forme la vallée du Siret. Ce
n’est que dans l’Oltenie (Yalachie occidentale) qu’on trouve une
suite de petites dépressions indépendantes les unes des autres et non
reliées par une grande vallée fluviale. La vallée du Siret est une
grande voie de communication naturelle qui facilite la circulation
en Moldavie, parallèlement à la chaîne des Karpates, tandis qu’en
Yalachie les communications sont des plus difficiles dans toute la
région des collines, dans le sens de l’axe montagneux, et tendent,
au contraire, à se faire du N. au S. Le réseau seul des voies ferrées
rend évident ce contraste : la Moldavie a deux lignes parallèles aux
Karpates, tandis que la Yalachie n’en nossède qu’une, formée elle-
même de tronçons de voies transversales raccordées sans souci du
chemin le plus direct.
L’hydrographie moldave n ’a pas la simplicité de l’hydrographie
valaque. L ’évolution du réseau fluvial semble plus avancée et les
directions les plus diverses s’y rencontrent, témoignant d’un accommodement
plus parfait au double système de pente, qui sollicite les
eaux vers le S. et vers l’E. Le réseau primitif, formé par le P ru t et
le Siret avec ses grands affluents (Bârlad, Moldova, Bistri(a) est
orienté N.-N.-O. — S.-S.-E. U n réseau secondaire vient se greffer
dessus, formé de rivières coulant de l’O. à l’E. (Bahluiu, Jigea,
Bârlad supérieur, etc.). Comme le relief d’une région de collines
dépend de la direction des vallées, on comprend que les orientations
des lignes de relief soient par suite toutes différentes en Yalachie
et en Moldavie.
L’histoire géologique expliquerait là aussi les contrastes. D’après
ce que l’on sait de la répartition des dépôts tertiaires *, la Moldavie
apparaît comme émergée et soumise à l’érosion subaérienne depuis
bien plus longtemps que la Yalachie. Le pontien manque dans tout
le N. de la Moldavie, tandis qu’il est largement développé en Yalachie,
et le lac plaisancien s’étendait encore d’Orsova à Bucarest,
alors que toute la Moldavie était complètement exondée dès le début
du pliocène.
1. S abba St e f a n e s c u . Etude sur les terrains tertiaires de Roumanie. Lille, 1897,
carte 1/1,000,000".
On le voit, l’examen du réseau hydrographique révèle déjà plus
d’un caractère qui différencie la Yalachie aussi bien de la Moldavie
que de la Bulgarie. Si l’on envisage de plus près l’allure du relief,
on pourra aisément mettre en lumière de nouveaux contrastes.
I I I
Ce qui paraît être le trait le plus important du relief en Yalachie,
c’est la grande extension des plaines, particulièrement dans la région
orientale. On a pu déjà le constater à l’aide des profils menés du N.
au S. (fig. 2) et de l’E. à l’O. (fig. 4).
Des mesures effectuées sur une carte hypsométrique montrent que
65 % de la surface de la Yalachie se trouve au-dessous de 200 mètres,
et 44 % au-dessous de 100 mètres. Malgré les sommets neigeux des
Karpates, qui dépassent 2,500 mètres (Paringu, 2,529m; Negoiu,
2,541m), l’altitude moyenne de cette province n ’atteint pas
500 mètres (487m).
Yoici d’ailleurs l’étendue occupée par les surfaces comprises entre
les principales courbes hypsométriques jusqu’à 2,000 mètres 1 :
Au-dessous de 50 mètres............. .... 20010,1 kmq. 25,5 %
De 50 à 100 mètres.............. .... 14097,4 m I 18,2 %
100 à 200 — .............. .... 17009,8 — 21,7 °/°
200 à 300 — .............. .... 8072,5 — 10,3 %
OO 500 — .............. .... 6069,6 — 7,8 %
✓CÖ
500 à 700 — .............. .... 4605,4 — 5,9 %
oo
p/
1,000 — .............. .... 4935,9 — 6,3 %
1,000 à 1,500 — .............. IH 1823,2 S 2,2 %
1,500 à 2,000 — .............. 807,0 W Ê 1,2 %
Au-dessus ide 2,000 mètres......... 135,9 —, 0,2 %
Ces chiffres peuvent servir à établir la courbe hypsographique de
la Yalachie, suivant la formule de Penck 2. La grande extension des
faibles altitudes ressort au premier coup d’oeil de l’examen de cette
figure (fig. 5).
1. Disons une fois pour toutes que pour tous les calculs planimétriques, nous
avons uniformément considéré la Valachie comme formée par l’ensemble des
départements roumains de : MehedinU, Gorj, Vâlcea, Argeç, Muscel, Dâmbovita,
Prahova, Buzeu, Rämnicu-Särat, Bräila, Jalomifa, Ilfov, Vlaçca, Teleorman, Oltu,
Romanafi et Dolj.
2. Penck. Morphologie der Erdoberfläche, I, p. 43-45,