Un. animal moins mystérieux, mais qu’il est cependant rare de
rencontrer, est le porc sauvage, qui vit en troupes dans la forêt, et,
après le départ des bergers, s’abat aux alentours des Stane, remuant
la terre avec tant de furie qu’on croirait voir parfois un cbamp
labouré. C’est aussi dans la forêt qu’habitent les loups qui, l’hiver,
descendent vers la plaine par bandes, et, l’été, viennent rôder autour
des bergeries, jusque dans les cirques les plus élevés. On en a moins
peur que de l’ours, hôte des cavernes, qui devient de plus en plus
rare, mais qui, dans les massifs élevés, est encore un fléau pour les
Stâne. Lorsqu’on campe dans un cirque, un grand feu allumé la nuit,
des coups de pistolet, tirés avant de se coucher, sont des précautions
utiles. La bête n’est pas, d’ailleurs, en général, aggressive pour
l’homme, sauf lorsqu’elle tient une proie.
Le monde des oiseaux est nombreux et varié en montagne. Les
chasseurs recherchent la gelinotte, qui vit avec le coq de bruyère
dans les bois de sapins, et le coq de montagne (Tétras urogallus),
dont le vol lourd s’élève parfais à l’improviste d’une touffe d’arbres
rabougris, à la limite de la forêt. Les grands carnassiers sont ici
dans leur domaine. Nombreuses sont les espèces d’aigles et de vautours.
On trouve à la fois l’aigle impérial (Aquila imperialis) et
l’aigle penné (Aq. pennata), le vautour fauve (Vultur fulvus) et le
vautour ermite (F. monachus) 1.
Ces indications et d’autres semblables, qu’il serait facile de m ultiplier,
suffisent pour donner une idée de la physionomie du monde
animal ; elles ne peuvent satisfaire celui qui voudrait savoir quelle
peut être son originalité dans les Karpates valaques.
L’étude du climat, de la flore et surtout de la faune, réserve sans
doute encore plus d’une surprise. Ce qu’on en sait permet cependant
de présenter un tableau d’ensemble de ce monde plus sauvage, malgré
son altitude relativement peu élevée, que la plus grande partie des
Alpes. Malgré sa sauvagerie, il n’est pas aussi abandonné par l’homme
qu’on pourrait le croire. Il est certaines vallées où la population est
aussi dense que dans la plaine la plus fertile ; sur les sommets couverts
d’herbe, les clochettes des moutons résonnent, et le toit des
stîne fume pendant plusieurs mois à la limite de la forêt.
Comment l’homme a-t-il su s’adapter aux exigences d’une nature
farouche et capricieuse, c’est ce que nous devons maintenant examiner.
1. Collection du Musée zoologique de Bucarest.
E. d e M a r to n n e . — La Valachie. Planche D’
Relief caractéristique des grès du flysch. Cônes de déjection et terrasses.
VIII’. — La vallée de l’OItu dans le bassin de Brezoiu-Tilesli.
Mode de dispersion des habitations dans la région montagneuse.