ber gis te épicier, et l’échoppe du tzigane cordonnier ou forgeron, pour
reconnaître quelle est la situation véritable de la Valachie. C’est celle
d’un pays qui tend à passer du régime de l’industrie locale à celui
de la grande industrie.
Il n ’est pas de contrée, si primitive soit-elle, où l’industrie soit
inconnue, mais elle y prend des formes spéciales en rapport avec les
besoins plus modestes des habitants et avec la circulation plus difficile
des produits. Limitée aux métiers manuels qui procurent les
objets d’usage courant, elle est généralement domestique; corporative
ou même spéciale à une caste semi-nomade. Telle était l’industrie
en Valachie, il y a quelques années, et telle on la trouve encore
presque partout en dehors des centres urbains.
L ’industrie domestique est pratiquée surtout par les femmes. Ce
sont elles qui confectionnent la plupart des pièces de leur costume.
C’est à la maison qu’est tissée et cousue la chemise en toile de coton
ou de lin ; les chemises de cérémonie aux larges manches et au
col brodé sont confectionnées avec amour'pendant les longues veillées,
par les jeunes filles et surtout par les fiancées. La marama, le fichu
brodé dont la paysanne s’enveloppe la tête est aussi un produit d.e
l’industrie domestique, de même que le jupon de laine (fusta), et le
tablier noir à bandes rouges (iota, opreg) qui en tient lieu dans les
régions montueuses A
Les pièces du costume qui ne sont pas fabriquées.à la maison sont
achetées chez des paysans qui habitent le village ou bien au bourg le
plus voisin où se tient tous les h uit jours un marché. Il n’est guère
de commune qui n’ait son cojocar, fabricant de cojocs, de gilets en
peau de mouton (pieptar) et de caciule. Il n’est pas besoin d’être grand
clerc pour tailler la feuille de cuir qui, recourbée et munie de lacets,
forme Yopinca chaussure ordinaire du campagnard. Dans les bourgs,
les marchands de cojoc, de caciula, de mintean sont généralement
des paysans qui fabriquent ou font fabriquer sous leurs yeux à peu
près tout. A Novaci, l’aubergiste qui est le grand personnage de cette
petite sous-préfecture, utilise la force motrice du Grilortu pour actionner
des métiers à tisser.
1. Manolescu. Igiena tëranului, pp. 196, 228-230.
E. de M a e t o n n e . — La Valachie. Planche K.
XXI. — Ancienne exploitation du sel à Slânic. .
Puits de 130 mètres de profondeur. Plis des couches de sel. Stalactites le long des parois.