de pluviosité se trouvait déjà à l’époque glaciaire dans les monts
de la Cerna, dont l’escarpement tourné à l’E. est heurté directement
par les vents pluvieux h On constate d’ailleurs partout que, toutes
choses égales d’aileurs, les cirques sont plus beaux et les traces
glaciaires descendent plus bas sur les pentes tournées à l’E. et surtout
au S.-E.
La forme des crêtes est dans les Karpates, en liaison intime avec
l’extension des anciens glaciers, c’est-à-dire des cirques. Là où les
cirques manquent ou sont peu développés, les cimes sont de vastes
plateaux mamelonnés couverts d’herbe, souvent tourbeux, où l’on
peut errer des heures, sans rien voir, sans arriver à reconnaître son
chemin, jusqu’à ce que, brusquement, on se trouve au bord d’un
précipice. Pour connaître cet aspect dans toute sa tristesse, qui va
parfois jusqu’à l’angoisse, lorsqu’un brouillard épais limite encore
Ia vue, il faut avoir parcouru les tourbières de Càrbunele dans le
Paringu, les pâturages de Piscu Negru et de Coastele dans les Foga-
rash, ou du Caraïman dans le Bucegiu.
Si, pour des raisons de structure orographique et d’exposition, un
des versants de la montagne s’est trouvé plus riche en glaciers que
l’autre, on aura, comme dans le Paringu, un massif à profil dissymétrique,
et qui, suivant qu’on l’abordera par le N. ou par le S.,
aura l’aspect d’une véritable chaîne alpine, ou d’une montagne de
type vosgien aux contours arrondis. Si, au contraire, les glaciers
ont été également développés sur les deux versants comme dans les
monts de Pogarash, les cirques entamant le bloc montagneux des
deux côtés, n’auront laissé debout qu’une crête déchiquetée, également
escarpée sur ses deux flancs et qui, de quelque côté qu’on la
regardera, rappellera les Alpes ou les Pyrénées.
Soulevée du sein des mers et portée à des altitudes bien supérieures
à celles qu’elle atteint actuellement, par des poussées orogéniques
de date et de direction différentes, la chaîne karpatique
valaque doit son individualité aux phénomènes de surrection en
t . E . d e M a rto n n e . Remarques sur le climat de la période glaciaire dans les
Karpates méridionales, Bull. Soc. Géol. de Fr., 1902.
masse et de tassement qui l’ont laissée dominant comme une muraille
en arc de cercle, la basse Valaehie ; la sculpture délicate de
ses vallées, de ses crêtes, de ses plateaux, de ses cols, est l’oeuvre
d’une érosion séculaire dont la principale période d’activité se place
à la limite des temps tertiaires et quaternaires, et qui semble actuellement
reprendre une nouvelle vigueur ; mais les formes caractéristiques
de ses sommets, tantôt massifs et monotones comme'les
ballons vosgiens, tantôt déchiquetés et hardis comme les pics alpins,
sont dues aux changements de climat, qui, à une époque relativement
récente, ont fait s’étaler sur ses cimes un manteau de glaces
et de neiges éternelles.