pler la Yalachie et la Transylvanie. De très anciennes traditions
nous représentent le duché d’Olténie comme fondé par un Bassa-
rabha originaire de la Mesie, qui établit sa capitale a fu i nu Seve-
rinu, puis à Stréhaïa, puis à Craïova h II y a là une indication très
juste de la marche suivie par l’immigration. L’Olténie plus mon-
tueuse que la Munténie, où les plaines représentent les deux tiers de
la surface totale, plus méridionale d’aspect et de climat, devait être
la première atteinte par ce courant venu du S. C est la d après les
recherches de Onciu et Haçdeu, que s’est formé le premier état roumain,
alors que les anciens knésats de Transylvanie étaient soumis
aux Hongrois et que la Munténie était la Coumanie, région probablement
très peu peuplée et entièrement aux mains des barbares.
Sans vouloir préciser davantage une question obscure, contentons-
nous d’en avoir indiqué le côté proprement géographique. Il résulte
évidemment de ce que nous pouvons savoir, que la race roumaine est
comme les autres races européennes, issue du mélangé d éléments
assez divers.
Que reste-t-il du vieux fond Dace, antérieur à la colonisation
romaine F C’est ce qu’il est à peu près impossible de dire. Qui étaient
les Daces eux-mêmes F Les recherches minutieuses de Tocilescu et
Tomaschek 2 ont établi leur parenté avec les Thraces, et leur identité
avec les Gètes, dégagé quelques racines et suffixes dont les derniers
vestiges ont d’ailleurs à peu près disparu dans la toponymie 3 et qui
les rattachent au rameau indo-européen. Il est curieux de constater
que les témoignages des auteurs anciens nous les dépeignent déjà
comme un peuple de pâtres souvent nomades. On a attribue aux
Daces un certain nombre de monnaies préromaines, ainsi que des
poteries à décoration tantôt géométrique, tantôt animale dont on a
1. C o gX ln icean u . Histoire de la Valachie, de la Moldavie et des Valaques trans-
danubiens, Berlin, 1837, 2* é d . 1834, p. 14. — Tunusli. 1?toci« t í ? Bla/t'«?. Vienne,
1806, citant un manuscrit ancien disparu : Chronologie a (arei românesti. — Ci.
O n ciu . Origínele prineipatelor, pp. 113-114.
2. T o c ile s c u . Dacia înainte de Români, véritable encyclopédie de toute la préhistoire
dace. — T om asch ek . Die alten Thraker eine ethnologische Untersuchung,
Sitzber. Ak. d. Wiss. Wien, 1" partie : Uebersicht der Stämme, t. CXXVIII, f. 4,
t. CXXX, f. 2.
3. Le suffixe dava notamment (sens de habitation) se retrouve dans une trentaine
de noms de lieux à peu près tous disparus.
trouvé un grand nombre à Yodastra h On leur fait jouer un rôle
aussi dans l’édification de ces mystérieuses buttes de forme elliptique
(movile), qui sèment toute la plaine valaque, et dont quelques-unes
ont certainement été des sépultures de chefs 2.
Tout ce qu’on peut dégager de ce passe lointain est insuffisant
pour nous permettre de dire si les Daces étaient plus proches des
Germains, des Slaves ou des Geltes. C’est du mélangé de cet element
mal défini avec des colons originaires, comme nous l’apprennent les
inscriptions de pays gréco-romains (Dalmatie, Illyrie, Asie Mineure,
Mésie) 3, qu’est sortie la race des Pwfiâvoi, premier fond de là race
roumaine actuelle. Les déplacements de ce peuple, en grande partie
retiré au S. du Danube, pour revenir ensuite en Olténie et Munténie,
et le contact avec les peuples les plus divers : Slaves, Bulgares,
Maghiars, Coumans, Tartars ont évidemment altere fortement ce
mélange.
Le sang slave, on tend à le reconnaître de plus en plus 4, coule
largement dans les veines du Roumain. Il a été apporté par les
premiers envahisseurs slaves qui apparaissent sur le Danube au
V8 siècle, suivant de près les Goths et les Petchénègues qui n’avaient
fait que passer. L ’influence slave a été fortifiée par les liens étroits
qui unissent pendant une partie du Moyen-Age la Bulgarie et la
Yalachie. Elle éclate partout, dans la langue où les racines slaves
sont nombreuses, surtout dans les termes appliqués à l’agriculture
et au monde physique, dans la toponymie qui est pour les deux tiers
slave, dans les coutumes et les croyances populaires 5, dans la religion,
qui a gardé longtemps comme langue officielle le slavon. On la
E | . Voir O d o b e scu . Scriere literare çi istorice, 3 vol., B u e., 1887. — S u tz u . Tesaurul
(le la Turnu Mägurele, Revista D. Tocilescu, I. pp. 1-16. — T o c ile s c u . Dacia înainte
de Români, pp. 852-869. — B o llia c . Trompeta Carpatilor, n" 1137, cité par Toci-
LÉseu, p. 869.
2. T o c ile s c u . Dacia înainte de Români, pp. 900 et sqq. Une enquête a été faite
: sur. ces tumuli appelés par le peuple mScjure ou movile, d’après un questionnaire
rédigé par O d o b esc u et distribué aux instituteurs. Les résultats en ont été en partie
publiés (Mon. Off., 1881).
3. Voir Ju n g . Römer und Romanen in Donauländern.
4. Voir surtout D tsesco. Origines du Droit roumain, tr. fr., Paris, 1899. « De
cette époque (V’ s.) date chez nous la toponymie, quelques usages et de nombreux
mots slaves. »
5 . D’après D isesco , saint Elie, le Dieu tonnerre, les démons, les loups-garous,
les cantiques de Noël, les légendes relatives à l’enfer et au paradis, la légende de
maître Manole seraient d’origine slave.