on comptait 1° au-dessus de 0. A Malte, on avait 11° de chaleur, et,
sur la mer Ionienne, le baromètre tombait au-dessous de 755 / .
Dans la journée, le vent du N.-E. commence à se lever, à Bucarest,
avec une vitesse de 14 mètres ; le lendemain matin, il soufflait en
tempête (25 mètres par seconde). Le thermomètre était déjà descendu
de 7° au-dessous de 0; le surlendemain, il atteignait 12 .
L a neige, balayée par le vent, s’amoncelait sur les routes et sur les
voies ferrées. Pendant trois jours, toute communication fut interrompue
entre Bucarest et Chitila.
E n été, le type de temps qui amène le Crivej; n’est pas rare. La
direction du vent varie suivant la position du cyclone méditerranéen,
qui se déplace vers l’E. Quand la dépression se forme autour
de Malte, on a des vents d’E.-N.-E., qui arrivent de la mer Noire
chargés d’humidité et, se heurtant aux Karpates, amènent souvent
des pluies abondantes. L a grande majorité des pluies de printemps
et quelques-unes des pluies d’ete, qui amènent en juillet et même en
août des inondations, sont dues à ces circonstances.
L’Austru résulte d’une distribution des pressions barométriques
complètement différente. Les cyclones qui se forment sur le bassin
occidental de la Méditerranée ont deux routes à prendre : ou bien
ils se déplacent vers le S.-E. et viennent relayer la dépression de la
mer Ionienne et de la mer Egée ; ou bien ils remontent par 1 Italie
centrale, l’Adriatique, la Hongrie, pour venir se perdre au-dessus de
la mer Noire. Cette dernière trajectoire n’est possible que dans le
cas où les hautes pressions ont abandonné l’Europe orientale; elle
est particulièrement fréquente lorsque l’anticyclone océanique s étale
sur les Iles Britanniques et l’Europe N.-O. Le type de temps qui est
alors réalisé est bien connu, et l’on a su depuis longtemps déjà en
dégager les conséquences pour l’Europe occidentale x, mais ce n est
que tout récemment qu’on a pu montrer son importance pour la
Yalachie et le N. de la péninsule balkanique. C’est le régime qui
détermine l’Austru.
Jamais ce vent n’est plus violent que quand les dépressions
séjournent au-dessus de la mer Noire, après avoir traversé la Hongrie
et la Moldavie. On en a eu un bel exemple le 19 mars 1893 (v. fig. 9).
1 T eisse r e n c d e B o r t. Etude sur l’hiver de 1879-80, Ann. Bur. Centr. Météor. de
France (1881) 1883, IV, pp. 47-62, et Sur la position des grands centres d’action de
l’atmosphère, ibid. (1883), 1885, IV, B, pp. 31-56. - Van B eb b er. Die Wettervor-
üersage, 1891.
Sur toute l’Europe N.-O. régnaient
des pressions élevées.
L ’isobare 770 passait par Shields
et Saint-Grothard. A Bucarest, le
baromètre descendait à 755 m/m ;
sur la mer Noire et la Russie
méridionale, il était au-dessous
de 750 m/m. Le vent soufflait de
l’0., sur toute la Hongrie et la
Yalachie.
L ’Austru le plus violent a été
observé en décembre 1897. Une
dépression qui traversait la veille
laTransylvanie (Hermannstadt,
744 m/m) s’avance, le 29, sur la
Pologne et détermine un vent
du S.-O. dont la vitesse atteint 26 mètres. E n août 1897, une dépression
F igure 9. — Typé de temps caractéristique
de VAustru (19 mars 1893), d’après
le Telegraphischer Wetterbericht 'de.
Vienne.
qui traversait la Hongrie le 18, se porte sur le N. de la Moldavie,
le vent fait tomber l’humidité relative à 30 %.
On le voit, analyser les causes du Crivef et de l’Austru, c’est toucher
aux principes mêmes qui règlent le climat de la Yalachie. Sans le
Crivef, la Yalachie ne serait pas le pays extrême que nous avons
décrit; sans lui elle n’aurait pas les pluies de printemps et d’été;
sans YAustru, elle n ’aurait pas cette apparence à demi-méditerranéenne,
ces étés secs et brûlants. Le vent le plus chaud n’est pas
cependant l’Austru, c’est le vent d’E.-S.-E., qui souffle surtout d’avril
à octobre (9 %). C’est le compagnon de l’A ustru; il le précède ou le
suit. Plus fréquent, il donnerait aux plaines valaques une teinte plus
méridionale.
Tel qu’il est, le climat de la Yalachie place cette région sous l’influence
des conditions qui prévalent dans l’Europe continentale, en
dehors du monde méditerranéen, mais en somme assez près de sa
limite pour en subir un peu l’influence. Yoyons comment la flore et
la faune reflètent ces caractères.
IY
Pour le voyageur qui parcourt les collines de la Yalachie, l’aspect
de la végétation n’a rien qui rappelle le monde méditerranéen. De
grands bois de chênes couvrent les dos de terrain, séparant les vallées