hydrographique qui veut se conserver et se développer. Supprimez
le Danube, toute la basse Yalachie ne serait' qu’une steppe où la
plupart des rivières viendraient se perdre, comme le font, sur la
terrasse diluviale du Buzeu, les ruisseaux descendus de la montagne,
qui n ’ont pas assez de vigueur pour atteindre le Buzeu ou la Jalo-
mij;a.
Au point de vue économique, comme au point de vue physique, le
Danube est, pour la Yalachie, comme une voie de drainage. Aucune
route n ’a pour elle une pareille importance ; la circulation des produits
étrangers et indigènes y dépasse celle des voies ferrées les plus
actives. C’est sur les ports danubiens que s’embarquent les céréales
exportées en masse par la Roumanie aux années de bonnes récoltes ;
et la présence de cette grande voie naturelle longitudinale n ’est pas,
sans doute, pour peu de chose dans le développement des communications
en Yalachie dans un sens transversal. Le peuplement des
plaines steppiques du Baragan et du Buzeu et leur essor agricole
sont des faits tout récents et provoqués en grande partie par le redoublement
d’activité commerciale sur le Danube, l’aménagement de
ports tels que Galati, Brâila, Calaraçd. L ’influence du Danube est
donc assez sensible dans tous les faits de la vie physique et économique
de la Yalachie, pour qu’on ne puisse l’en séparer.
E n faisant de sa vallée une région spéciale, en donnant également
une place à part aux hautes Karpates, enfin en adoptant, pour le
reste, la division historique en Olténie et Munténie, il semble qu’on
tienne suffisamment compte des phénomènes géographiques les plus
importants et des affinités naturelles, que présentent entre elles, les
différentes parties de la Yalachie.
CHAPITRE IV
L’Arc Karpatique. — Le Relief et la Tectonique.
I. Caractéristique du relief des Karpates valaques. — II. Les orientations
principales, leur rapport avec la tectonique. — III. Histoire de la chaîne,
date des dislocations et périodes de soulèvement, - r Conclusion. Importance
des dislocations récentes. Les tremblements de terre.
Le bourrelet montagneux qui sépare la Yalachie de la Transylvanie
fait partie d’un ensemble de chaînes élevées décrivant autour
du bassin pannonique un arc de cercle ouvert vers l’O., et auquel
on donne depuis longtemps le nom de Karpates. Leur caractère de
chaîne de plissement récent, leurs rapports avec les Alpes d’une
part, avec les Balkans de l’autre, sont des faits devenus en quelque
sorte classiques. La continuité des Karpates et des Balkans est une
des plus parfaites qu’on puisse imaginer. L ’Apennin n est pas mieux
soudé aux Alpes, le R if ne prolonge pas mieux la Cordillière bétique
au delà du fossé étroit de Gibraltar. Tout le long du défilé des
Portes de Fer, on retrouve, de part et d’autre du Danube, les mêmes
formations ; on peut suivre les mêmes bancs calcaires, les mêmes
nappes porphyriques, traversant le fleuve et y semant des écueils 1.
Pourtant, le raccordement des deux chaînes est loin d’être aussi
facile à expliquer qu’il est aisé à constater. On peut même dire que
c’est là, pour les Karpates valaques, le problème capital, d’où dépend,
semble-t-il, toute l’explication de leur structure, et sur lequel les
géologues les plus pénétrants paraissent avoir concentré tous leurs
efforts. Comment, de la direction N.-S. (Moldavie), la chaîne karpatique
arrive à passer à la direction E.-O. (Valachie), puis de nouveau
au N.-S. (Banat), pour aller enfin se raccorder avec les Balkans,
1. P eter s. Die Donau, pp. 318 et sqq. — T oula. Durchbruch der Donau, Ver. {.
Verbr. Naturwlss. Kentnisse. Wien, 1895.