produites par les pluies d’été en Hongrie, que l’influence des rivières
vainques est le plus sensible. Les crues de l’Oltu et du Jiu, qui se
produisent généralement en même temps, déversent une masse d’eau
assez considérable, qui fait monter le Danube de un hydrograde sur
toute l’étendue de Bechet à Zimnieea. En juin 1901, on a vu cette
vague se déplacer assez rapidement pour atteindre Hârsova en trois
jours, et là se rencontrer avec une crue de la Jalomija, qui relève
le niveau de deux hydrogrades jusqu’à Bràila.
Il y a loin, de pareilles variations de niveau aux énormes poussées
que provoquent sur le haut Danube les affluents alpins, ou en
Hongrie des rivières comme la Theiss, qui sont capables de doubler
ou tripler le volume du grand fleuve. L’influence, très réelle cependant,
des rivières valaques est en quelque sorte négative ; leur débit
infime en hiver et automne laisse le Danube exposé à l’action du
climat steppique. Les deux minima qu’on observe à Orsova (minimum
d’automne et minimum d’hiver), ne font que s’accentuer davantage
jusqu’à Giurgiu (fig, 35) 1. Le minimum d’automne tend à devenir
de plus en plus précoce, comme chez les rivières valaques, et particulièrement
chez les rivières d’Olténie. Le minimum d’hiver perd
en importance, bien qu’il soit le plus bas
pour les rivières valaques ; c’est que là
masse d’eau du grand fleuve, répandue sur
une vaste surface d’inondation est plus
sensible à l’évaporation au moment des
dernières chaleurs d’été et d’automne,
époque où justement ses affluents commencent
à baisser. A Brrila, la transformation
est complète. Le minimum d’hiver
a disparu, le minimum d’août s’est creusé
encore davantage, témoignant des pertes
que subit le Danube dans la Balta, et de
l’impuissance des rivières steppiques de
Munténie à le soutenir.
Mais si la date et la valeur des minima
sont dus aux rivières valaques, le grand
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F ig u re 35. Régime du bas Danube
1. J. V. M. A. M. J. J*. A‘. s. O. N, n. Orsova.. 2,089i 2,248 3,112 3,694 3,822 3,417 2,856 2,356 2,047 1,850 2,347 2,481 Corabia. 2,46 2,50 3,37 4,80 4,54 4,03 3,30 2,38 1,98 1,96 2,58 2,40 3,03 Giurgiu.. 2,42 2,71 3,23 4,63 4,49 4,06 3,14 2,19 1,68 1,64 2,28 2,13 2,88 Brâila... 2,25 2,54 2,94 3,67 4,02 3,98 3 34 2,37 1,65 1,49 1,93 2,07 2,69
maximum du printemps est incontestablement d’origine étrangère
à la Yalachie. Ce sont les crues alpines et hongroises qui apportent
ces énormes masses d’eau dont on peut suivre le flot traversant toute
l’Europe. Le retard du maximum d’Orsova à Brâila marque la vitesse
moyenne de propagation de l’ondè qui met plus d’un mois à parcourir
ces 800 kilomètres.
Lorsqu’une crue est annoncée à Bazias, on voit d’abord le niveau
des eaux s’élever rapidement à l’entrée des Portes de Eer. Les inondations
commencent à Orsova avant que le flot principal ait débouché
à Turnu Severinu. Dans toute la section de Severinu à Calafat, où
la pente du thalweg est encore sensible et le lit majeur peu large,
la vitesse de propagation est très grande. On voit en un jour ou deux,
le flot gagner Calafat et Bistreju. A partir de là les conditions
changent. Les premières hautes eaux de mars s’écoulent encore assez
vite, remplissant le chenal principal où le niveau se trouvait très
bas ; il leur suffit souvent de cinq à six jours pour atteindre Gura
Jalomitei. Mais quand un second et un troisième flots arrivent, les
eaux commencent à se déverser par les bras latéraux, envahissant
les lacs presque desséchés comme la B alta Potelu, le Lacu Grecilor,
le Lacu Calaraçilor. De là, elles reviendront par les gîrle, dès que le
niveau baissera, déversant lentement une masse d’eau qui soutient
le débit du fleuve, en attendant l’arrivée d’une nouvelle onde. La
vitesse de propagation de la crue n’est nullement en rapport avec la
vitesse du courant fluvial principal, mais avec celle des eaux dans
le lit d’inondation 1.
A partir de Calaraçd, le lit d’inondation, c’est toute la Balta. Avant
que les premières hautes eaux aient envahi tout le réseau de canaux
étroits et de bras morts, rempli tous les lacs et marécages peuplés de
roseaux, il peut bien s’écouler cinq à six jours. Alors seulement, si
la poussée continue, on voit les îles et les prairies envahies, le flot
jaune et sale d’où émergent seules les cimes des grands saules s’étale
des hauteurs de la Dobrodgea à la rive valaque et s’écoule lentement,
agité de remous incessants, vers la mer. On ne doit donc pas s’étonner
de voir une crue qui apparaît le 1er à Calafat, atteint
Bechet le 2, et Turnu Màgurele le 3, n ’apparaître que le 10 à Cala-
rasi et le 16 à Hârsova (avril 1901). L’écoulement est plus lent encore
que la montée des eaux. Le flot met dix jours à s’écouler à Calaraçi,
près de quinze à Gura Jalomijei.
1. Loi déjà indiquée par P enck (Die Donau, ¡oc. cit.).