retrouve à l’origine du droit roumain, dont le nom même est slave,
qu’il s’agisse de la coutume terrienne Obiceiul pâmântului, ou de la
loi civile Pravila l.
En présence de tous ces témoignages, on se demande si le vieux
Sulzer n ’avait pas raison lorsqu’il disait des Yalaques : « Sie sind
weder blosse Slaven, noch reine Römer, sondern ein Gemisch von
beiden Yölkern von welchen aber der Römische vorschlägt und den
Vorzug h a t2. »
Le sang slave n’est pas seul à se mêler à celui des anciens Daces et
des colons gréco-romains. Les Bulgares, dont l’origine en partie
turque est généralement admise, les Coumans, qui possédèrent longtemps
à peu près seuls toute la basse Munténie, les Maghiars, qui ont
mis la main de bonne heure sur les knésats roumains de Transylvanie
et les Tatars, dont le souvenir est reste vivant dans les légendes
populaires, sont des représentants de la race tartaro-finnoise, qui ont
été en rapports trop intimes avec les populations roumaines pour ne
pas avoir laissé de traces. Les types de faible stature, aux pommettes
saillantes, qu’on trouve jusque dans la montagne, en sont la preuve3.
Haçdeu et Saineanu ont montré l’importance des racines turques
dans la langue roumaine et dans la toponymie valaque.
La race qui résulte du mélange de tant d’éléments divers a conservé
malgré tout, de son origine première daeo-romane, un caractère latin
incontestable, qui prouve une étonnante vitalité de l’élément primitif.
Elle y a réussi surtout grâce au contingent toujours renouvelé
de sang relativement pur qu’apportaient les pâtres nomades, inaccessibles
dans leurs montagnes aux influences étrangères. Le Roumain
valaque a son caractère original, plus Bulgare que le Transylvain,
moins slave que le Moldave, moins grec que le Macédonien,
c’est en tout cas le plus actif, le plus avancé par la civilisation et
les idées.
1. Voir Pic. Die Rumänischen Gesetze in ihrem Nexus mit dem Byzantinischen
und Slavischen Recht., Prag, 1886, tr. fr., Buc., 1887. — D isesco. Origines du Droit
roumain. Les idées sur l’origine sud-slavique du Droit roumain ont été confirmées
par l’analyse serrée de I. N â d e j d e . Din dreptul vechiu roman, Buc., 1898.
2. S ulzer. Geschichte des Transalpinischen Daciens, I" Th., vol. II, p. 53.
3. Il est curieux de constater que le Tatar ou Jude, personnage légendaire, sorte
de géant ou de monstre habitant les cavernes est connu surtout dans les montagnes
(voir Réponses au questionnaire de Odobescu, manuscr. publié par S trausz. Die Bulgaren Ethnographische Studien, Leipzig, 1898, pp. 235 et sqq.). Dans la
région du Buzeu on attribue à des Tatars la fondation de plusieurs communes.
C’est une nouvelle preuve que la population était retirée dans la montagne.
CHAPITRE XVII
La Vie rurale en Valachie. — Le Village.
I. Mode de groupement des habitations : Catm, Sat, Tîrle. - II. La maison
roumaine. Maisons de bois, de terre, bordei, hula. - III. La vie du village.
I
. C’est I la campagne qu’on doit étudier en Yalachie la race roumaine.
Le voyageur qui passe en chemin de fer sasts s’arrêter ailleurs
que dans les villes sera tout juste frappé par deux ou trois traits
originaux de la civilisation. Il faut errer de village en village et
vivre la vie du paysan, pour saisir ce qu’il peut y avoir de particulier
dans la manière d’être du peuple roumain. Là se sont encore
conservés les plus anciennes coutumes, les costumes les plus pittoresques.
Là régnent encore, au mépris de l’hygiène et des instructions
ministérielles, les types d’habitation les plus originaux.
Yu de loin et de haut, le village valaque apparaît d abord comme
une sorte de grand verger où les toits des habitations font ça et la
des taches claires, au milieu de la verdure. E n été, rien de plus riant
que ces petits cdtune, tels qu’on les voit surtout dans la région des
collines, blottis au débouché d’un vallon, dans une grande vallee,
avec les maisons dévalant la pente du coteau, au milieu des pruniers
rouges de prunes, et des carrés de maïs qui balancent leurs panaches.
En hiver, quand le sol est gelé ou couvert de neige, l’air froid et
humide, on devine de très loin le hameau, au brouillard qui l’enveloppe
et où se mêle la fumée sortant de chaque maison avec les
exhalaisons puantes des détritus jetés partout au hasard. Les villages