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 Târgu  Jiu   qu’on  peut  voir  le  sol  se  relever,  ou  plutôt,  les  vallées  
 l’entamer plus profondément,  et le relief reprendre l’allure mouvementée  
 d’une région de collines. 
 Si l’on prend le chemin de fer pour Craïova, on pourra, de Carbu-  
 nesci à Filiaçi, retrouver les aspects familiers de la route, déjà faite,  
 de Comarnic à Bucarest : plateaux ondulés et profondément ravinés,  
 là où le déboisement les a gagnés, villages  cachés  dans les replis  de  
 terrain au milieu des vergers et  des  champs  de maïs,  larges vallées  
 bordées  de  terrasses  alluviales  qui,  peu  à  peu,  se  confondent  et  
 forment une vaste plaine. Toutefois on découvrirait un nouvel aspect  
 de lal région plate si l’on voulait regagner Bucarest, en traversant la  
 vallée de l’Oltu, fossé large de  10 kilomètres qui montre bien qu’on  
 a affaire à une terrasse et non à une véritable plaine... 
 Zone montagneuse, zone des collines, plaine ou terrasse diluviale,  
 voilà donc la division naturelle qui s’impose à tout esprit observateur  
 parcourant la Yalachie. Elle correspond à tant de différences faciles  
 à constater, que tout le monde l’a adoptée et qu’on la rencontre sous  
 la plume de tous ceux, quel que soit leur point de vue, qui ont écrit  
 sur la Yalachie. 
 Le géographe 1 est heureux de trouver une distinction nette entre  
 trois régions  de relief varié,  offrant à l’homme  des  conditions  complètement  
 différentes d’habitabilité. Le géologue 2 doit classer forcément  
 à part les hautes  Karpates,  formées  de  schistes  cristallins,  de  
 sédiments secondaires et de flysch, la zone des collines constituée par  
 le tertiaire récent légèrement plissé,  et la terrasse diluviale formée  
 de cailloutis horizontaux recouverts de limon. Le climatologue 3 doit  
 aussi distinguer la région très pluvieuse  et  couverte de neiges pendant  
 six mois, les collines  assez bien  arrosées, la plaine  brûlante et  
 desséchée  pendant  l’été.  Le  botaniste4  le  suit  et  est  heureux  de 
 1. Lehmann.  Das Königreich Rumänien. Kirchoff’S Länderkunde. — G. Jannescu.  Studii de geografie militarä, Buc.,  1894.  —  C.  Calmuschi.  Geografla  României  çi  a  
 tärilor vecine locuite de Romäni Ploiesci, 1897. — G.  Romenholler.  La Roumanie,  
 Rotterdam,  1898,  etc.,  etc. 
 2. Co ba lc esc u . Studii  geologicë  si  paleontologice  asupra  unor  ¡.ärrnuri  tertiäre  
 Buc., 1883. — G.  St e f a n e so d .  Curs  elementar  de  geologie  Buc.,  1887. —  Draghi-  
 ceanu.  Erläuterungen zur geologische Karte.  Jahrb.  K.Geol. R.  Anstalt, 1890,  etc. 
 3.  Hepit e s.  Régime pluviométrique de la Roumanie. 
 4. Be Ân d z a . Despre vegetatiunea  României,  Ac.  Rom.,  Avt.'lSSO. —  Grecescu.  Conspectul Florei României. 
 pouvoir distinguer une région de  flore  alpine  et subalpine  couverte  
 de superbes forêts, une zone montueuse encore assez boisée, caractérisée  
 par le  chêne,  et  une  plaine  steppique.  Le  zoologue 1  peut,  de  
 même, faire des  distinctions  importantes  entre  ces trois  régions.  Il  
 n’est  pas  jusqu’au  statisticien  et  à  l’économiste 2  qui  ne  trouvent  
 utilité à  se  servir de  cette  division  commode.  Elle  paraît  meme  si  
 commode qu’on la voit couramment appliquée à toute la Roumanie,  
 sans tenir compte de la Dobrodgea, qui ne peut rentrer dans ce cadre,  
 et de la Moldavie, où,  comme nous l’avons vu, la région des plaines  
 n’existe pas en réalité. 
 Les géologues sont d’ailleurs les  seuls qui paraissent s’être préoccupés  
 de préciser le sens, l’extension et les limites  de ces provinces,  
 et qui aient reconnu la nécessité  évidente  d’en distinguer une  quatrième  
 :  la vallée danubienne 3. 
 Si  l’on  essaye  de  serrer  de  plus  près  la  définition  d’une  région  
 naturelle, on doit reconnaître la nécessité d’en fixer les limites ;  ces  
 limites  ne  sauraient  avoir  la  précision  de  limites  politiques,  mais  
 il importe cependant de les fixer approximativement,  sous peine de  
 ne pas savoir de quoi l’on parle. Quand on cherche à faire ce travail,  
 pour les régions  que  nous venons  de  distinguer,  on  s’aperçoit  qu’il  
 présente  plus  d’une  difficulté ;  on  est  même  amené  à  reconnaître  
 qu’on  pourrait  concevoir  un  autre  mode  de  divisions  naturelles  de  
 la Yalachie. 
 I I 
 Lorsqu’on s’éloigne de la montagne pour descendre vers le Danube,  
 il est bien rare qu’on puisse se rendre compte du moment précis  où  
 l’on sort de la zone des collines pour déboucher sur la terrasse diluviale. 
   Lentement, les vallées s’élargissent  de plus  en plus,  envahies  
 par des terrasses  de cailloutis,  qui s’étalent au fur  et à mesure  que 
 1.  Licherdopol.  Fauna malacologica,  loc.  cit.,  et  Bucuresti.  Fauna,  p.  41. 
 2. Notice sur les forêts du royaume de Roumanie, publ. Min.  Agric.  Service  des  
 Forêts,  Buc.,  1900. — N.  Filip.  Les  animaux  domestiques  de  la  Roumanie,  Buc.,  
 in-4",  1900. —  Chiru.  Canalisarea  rîurilor  çi  irrigatiuni,  Bull.  Soc.  Géogr.  Rom.,  
 1893,  etc. 
 3.  G o b a lcescu ,  op.  cit.  —  Sabba S t e f a n e s c ü . Mémoire  relatif  à  la  géologie  du  
 Judet  de  D'oljiu,  Ann  Biurului  Geol.  (1883),  1889.  Les  divisions  proposées  par 
 S.  Stefâneseu ne s’appliquent,  comme il  le  reconnaît  lui-même,  qu’à l’Olténie. —  
 Chiru,  op. cit., est le seul à notre connaissance qui ait essayé de donner une représentation  
 de l’extension des régions naturelles.  Les limites marquées sur sa carte  
 par des teintes sont quelquefois exactes ; aucune explication n’en est donnée dans  
 le texte.