Figure 45. — Exploitation de pétrole à Buçtenari près Baicoi
(Dessin d'après une photographie)..
On voit l’ecno, tambour mû par un cheval autour duquel s’enroule
la corde du puits.
Beaucoup de puits restés entre les mains de paysans n’ont pas d’installation
plus perfectionnée. On les pousse jusqu’à 200 mètres sans
boiser plus de la moitié ; l’ouverture est carrée, ayant de 1 mètre à
l m20 de large. Le pétrole est ramené à la surface dans de petits tonneaux
(hcïrdae) contenant de 25 à 100 litres, ou dans des sacs en peau
de même contenance. La corde s’enroule autour d’un tambour (ecna)
mû par un cheval (fig. 45). Lorsqu’il y a ensablement, inondation,
ou que la poche paraît tarie, on creuse à côté. Le grand nombre des
poches productives favorise beaucoup cette exploitation de détail.
D’après la statistique minière, le nombre des exploitations est en
T alachie de 132, le nombre des puits productifs de 554 et celui des
sondes productives de 28. Le rendement en pétrole brut monte à
124,010,933 kilog.1, ce qui donne environ 94,000 kilog. par exploitation
et 21,260 kilog. par puits ou sonde productifs. Si l’on fait
entrer en ligne de compte les puits et sondes improductifs, on voit que
le rendement moyen d’un puits ou sonde n ’est que de 11,230 kilog.
1. Voir P uçcaru et Gr. F iliti. Statistica industriel minière din [.ara, Bue., 1899.
C’est à cette publication officielle que sont empruntés (parfois avec des inexacti
tudes) les chiffres qu’on trouvera dans Coucou. Sur les pétroles roumains, Paris,
1900 (Congrès du pétrole}, et Crémer. Notice sur l’exploitation des pétroles roumains,
Paris, 1900 (Expos. Univ.). Voici le détail par départements (A puits pro
ductifs, A’ puits improductifs, B sondes productives, B’ improductives) : Dàmbovfiu
A 107, A’ 35, B et B’ 0 ; Prahova A 360, A’ 434, B 24, B’ 37 ; Buzeu B’ 10. A 87, A’ 3, B 4, ■
Les déboires causés par les puits stériles ou vite épuisés seraient
plus facilement supportés par de gros capitaux que par de petites
fortunes. Déjà quelques symptômes font prévoir une crise économique
comme résultat de la fièvre du pétrole 1. Les grandes sociétés, en
majeure partie constituées avec des capitaux étrangers surtout anglais'
et hollandais, tendent de plus en plus à accaparer tous les
terrains pétrolifères. C’est d’ailleurs à elles qu’on doit les exploitations
bien installées telles qu’on peut en voir à Câmpina, avec réservoirs,
conduites, sondes, pompes à vapeur. On emploie généralement
le système d’extraotion canadien, mais des tentatives heureuses ont
été faites aussi pour appliquer le système de l’air comprimé.
Les voies ferrées de Ploiesti-Predeal et Ploiesti-Slànic sont pour
beaucoup dans l’activité qui règne autour des vallées de la Prahova
et du Teleajen. La stagnation de la région du Buzeu est due surtout
à l’absence d’un chemin de fer. Le transport est en effet la grande
difficulté pour les exploiteurs de pétrole. Quelques sociétés ont
des conduites amenant le pétrole en gare 2, mais les prix de transport
par voie ferrée jusqu’à Bucarest et jusqu’aux ports danubiens
sont encore trop élevés, les wagons-citernes trop peu nombreux. Tant
qu’on n’aura pas construit la pipeline projetée aboutissant à Galajû
ou Constanj:a, on risquera de voir se reproduire des crises comme
celle de 1899 où la pléthore et le manque de débouché firent tomber
le prix du pétrole brut en chantier à 0 fr. 90 les 100 kilog. 3.
Pour pallier dans une certaine mesure à ces inconvénients, les
raffineries tendent à s’établir le plus près possible du centre d’exploitation.
Mais si l’on peut avoir des usines bien outillées et donnant
de bons produits, à Bucarest, Ploiesti, Buzeu, on ne peut que déplorer
la multiplication des petites raffineries qui livrent des pétroles dangereux
et mal épurés. Pour 132 exploitations produisant 124 millions
de kilogs en Valachie, il y a 59 raffineries qui livrent par an
84 millions de kilogs de pétrole 4. On estime que plus de 50 devraient
être fermées 5 ; circonstance d’autant plus fâcheuse que le pétrole
1. Voir Moniteur des intérêts pétrolifères roumains, passim.
2. D’après Coucou (Sur les pétroles roumains), il y aurait en 1898 environ
100 km de pipeline dans toute la Roumanie.
3. A lim a nestea n u . Le sous-sol de la Roumanie, p. 13.
-1. Statistica industriel minière.
&. Alima nestea n u , op. oit.