crocher aux cimes, les enveloppant d'un brouillard légeé; vers quatre
ou cinq heures, ils se dissipent et il en reste juste assez pour permettre
ces couchers de soleil aux teintes fantastiques, qui font une partie
du charme de la montagne. On voit peu à peu les nuages s’ordonner
en éventail de cirrus, dont les branches s’amincissent progressivement,
et à m inuit un ciel étoilé s’étend, pur de toute brume.
Ce temps est le meilleur qu’on puisse espérer lorsqu’on part pour
la montagne; il peut durer toute une semaine, et l’alternance régulière
de la brise de montagne et de vallée est un indice sûr de sa
stabilité. Lorsqu’après de fortes pluies on commence à voir, de la
plaine, les nuages se mettre en mouvement vers la montagne chaque
matin et revenir le soir pour se dissiper, on peut être sûr que le
beau temps finira par s’établir. Ce régime n ’est durable que s’il n ’y
a pas de dépression barométrique voisine, le calme de l’atmosphère
lui est nécessaire, un fort gradient troublerait l’alternance régulière
des brises de montagne et de vallée. Dans ce cas, on passe à
un autre régime qui est celui auquel s’appliquent le mieux les
dictons du paysan roumain. Tout dépend ici du versant sur lequel
on se trouve, et du sens du gradient, c’est-à-dire de la direction
du vent.
Sur le versant exposé au vent, les nuages se lèvent de bonne
heure au-dessus de la plaine, formant de gros cumulus et un ou deux
petits cumulo-nimbus qui s’étalent rapidement, et dès dix heures,
couvrent d ombre toute la montagne. A partir de ce moment on
voit les sommets s’encapuchonner et le brouillard gagne jusqu’aux
limites de la forêt. Sur le versant opposé le beau temps règne à peu
près toute la journée, on voit les nuages s’accrocher aux cimes,
culbuter en passant par lés cols et se dissiper en fumées. Ce régime
peut durer plusieurs jours, mais il suffit que la dépression barométrique
se rapproche et se creuse pour que le gradient devienne
plus fort et que le vent pousse les nuages sur le versant abrité; à
moins que tout ne se résolve en un orage local qui traverse rapidement
toute la chaîne en diagonale et qu’on peut suivre de loin,
portant partout avec lui la grêle, et suivi d’un soleil éclatant.
III. Le plus souvent on passe de ce régime à celui des pressions
moyennes, pour lequel, comme dans le cas précédent, on doit dis-
tinguer deux cas. Si le gradient est faible, le versant exposé au vent
est couvert presque toute la journée de nuages, qui séjournent avec
persistance dans les hautes vallées et les cirques, s’élevant un peu
vers midi, mais sans dégager les crêtes plus d’une heure. De l’autre
côté, si l’on se trouve au-dessous de 1,700 mètres, on se réveille au
milieu d’un brouillard épais. Après le lever du soleil, le brouillard
se lève, et le ciel est nuageux, mais lumineux à partir de neuf
heures. Yers une heure, une grosse pluie fraîche d’une demi-heure;
à quatre heures, nouvelle ondée ; à partir de cinq heures, le ciel se
couvre de plus en plus et les sommets se cachent définitivement. Ce
régime diffère essentiellement du précédent en ce que le temps y est
plus beau le jour que la nuit; les nuits y sont moins froides, mais
plus humides.
Les différences sont encore plus grandes si une dépression s’approche
et si le gradient devient assez fort pour amener des vents
violents. Cette fois, c’est le versant exposé au vent qui est le plus
favorisé. Le matin, le temps paraît complètement gâté, le brouillard
descend jusqu’à 1,800 mètres, souvent il tombe une petite pluie fine ;
vers neuf ou dix heures, les nuages commencent à s’élever et on les
voit passer sur le versant opposé, s’accrochant aux cimes qu’ils découvrent
et cachent alternativement. De l’autre côté, toutes les
hautes vallées sont de bonne heure noyées dans un brouillard qui
s’épaissit de plus en plus. Ce dernier type de temps ramène aussi
bien au type I I qu’il conduit au :
Régime des basses pressions. — Dans ce cas le brouillard cache
toutes les cimes, descendant plus bas sur le versant abrité, mais il
pleut davantage sur le versant exposé au vent. Les nuits sont pires que
le jour, souvent du soir au m atin le vent souffle en tempête et les
averses torrentielles tombent sans discontinuer. Yers midi on a parfois
une accalmie, sur les sommets le brouillard se lève et le soleil
paraît, mais dès quatre heures le brouillard revient plus épais.
Souvent après quatre ou cinq jours de ce temps la neige tombe en
abondance, alors le ciel s’éclaircit, le soleil brille et l’on passe au
régime que nous avons décrit en premier lieu.
Telles sont les phases les plus communes du temps en montagne.
Ces indications suffisent pour montrer quel serait l’intérêt d’une
étude systématique du climat de ces hautes régions. Mais les observatoires
de montagne ne sont pas assez nombreux, même dans les
pays de vieille civilisation, pour qu’on puisse s’étonner de n ’en point
trouver dans un pays aussi neuf que la Yalachie.