de la Balta. C’est le grand roseau à panache appelé trestia (P hrag-
m ites communis) qui partout tient la première place, ici comme
dans les mlcïstine (marécages) de la Jalomi(a, du Calma(uiu et des
autres vallées marécageuses de la terrasse diluviale. Il forme à lui
seul de véritables forêts, hautes de 2 à 3 mètres, qui encerclent toutes
les lagunes, envahissent les bras morts et couvrent des kilomètres
entre les canaux. Il prend pied partout, aussi bien dans la vase
humide, où il pousse dans tous les sens ses stolons, donnant naissance
sans cesse à de nouveaux pieds, que dans les sables secs abandonnés
par une crue, où il enfonce jusqu’à la nappe d’eau souterraine ses
racines. A côté de lui, il faut citer la pâpura, tynhacée aux larges
feuilles plates (Typha latifolia), le piperig, aux tiges élancées et
serrées, aux feuilles étroites etau x bouquets de fleurs rousses (Scirpus
lacustris), qui forment aux tournants des gîrle des fourrés presque
impénétrables.
Toutes ces plantes sont utilisées par les riverains du Danube, elles
remplacent pour eux le bois, qui manque à peu près complètement
dans la plaine. Les pousses nouvelles des osiers (Machifa — Salix
viminalis, S. purpurea) servent à de nombreux ouvrages de vannerie ;
mais le bois du tronc et les branches noueuses des grands saules ne
se prêtent pas au travail. Même pour son modeste foyer, le paysan
préfère les chaumes desséchés du grand roseau à panache (stuff),
qu’il coupe où il veut et comme il veut. C’est encore avec ces chaumes
ou avec ceux des Typha, qu’on couvre les maisons. La p apura sert
à fabriquer les nattes sur lesquelles on couche ; avec leurs tiges raides,
le pêcheur confectionne les claies les plus délicates, employées à
barrer la gîrla.
Les forêts de roseaux tendant à envahir dans la Balta tous les
espaces vides, les autres plantes aquatiques semblent disparaître.
Il faut une attention et un oeil sans cesse en éveil pour découvrir, au
milieu des tiges des Phragmites, les feuilles nageantes et les inflorescences
brunes des Potamageton ¡g les fleurs blanches du Myrio-
phylle ou de la mâcre (Trapa natans), dont le fruit était jadis employé
pour l’alimentation. Les Nymphéa se réfugient, avec quelques-
unes de ces plantes, dans les mares non encore envahies par les
roseaux. Les renoncules, les Caltha, quelques Orchis, avec toute une
1. On cite : Potamogeton natans, longifolius, luceus, perfoliatus, crispus, pusillùs,
pectinatus, e tc. — G re c e sc u . Conspectul florei romane, p. 704.
légion de Carex 1, surgissent, après chaque crue du sol limoneux
mis à sec, se hâtant de pousser avant que la boue n’ait été transformée
en un dallage craquelé par la chaleur.
Les forêts de saules et les fourrés de roseaux géants restent les
formations caractéristiques du bas Danube. Nulle part, elles ne sont
plus envahissantes et plus dominatrices que dans la région de la
Balta, entre Calaraçi et Brâila. C’est, là aussi qu’il faut aller pour
observer dans toute sa richesse et son animation l’étonnant grouillement
de vie animale qui agite ce monde à part.
I I
Lorsqu’on parcourt, aux basses eaux d’automne, les canaux de la
Balta, c est un curieux spectacle que de voir, au milieu des racines
des saules à moitié émergées, l’eau s’agiter comme bouillant à gros
bouillons. Des myriades de poissons sautent là comme des fous; parfois
on en voit bondir hors de l’eau, si près de la barque, qu’un rameur
habile pourrait presque les saisir au vol. Le bas Danube est, avec tous
ses canaux et lacs latéraux, un des cours d’eau les plus poissonneux
d’Europe. Seuls les-fleuves russes, avec lesquels il a d’ailleurs, plus
d une espèce commune, peuvent le lui disputer pour la richesse de
la vie aquatique.
La faune ichtyologique du bas Danube est de caractère franchement
oriental 2. A côté d’espèces actuellement communes dans les
grands fleuves et eaux lacustres de toute l’Europe, comme les diverses
variétés de carpes (C rap)3, dont quelques-unes atteignent 70 a
80 centimètres de long, de brochet '(,Stiucâ), de tanche (Lin), de
gardons, de perches, etc. ; elle comprend des espèces caractéristiques
des fleuves tributaires de la Baltique et de la mer Noire. Tels, ces
énormes silures (somn), dont on pêche des exemplaires de 300 kilogrammes,
les sandres (saleu = Lacioperoa), qui passent pour le
poisson le plus-délicat, et surtout les esturgeons (Acipenser), dont
. m B E Ê M B B Ê repeiîs' ihmmula, Ungua, polyphyllum,latijlorus, Caltha palustris, Carex hirta, nutans, rlparia, paludosa, etc.— sGcerleecreastcuus ’
- « Æ devons la plupart des renseignements qui suivent à l'obligeance de
Mcheries Va “ USée de zoologle de Bucarest, directeur du service
„ A La eerpe semble avoir été introduite depuis quatre siècles environ dans l ’Europe
occidentale (E. B e llo c . Poissons et crustacés d’eau douce, p . 31).