momètre ne dépasse pas 25° 1 U n ciel implacablement bleu rend
encore plus brûlants ces étés. A Craïova, le nombre des jours sereins
est de 18 en juillet et septembre, de 21 en août, tandis qu’à Bucarest,
il ne dépasse guère 15. Aussi ne saurait-on s’étonner que, malgré une
somme annuelle de pluie plus abondante, l’Olténie, plus encore que
la Munténie, se plaigne de la sécheresse.
D’autre part, si elle souffre de chaleurs excessives, elle n’a pas les
hivers glacés de la plaine orientale de Valachie. Les minimas moyens
mensuels atteignent à peine —6° à Severinu, —4° à Craïova, tandis
qu à Bucarest, on les voit dépasser —8°. Les moyennes mensuelles
sont encore plus significatives. A Severinu, seul janvier tombe au-
dessous de 0° (1°,T) ; à Craïova, janvier et février le dépassent à peine
(janvier —0°,9, février —0°,1) ; tandis qu’à Bucarest et B râila on
note —3°,5 et —4°,3 2. Les moyennes annuelles sont d’ailleurs sensiblement
supérieures, en Olténie, à celles que donne la Valachie orientale.
D’une manière générale, les températures croissent, en Valachie,
de l’E. à l’O. On en peut juger par le tableau suivant.
Braila Bucarest Turnu Magurele Craïova Turnu Severinu Longitude Gr........... 27,58 • 26,6 24,53 23,48 Altitude en mètres... 22,33 25 -80- 40 110 ' 70 Moyenne annuelle..,. 10,5 10,6 11, A 11,4 11,6 Id. réduit à 0 mètre.. 10,5 11,1 11,7 12,0 12,1
Ainsi, il y a une différence de près de 2° dans la moyenne annuelle
des deux points extremes de la Valachie. C’en est assez pour fermer
l’accès des plaines de Munténie à certaines plantes que l’Olténie peut
encore nourrir, mais qu’arrêtent, à ■l’E.. les basses températures de
l’hiver, la neige et lés gelées, qui, à Brâila, se répètent pendant
106 jours, tandis qu’à Severinu, on en compte seulement 90.
Sur les 85 espèces méditerranéennes qu’on a signalées en Valachie,
60 sont spéciales à l’O lténie3. Le beau feuillage du frêne orne
1. Jours d’été à Craïova : juillet 29, août 29,8 ; à Severinu : juillet et août, 28.
2. Brâila................ J. —4,3 —1,4 4,2 10,8 16,8 20,8 23,4 22,6 17,4 12,3 4,4 D. —1,4
Bucarest —3,5 —1,0 4,9 11,3 17,0 20,5 22,9 22T3 17,5 11,7 4,1 —o’7
Craïova. —0,9 —0,1 6,2 11,4 16,5 20,3 23,8 22,8 18,4 13,4 4,7 —0,1
Turnu Severinu —1,7 1,2 6,6 11,7 16,5 20,3 23,8 22,8 18,6 13,3 5,4 0,9
Ces stations sont choisies toutes en plaine (Brâila 25, Bucarest 80, Craïova 110,
Severinu 70 m. d’altitude). Aucun travail n’a été fait jusqu’à présent, permettant de
ramener les températures à 0 m. pour la Valachie. C’est ce qui nous a lait
renoncer à établir des cartes d’isothermes. On trouvera plus loin les raisons qui
nous font adopter la correction de 0”6 pour la moyenne annuelle.
3. G re c e sc u . Conspectul Florei Române, pp. 753-754.
(Fraxinus ornus), qui fait la parure des forêts des collines d Olteme,
ne dépasse pas l’Oltu. C’est au monastère de Cozia qu’on 1 observe
pour la dernière fois I II en est de même de l’érable faux-platane
(Acer pseudoplatanus). Le lilas n ’apparaît à l’état spontané que dans
le district de Mehedinfi; le noyer, qui s’observe souvent au pied de
l’abrupt des hauts Karpates, en Olténie, est inconnu en Munténie;
le châtaignier, qui occupe la même position, ne dépasse pas, a l’E.,
Horezu, et le soin qu’il met à fuir les terrains calcaires prouve qu’il
est bien près de sa limite climatique.
Il semble que les différences de flore entre l’Olténie et la Munténie
soient surtout à l’avantage de la première. La Munténie est sensiblement
plus pauvre. Elle ne possède que 38 espèces manquant à
l’Olténie, qui, par contre, en a 88 inconnues à l’E. de 1 Oltu 2.
L ’étude de la flore des Karpates a révélé que la coupure de l’Oltu
est une ligne de végétation de premier ordre, et marque la limite
d’un grand nombre d’espèces 3. On pourrait prolonger cette ligne,
en l’infléchissant légèrement vers l’O. ; elle m arquerait l’orientation
de presque toutes les limites qui traversent la Valachie.
Au point de vue des formations végétales, l’Oltéme et la Munténie
ne sont pas moins différentes. La véritable steppe, ainalogue à la
steppe russe, avec ses petits lacs amers, ses dépressions sans eau,
n’existe qu’à l’E. de l’Oltu. Les plaines dénudées de l’Olténie ont été
jadis en partie boisées, et, par leur flore, elles se rapprochent davantage
de la steppe méditerranéenne.
La faune prêterait sans doute à des remarques analogues, si l’on
en avait une connaissance plus parfaite. On sait déjà que certaines
espèces de reptiles sont spéciales à l’Olténie occidentale. Enfin,
il n’est pas jusqu’à l’économie rurale qui ne reflète ces différences
de nature physique. Plus sec et plus chaud, le sol de 1 Olténie est,
dans les départements de plaine, la terre à céréales la plus fertile
de toute la Valachie. Les départements de Romana(i et Dolju ont
plus de la moitié de leur surface en blé et en maïs 4.
Les contrastes climatiques, dont on voit le retentissement sur tous
les faits géographiques, doivent avoir une raison qu’il y aurait intérêt
à découvrir. A utant qu’il est permis d’en juger, en l’absence de
1. Grecescu, ibid., p. 734.
2. Grecescu, ibid., pp. 748-751.
3. F a x . Grundzüge der Pflanzenverbreitung In den Karpaten.
4. .Carie statistique agricole dé la Roumanie Bue., 1900.