L ’origine du loess, si discutée depuis plus de 30 ans 1, parait ici
être éolienne. Sa répartition géographique peut permettre de supposer
qu’il est venu du N.-E. E n effet, on sait la grande extension
du loess dans la Russie méridionale. E n Moldavie, il couvre de vastes
surfaces, ainsi que dans la Dobrodgea, où on peut le voir, comblant
les cavités du granit, dues à la décomposition chimique de la roche 2.
En Yalachie, le loess vraiment typique n’existe qu’en Munténie. Le
limon des terrasses du Jiu, et, en général, des dépressions subkar-
patiques, est trop sablonneux et trop irrégulièrement mélangé de
lits de graviers pour être considéré comme véritable loess. Le limon
plus loessoïde de la terrasse diluviale, entre Jiu et Oltu, passe, vers
l’O., aux sables mouvants 3. Lorsqu’on aura un nombre suffisant
d’analyses mécaniques et chimiques de terres prélevées systématiquement
4, on pourra tracer la lim ite du loess et des formations
analogues en Yalachie. TTn pareil essai serait actuellement téméraire.
Mais, ce que l’on peut dire, c’est que le loess devient de plus
en plus typique vers l’E., et qu’il commence à montrer les caractères
reconnus généralement comme propres à ce genre de sol, à partir
d’une ligne passant, à peu près par Buzeu, Ploiesti et Slatina 6. Là,
comme en Chine, comme en Saxe, comme en Hongrie, on voit cette
poussière fine, argilo-sableuse, tachant les doigts, former, sur les
bords de toutes les vallées, des escarpements.
1 Nous n’avons pas la prétention de discuter ici ce problème généralité La bibliographie de la question est immense. Citons les doaunvsr atgoeust es usia
svearan ts— où on la trouvera à peu près" complète : R ic h t h o fe n . China, t. et T oe t z e Geognostische Verhältnisse von Lemberg (Der Loss, pp. 111 et sqq.),
Jina hdrebr. KSc. hKw. eGize o(Ml. iRtt.. Ana.,t u1r8f8o2r. s—ch .J eGnensy. . BUerenb,e r1 8L8ö9s, s supn. dp plö. s1s1ä5h nelti cshqeqn.) . Bildungen Cham-
b e r l in Glacial phenomena ol North America (in : Ge ik ie . The great ice age). —
SBteerlliznn e1r8. 8B5,e itsrpä.g ep pz.u r2 6G9e oelot gsieq qu. nd— .P alaeontologie der Argentinischen Republik, W a h n sc h a ffe . Die Quartärbildungen der
Umgegend von Magdeburg, Abh. Geol. Karte Preussen, 1885, VII, 1.
2. L. Mrazec. C om m unication inédite. Cette p o sitio n du lo e ss n o u s paraît un
argum en t décisif en faveur de l’origine éolien n e du loess.
3. Cf. le Löss de l’Ukraine (B löd e. Neues Jahrbuch, 1841, p 533), de la Galicie
(Tie t z e , loc. cit.), de la plaine hongroise (Su pa n . Oesterreich-Lngarn, p. 228), du
Fscehrlgahnadnsa, t p(pM. id6d55e-n6d56o.r f—, pp. 21 et sqq.), de la plaine rhénane (Le p s iP s . GeoL DeutTieflandes,
Milt. Geol. LanSdcehsuumnatecrhseurc. hB, ivlodnu nhgl suansds- LAoulhfframu gdeens, IoIb, e1r8rh90e,m eitscc.h),en
Ue4b. eLr ’danasa lyQsuea rmtäérc adneirq uGee geesnt dl av opnl uDs reimsdpeonr tuanndte üpboeur rd ilee Bloiledsus.n gV doeirs JL^östszessc ihn.
algemeinen. Diss. Halle, 1872.
5. On trouvera dans la Monographie du tabac en Roumanie (Les Monopoles de
lp’Eartfaati teBmuee nt1 9à0 0)l au nd écfeinrtiatiionn n odmu blroee sds’,a nvaolyirs enso dtaem temrreenst ddoénpt‘ pMlusieurs répondent Bolintinu d. deal, corn. Balaçoeni-Hoboïa. Dép* Jalonna, circonostc,r ipcti.r cUonrzsiccreimp,t ..
com. Armäsesci, etc.
Si l’on admet que le régime des vents n ’a pas changé depuis
la période diluviale, ce que tous les faits relatifs à l’extension des
anciens glaciers semble confirmer (v. chap. Y I), on voit, que la
région occupée par le vrai loess est justement celle que balayaient
les grands vents du H. et du N.-E. venant de Russie. Le Crivet, qui
soulève encore, en Dobrodgea et dans le Bârâgan. des tempetes insupportables
de poussière jaune, a dû être l’agent qui a apporté la plus
grande partie du loess valaque. L’analogie de cette poussière avec
les boues glaciaires a depuis longtemps été remarquée \ et rien n’empêche
de supposer qu’elle ait été enlevée par le vent du milieu des
dépôts glaciaires entassés sur le front des grands glaciers qui
s’avançaient, dans la Russie méridionale, jusqu’au S. de Kiew 2.
Il n’est pas douteux qu’une période de steppe a dû régner vers les
débuts de l’ère quaternaire en Roumanie. La découverte d’un chameau
fossile par M. Gr. Stefânescu 3 a une grande importance à cet
égard 4. Cette période doit se placer sans doute après la première
période glaciaire, qui dut être suivie, comme nous l’avons vu, d’une
période d’érosion intense dans la haute montagne et les collines,
d’alluvionnement dans la plaine et les dépressions subkarpatiques.
C’est alors que les eaux ruisselant des Karpates ont étalé, sur le fond
desséché de l’ancien lac. pliocènej les masses de cailloutis grossiers,
bientôt suivis de sables plus fins. Le volume des eaux diminuant.de
plus en plus, et la sécheresse augmentant, le régime des dépôts
éoliens a commencé à s’établir dans la partie la plus basse, où les
rivières, véritables ouadi, ne parvenaient plus, c’est-à-dire sur le bord
du Danube. Il à gagné peu à peu vers l’amont, les cours d’eau s’atrophiant
de plus en plus. Ainsi s’expliquerait le fait que l’épaisseur
1. D’où la théorie glaciaire de W a h n sc h a ffe , loc. cit. et Beitrag zur LÔssfrage,
Jahrb. K. Preuss. Geol. Landesanst., 1889, p. 328. — Chamberltn et S a l isb u r y . Freliminary paper on the driflless area of the Upper-Missisipi valley, V7 Ann. Rep.
U. S. Geol. S u n ., 1884-1885, pp. 199 et sqq.
2. Mrazec. Communication à la Soc. d. S c. de Bue. L’auteur a eu l’amabilité.de
nous, communiquer la substance de cette note restée malheureusement inédite,
sauf un résumé de cinq lignes, La théorie de l’origine éolienne du loess, considéré
comme boue,glaciaire transportée, par les vents, a été émise depuis longtemps par
Jen tzsch (Beitrag zum Ausbau der Glacialhypothese in ihrer Anwendung auf
Norddeutsehland, Jahrb. K. Pr. Geol. Landesanst., 1884, p. 522), sans qu’on y ait
peut-être accordé assez d’attention.
3. Gr. St e f â n e s c u . Le chameau fossile de Roumanie, loc. cit.
4. Voir Neh r in g . Tundren ünd Steppen der Jetz und Vorzeit, Berlin, 1890 ; cf.
Die Ursachen der Steppeiibildung, Geogr. Zeltschr., 1895, pp. 152 et sqq.