de famille, dans les communes rurales, et chaque propriétaire possède,
en moyenne, plus de 11 têtes de bétail, dont 1 cheval, 2 à
3 boeufs, 6 moutons et 2 porcs 1 Le nombre des mulets et des chèvres
est insignifiant. L ’apiculture qui, d’après de nombreux témoignages
2, était, jadis, une des gloires de la Yalacbie, paraît avoir
beaucoup baissé, puisqu’on ne compte pas, en moyenne, plus de
2 ruches pour 10 familles.
Ce changement n’est pas le seul qu’on ait à enregistrer au détriment
du pays. Il est certain que la population chevaline a, dans les
deux derniers siècles, très notablement perdu, tant en nombre qu’en
qualité. Lorsqu’on voit, attelé à la caruja du paysan valaque, un de
ces petits chevaux maigres, au trot mou, incapables d’un effort
sérieux, on a peine à comprendre comment les principautés danubiennes
ont pu être pendant longtemps la réserve où puisaient à la
fois la Turquie, l’Autriche, la Pologne et même la Prusse 3. Bien
que la Yalachie ait moins eu à souffrir que la Moldavie de cette
exportation en masse des meilleurs producteurs, il est certain qu’elle
doit, en grande partie, à ce véritable pillage, organisé plutôt que
lim ité par les Phanariotes 4, la dégénérescence d’une race chevaline
jadis renommée. Actuellement, par un retour singulier, c’est de
Hongrie et de Transylvanie que viennent les rares chevaux de haute
taille et de musculature solide, qu’on rencontre en Yalachie, en
dehors des haras.
1. Tous les calculs relatifs au bétail sont faits d’après les données du Recensement
général du bétail au mois de décembre 1900 (publ. Min. de l’Agric. serv.
de statist. gén., Bue., 1901). Nos évaluations sont établies d’après un procédé tout
différent de celui employé par E n g e l b r e c h t (Die Landbauzonen der aussertro-
pischen Gebieten). En évaluant comme il le fait le nombre de têtes de chaque,
espèce de bétail par rapport au chiffre du bétail à cornes, on ne donne aucun
renseignement sur la richesse de la région et peut confondre sous la même
teinte des pays d’élevage intense et des pays pauvres en bétail. Si l’on évalue le
nombre de têtes de bétail par chef de famille ou mieux par propriétaire de bétail,;
on indique en même temps que la richesse absolue en bétail, la proportion, de
chaque espèce dans l’ensemble du troupeau. On peut éliminer l’influence perturbatrice
des centres urbains, en limitant les évaluations à la population rurale,
qui comprend à peu près tous les propriétaires de bétail.
2. Voir Da n . Din toponimia românesea, loc. cit. Le département de Mehedinti a
encore pour emblème une abeille, celui de Vlaçca une ruche.
3. Voir Filip. Les animaux domestiques de la Roumanie, Bue., 1900.
4. F il ip cite d’après Raicevici une anecdote caractéristique : Le prince Moruzzi
défend de sortir des chevaux de Moldavie et fait dire sous main aux maquignons
qu’ils peuvent continuer en payant un ducat par tête.
L ’espèce bovine semble avoir passé par les mêmes vicissitudes ;
il n’est pas jusqu’aux poTcs qui n’aient été, jadis, exportés en grande
quantité en Hongrie. Actuellement, la Yalachie est devenue surtout
un pays de moutons, élevés pour la laine, dont le prix varie
entre 1 franc et 1 fr. 40 le kilogramme, tandis que la paire de moutons
non engraissés coûte 20 à 25 francs L
La proportion des différentes espèces de bétail varie cependant
avec les conditions de la propriété et les procédés d’élevage, dans
les différentes régions naturelles, si tranchées, de ce pays. Les statistiques,
établies par départements, ne nous perm ettent m alheureusement
pas de mettre en lumière ces contrastes de façon suffisamment
nette (v. figure 38 et tableau I).
Dans la montagne et la zone la plus élevée des collines, le nombre
des chevaux est très faible, particulièrem ent en Olténie. La race est
d’ailleurs petite, ne dépassant pas l m25 à l m30, la tête un peu forte,
avec une crinière abondante, les oreilles petites et très mobiles, 1 encolure
courte, la poitrine large, lé dos droit 2. Incapables d un effort
décisif en plaine, on est étonne de voir 1 endurance qu ils montrent
en montagne, gravissant les pentes les plus raides sous le poids des
sacs chargés de farine de maïs ou des paquets de sindrele. Leur
prudence et leur sûreté de pied, dans les passages difficiles, sont
bien connues. C’est un luxe encore dans toute cette région que de
posséder un cheval ; ce sont les boeufs qui sont la bête de trait par
excellence. Au contraire, la famille la plus pauvre a sa vache, ses
deux ou trois moutons, qu’on envoie aux pâturages communaux.
Presque toutes les communes situées au pied de la montagne possèdent
de grandes prairies à la lim ite de la forêt. C’est là qu’on mène
les moutons ; les vaches vont paître dans les clairières et sur les
pentes déboisées ; en hiver on les ramène au village.
La race bovine est aussi remarquable, par ses caractères particuliers,
que la race chevaline. Ce sont encore des bêtes de taille trapue
et ramassée. La tête ne dépasse pas 46 centimètres de longueur, le
chanfrein est droit ; l’oeil, rond, est intelligent ; les cornes sont assez
longues et généralement en couronne. Peu vigoureuses, ce sont les
meilleures vaches laitières de la Yalachie.
1.. F il ip , op. cit., p. 225.
2. Tous les détails descriptifs sur les différentes races de bétail sont empruntés
à F i l i p .