dont parlaient déjà Strabon et Ptolémée, auront sans doute disparu,
de même que les costumes originaux se perdent au voisinage
des villes et que les traditions se brouillent ou s’évanouissent.
Limité à peu près aux villes, le mouvement de rénovation de la
Valachie a cependant été très actif, ici comme dans toute la
Roumanie. L’organisation de grands services publics, la fondation
de sociétés scientifiques, le développement de plus en plus grand
de la vie économique et intellectuelle, ont mis entre les mains du
géographe, du naturaliste, du statisticien, une foule de sources
de renseignement. Une sorte de fièvre d’enquête et d étude a
accumulé dans les dernières années un ensemble imposant de
publications, de valeur inégale, mais toutes intéressantes.
La carte topographique levée et publiée d’abord en Dobrodgea,
puis en Moldavie, est maintenant en cours d’exécution pour la
Valachie. Les feuilles publiées jusqu’à présent permettent d’apprécier
plus justement un certain nombre de phénomènes que la
carte autrichienne au 57,000e. Les sciences physiques et naturelles
nécessaires à l’interprétation des faits géographiques ont pris un
rapide essor. L’Institut météorologique de Bucarest peut rivaliser
pour son organisation et l’importance de ses publications avec les
services analogues des plus grands états européens. La géologie
a été de bonne heure cultivée dans un pays qu’on disait, - - peut-
être un peu à la légère, — riche en minéraux de toute sorte. Après
l’organisation, un peu hâtive, d’un bureau géologique qui a commencé
la publication ' d’une carte détaillée, des géologues étrangers
ont été appelés à plusieurs reprises, soit par le gouvernement,
soit par des particuliers en vue d’expertises et une jeune
génération de géologues roumains, formée auprès des maîtres de
la science, à Paris et à Vienne, a donné depuis une dizaine d’années
un ensemble de travaux d’une haute valeur. La botanique, moins
cultivée, a cependant fait des progrès sensibles de Iianitz à
Brândza et Grecescu.
L’enquête économique, due aux services officiels, a été, dans
les dernières années, poussée activement. En 1899, a été fait un
recensement dans des conditions de précision très supérieures à
tout ce que l’on avait pu obtenir jusque-là. Les différents services
de statistique nous donnent des publications fort utiles et l’exposition
de 1900 a été l’occasion d’enquêtes étendues sur les forêts,
l’agriculture, l’industrie minérale, les carrières, etc.
Les sociétés scientifiques ont contribué pour une bonne part à
ce mouvement d’études. Nous devons à l’Académie roumaine
presque toutes les publications se rapportant au folklore et à la
vie rurale, à la Société des sciences de Bucarest bon nombre
d’études de géologie, à la Société de géographie roumaine des
dictionnaires départementaux et un dictionnaire général, fort utiles
pour les renseignements économiques, historiques et archéologiques
qu’ils contiennent. Les progrès des études historiques ne
peuvent rester indifférents au géographe et nous nous garderons
d’oublier les secours que fournissent de grandes oeuvres de synthèse
comme l'Histoire des Roumains de Xénopol, ou des recherches
critiques comme celles de Hasdeu et Onciu sur l’origine
des principautés roumaines.
On peut donc se proposer en ce moment d’étudier une région
quelconque du royaume de Roumanie, sans avoir 1 impression
d’être un travailleur isolé. Il n’est pas besoin d’insister sur l’inégalité
de valeur des matériaux dont on dispose et sur les transformations
qu’ils doivent subir pour être rendus directement utilisables
dans une oeuvre géographique. On s’apercevra que nous
avons soumis un grand nombre de données statistiques à des
calculs nouveaux et cherché des modes de représentation d une
interprétation facile.
Nous avons employé près de huit mois d’excursions sur le
terrain pour essayer d’acquérir une connaissance suffisante du
pays et d’élucider, autant que possible, les principales questions
de géographie physique. La petite carte ci-jointe donne le réseau
de nos principaux itinéraires et montre que la région montueuse
et spécialement la haute montagne ont été particulièrement étudiées,
Les plaines monotones de la basse Valachie Sont loin de
solliciter l’attention du géographe par la même variété d’aspects
et la même multiplicité de problèmes que la zone montagneuse;
elles sont aussi mieux connues, faciles à parcourir, et la carte
topographique en est déjà en grande partie levée et publiée..