recherches à ce sujet, il semble qu’on doive la chercher dans la
différence du régime des vents et la position des deux extrémités
de la Yalachie par rapport aux grands centres d’action de l’atmosphère.
Les deux vents principaux qui régnent à Bucarest, le Crivef et
l’Austru, se retrouvent dans toute la Yalachie, mais leur direction
change. A Brâila, c’est la composante Y.-E. qui reste encore la principale,
mais les vents d’O. et S.-O. perdent leur importance au profit
de ceux du Y., du S.-E. et du S. A l’autre extrémité de la Yalachie,
à Craïova et Severinu, nous constatons qu’au contraire les vents du
S. sont extrêmement rares, et que les directions qui l’emportent sont
celles du Y.-O. et de l’O., concurremment avec le Y.-E. 1. Ainsi,
l’axe principal des grands vents tend à tourner de 90° lorsqu’on va
vers l’E., passant de l’E.-O. au Y.-S.
Les deux extrémités de la Yalachie ne sont pas, en effet, dans la
même situation par rapport aux grands centres d’action de l’atmosphère,
qui règlent le climat de l’Europe sud-orientale. Ces centres
sont, comme nous l’avons vu, en premier lieu le maximum barométrique,
qui s’étale en Russie, plus fréquemment en hiver, et le minimum,
qui se forme en toute saison sur la Méditerranée orientale,
tantôt sur la mer Ionienne, tantôt sur la mer Egée. Dans ce dernier
cas, le Crivej tourne naturellement au vent du N., dans la Munténie,
tandis qu’en Olténie, il tourne au Y.-O. et même à l’O.
Les dépressions qui cheminent de l’O. à T E., en partant du golfe
de Lion ou du Y. de la mer Adriatique et en traversant la Hongrie
pour aller se perdre en Pologne, ont une action encore plus décisive,
parce qu’elles passent plus près. Ce sont elles, on le sait, qui déterminent
l’Austru lorsqu’elles séjournent, comme il leur arrive fréquemment,
sur la Transylvanie et le Y. de la Hongrie. Dans cette
position, elles amènent des vents qui passeront au S. et au S.-E., en
Munténie orientale, à l’O. et même au Y.-O., dans l’Olténie et le
Banat.
Soumise aux vents d’E., qui heurtent de front le bourrelet karpa-
tique, rien d’étonnant à ce que l’Olténie soit plus pluvieuse que la
Munténie, où les vents dominants sont plutôt tangents aux lignes
Vents du N. N.-E. E. S.-E. S. S.-O. 0. N.-O. Calme.
Brâila.... 13 15 8 15 12 11 5 9 12 Bucarest. 5 19 1S 5 5 15 15 6 12 Craïova.. 9 16 8 3 1 5 15 21 22
de relief. Moins sujette aux vents du Y., elle a ues hivers moins
rigoureux. Plus rapprochée des voies suivies par les cyclones d origine
méditerranéenne, elle est plus à même de céder aux influences
méridionales, et échappe, en partie, au régime continental qui règne
sur le pourtour du grand anticyclone russo-sibérien.
IY
Ainsi, une foule de contrastes physiques viennent expliquer et
justifier la distinction populaire en Munténie et Olténie. Cependant,
on doit reconnaître que c’est là une division plus historique que géographique,
si l’on veut l’appliquer à toute la Yalachie. On peut
trouver, pour la justifier, plus d’un fait intéressant, dont l’analyse
mène à des résultats instructifs. Il n’en est pas moins vrai qu’elle
méconnaît trop manifestement l’influence écrasante du relief du sol
sur tous les phénomènes géographiques et brise des unités physiques
indissolubles.
Il y a certainement, à tous égards, moins de ressemblance entre
les Karpates d’Olténie .et la région des collines, à l’O. de l’Oltu,
qu’entre les Karpates, de part et d’autre de ce fleuve. L’arc karpa-
tique est trop profondément différent de tout le reste de la Yalachie
pour qu’on ne juge pas nécessaire de le mettre a part. R ien ne justifie
sa division en deux tronçons par la percée de l’Oltu ; si l’on
devait établir une coupure dans les Karpates vainques, c est la Dam-
bovija qui devrait être choisie, car, à l’O. de ce fleuve, la chaîne est
presque exclusivement formée par l’axe cristallin, qui disparaît a
l’E., pour laisser la place à des sommets de forme et d aspect complètement
différents, constitués par le flysch et les sédiments jurassiques.
Même au point de vue économique, il semblera singulier de ne
pas considérer comme une unité une région qui s’élève au-dessus de
la limite des cultures, des arbres même, où l’exploitation des forêts
et des pâturages retient seule, pendant 4 à 5 mois, une rare population,
concentrée dans quelques vallées privilégiées ; et d’en faire
une annexe d’une contrée agricole, assez riche pour nourrir une population
qui oscille entre 40 et 50 habitants par kilomètre carré.
La division en Olténie et Munténie est parfaitement conforme à la
réalité, à condition de n ’envisager que la région non montagneuse
de la Yalachie; elle tient compte de tous les contrastes que peut