
le reste du système nerveux , d’autant plus que les unes et les autres
naissent d’une manière semblable.
La substance grise et la substance blanche varient par leur forme
et par leur arrangement dans le cerveau ; tantôt elles sont pour ainsi
dire mêlées l’une avec l’autre, tantôt elles sont séparées ; ici elles forment
des masses épaisses, là des couches, ou bien elles affectent des
conformations particulières.
Comme le cerveau est la partie la plus importante du système nerveux
, comme il gouverne tous les autres systèmes, comme il est l’organe
de l’ame et le lieu de réunion de tous les organes particuliers des facultés
spéciales de l’ame, sa connoissance exacte doit être du plus grand
intérêt pour l’anatomiste et pour le physiologiste. Mais malgré lagrande
quantité de cerveaux que l’on a coupés depuis des siècles, c’est dans
cette connoissance que l’on est le plus arriéré par les causes que nous
avons rapportées dans notre introduction. Nous avons cité comme
obstacles principaux la méthode défectueuse en usage et le manque de
connoissances physiologiques. Cependant il est à craindre que les anatomistes
ne croient encore long-temps avoir raison de suivre l’ancienne
coutume ou au moins leur fantaisie. C’est pourquoi dans la description
de chaque partie, nous indiquerons avec exactitude notre manière dé
procéder ; nous allons préalablement présenter quelques observations
sur les opinions de nos prédécesseurs, et sur les motifs qui nous ont
déterminés à nous en écarter.
Les différens systèmes nerveux, dit-on , et toutes les parties du cerveau
ont été formées à la même époque et à la fois, par conséquent
aucun système nerveux et aucune partie du cerveau ne peut plutôt
que tout autre système ou toute autre partie être regardé comme le
commencement et comme la fin ; il est donc indifférent que l ’on commence
et que l’on finisse l’examen et la description de toutes ces parties
dans tel ou tel endroit ; c’est un point qu’il faut laisser à la volonté
de chacun, pourvu qu’on en retire l’avantage de connoître et
de présenter exactement l’arrangement des différentes parties. Les
expressions, de naître, donner des racines, se prolonger, se terminer,
aller à tel ou tel point, monter ou descendre, se diriger, s’épanouir,
se ramifier, se replier, s’entortiller^ entrer, sortir , etc-, ne sont, con-
tinue-t-on, que des métaphores qui, seulement sous le rapport mécanique,
et suivant que chacun considère l’objet d’un point de vue
différent, ont une signification entièrement arbitraire. Dire , ce chemin
mène de Vienne à Paris ou de- Paris à Vienne , n’est-ce pas la même
chose ? èt ne doit-on pas vivement désirer, ajoute-t-on j que l’on rie
considère tous les objets que dans leur existence actuelle , et que l’on
s’abstienne de toutes les expressions métaphoriques qui font naître si
aisément des idées erronées?
Peut-être n’y aura-t-il rien à opposer à ce raisonnement, aussi longtemps
que dans les recherches sur les systèmes nerveux et sur le cerveau,
1 on n aura d’autre but que d’apprendre à connoître la forme de leurs
parties, leur couleur ,1e degré de leur consistance et leur connexion. Cependant
même en ne suivant que ce but, aucun anatomiste n’a réussi
à renoncer à l’inclination naturelle qui dans toutes choses nous fait
supposer un commencement, une durée et une fin. Ayant regardé le
cerveau comme l’origine de tous les nerfs, c’est par le cerveau qu’on
a commencé la description du système nerveux. D’autres auteurs ayant
dérivé tout du centre ovale de Vieussens, et quelques autres de la
membrane vasculaire (pie-mère),‘c’est par ces parties qu’ils ont commencé
1 anatomie du eervèau. Or puisqu’il est si difficile de comprendre
dans une seule pensée l’existence simultanée de tant de parties,
et que nous nous voyons plutôt entraînés à nous les représenter se
formant et se développant graduellement, ne seroit-il pas à souhaiter
que nous pussions au moins former notre langage métaphorique d’une
manière qui seroit fondée sur les lois connues de la nature ? Qui peut
s’abstenir de chercher le commencement de la circulation du sang
dans le coeur ? Qui peut trouver mauvais que l’on commence la description
des organes de la nutrition et de la digéstion par ceux qui servent
à prendre la nourriture, quand même il seroit démontré que le
coeur et les vaisseaux sanguins, la bouche, l’estomac et lé rectum ont
ete formés et développés en même temps ? Si les auteurs, en décrivant