tion. De la même manière on peut démontrer que toutes les maladies
ne sont que de pareilles métamorphoses individuelles. Il résulte donc
évidemment de ceci non-seulement la possibilité de la transmutation
d’une fonction particulière , mais encore l’unité de toutes ‘ »
Les médecins ont cru jusqu’à présent que les fonctions des diverses
parties , par exemple, la nutrition, la sécrétion, etc., pouvoient être
troublées par l’altération des fluides, ainsi que par le dérangement des
solides; lorsqu’ils observoient des sueurs de sang, des ébullitions
chroniques, des ulcères, etc., ils ne croyoient pas que ees phénomènes
étoient seulement produits par une métamorphose, ou par une sécrétion
transmuée.
Cependant pour nous prêter à l’esprit de cette hypothèse, admettons
pour un instant que le nez puisse être métamorphosé en ïin organe
de polype, l’oeil en un organe de cataracte , ou de staphylome, les
mammelles en un organe de cancer ; convenons qu’on ne meurt de la
pulmonie que parce que les poumons sont devenus l’organe sécrétoire
du pus ; croyons même que dans la folie le cerveau est transformé
en organe de la démence ; on ne doit pourtant pas oublier que
toutes ces métamorphoses contre-nature n’ont lieu que dans l’état de
maladie. Or en physiologie , il ne peut être question que des fonctions
naturelles des parties dans l ’état de santé ; par conséquent tant
qu on ne nous démontrera pas que le foie est devenu l ’organe sécrétoire
des urines, et que les reins ont été changés en organe sécrétoire
de la bile, que le cerveau marche, et que les pieds pensent, nous persisterons
dans notre opinion que cette théorie des métamorphoses est
absolument nulle.
Selon quelques-uns la nature uniforme de tous les nerfs est incontestablement
prouvée, parce qu’un nerf quelconque peut prendre et
remplir les fonctions particulières d’un autre. Des voleurs, en frappant
un malheureux, lui firent sauteries yeux hors de la tête. Les coups
qu’il avoit reçus donnèrent, nous dit-on , une telle exaltation à son
système nerveux, que, par la suite, il voyoit tout très-distinctement
par le nez. Si quelques lecteurs étoient assez téméraires pour révoquer
ce fait en doute, nous les invitons à jeter un coup-d’oeil sur les annales
du magnétisme animal ! '
Ce sujet est, nous le savons, aussi délicat que l’étoient autrefois les
procès des sorciers; mais puisque nous avons le malheur d’être forcés de
faire la guerre à tant d’opinions reçues, et que plusieurs physiologistes
ont adopte dans leurs écrits, et conséquemment dans leur doctrine,
le magnetisme avec tous ses effets merveilleux, il nous semble que
cest ici le lieu de présenter plutôt quelques-unes de leurs opinions,
que de nous imposer la tâche fastidieuse et oiseuse de les réfuter.
Les points principaux du magnétisme animal portent ou sur un exci-
tement gradué des nerfs, ou sur l’uniformité de leur nature. Mais
laissons parler les croyans eux-mêmes, parce que leur langage est trop
mystérieux pour que nous ne risquions pas de présenter plusieurs de
leurs idées sous un faux jour.
Kessler 1 dit en faveur de son opinion : « Si chaque organe a sa
fonction particulière, et ne peut pas exercer celle d’un autre ; s’il n’y a
point d’unité entre eux, mais si chacun d’eux est indépendant de l’autre,
d où vient que les personnes qui se trouvent dans le plus haut degré
du sommeil magnétique, dans le somnambulisme, et qui ont tous leurs
sens entièrement fermés, exercent toutes les fonctions des sens parla
seule région épigastrique ; qu’ils Voient, qu’ils entendent, etc., très-
clairement par le moyen de cette partie , et qu’en général ils ont par là
non-seulement toutes les perceptions de l’ensemble des sens, mais
qu’ils les ont à un degré de finesse beaucoup plus marqué que dans
l’état de veille ? O r, dans ce cas , des organes qui ne sont pas destinés
aux fonctions des sens sont transformés en véritables organes des sens;
et en même temps, cet organe, cette partie unique exerce non pas
une seule fonction, mais celles de tous les sens....D’où vient encore ,
que chez les somnambules, les extrémités des doigts qui ordinaire