122 X V I Ie L eçon, Des dents.
celles qui y viennent successivement, les plus anciennes
tombent , et leurs alvéoles sont effacés à
mesure que les nouvelles s’étendent.
Cetle éruption de dents nouvelles qui chassent
ainsi les autres par le côté, peut se faire en arrière
, ou en avant, ou latéralement.
Il n’y a que la première manière qui ait lieu
parmi les quadrupèdes, et cela dans un petit nombre
seulement; savoir, Y éléphant, le cochon d’Ethio-
p i e , et un peu plus obscurément dans Yhippopo-
tame ; enfin , il y a quelque chose d’approchant
dans les chevaux et les rumihans.
L ’éléphant et le cochon d* Ethiopie ont les parties
saillantes de leurs dents posées obliquement à
l ’horizon, de manière que, si elles sortoient ensemble
de la gencive, la partie antérieure seroit
bien plus saillante que la postérieure ; et cependant
ces parties > s’usent nécessairement par une ligne
horizontale : il en résulte que les parties antérieures
des dents sont détruites jusqu’à la racine, et dispâ-
roissent plutôt que les postérieures. Ainsi, la dent
s’étrécit d’avant en arrière dans la même proportion
qu’elle se raccourcit dans le sens vertical. La
dent de derrière qui se développe à mesure , trouve
donc toujours autant de place qu’il lui en faut ;
lorsque les dernières portiohs de la dent antérieure
sont usées jusqu’à la racine, cette dent a aussi
perdu toute sa largeur ; elle est presque réduite à
rien en tous sens, elle tombe, et celle qui la suit
achève de remplir sa place. Ce n’est donc point,
A rt. I. Structure et développement.
comme on l’a cru, par absorption que ces dents
disparoissent, mais par une destruction purement
mécanique.
Cette dent qui vient après est toujours plus grande
que ,1a précédente, parce que l’animal lm-meme a
cru dans cet intervalle, et que les os de la mâchoire
se sont aussi développés en arriéré, comme
il seroit arrivé à un animal a dents simples.
U éléphant a ainsi sept à huit dents qui se succèdent
, de chaque côté de ses deux mâchoires,
par conséquent vingt-huit ou trente - deux (1), et.
cependant, au moyen de cette chute successive des,
antérieures , il n’en a jamais plus de deux a la
fois de visibles hors de la gencive de chaque cote ,
huit en tout ; fort souvent même .on ne lui en voit
qu’une seule à la fois. Chacune de ces dents est
composée de plus de lames que celle qui l’a immédiatement
précédée, et a besoin d’un temps plus
long pour se développer.
Dans les autres herbivores à sabots où il y a
plusieurs dents molaires à la fois, les premières
ne tombent que parce quelles s’usent tout-à fait,
et la pression des dents postérieures n y a pas d effet
aussi sensible. Cependant il arrive rarement que
les dernières sortent de l’alvéole avant que les
premières soient tombées ; c’est ce qu’on observe
dans Y hippopotame, le rhinocéros, et ce qui avoit
(1) Corse , sur la dentition de l’éléphant, trans. ptül.
pour 1799.