est plus fort qu’un bec long, un épais plus qu’un
mince, un solide plus qu’un flexible ; mais la forme
générale fait varier à l’infini l’application de la
force.
Un bec comprimé, abords tranchans, à pointe
formant un crochet aigu, caractérise les oiseaux
qui vivent de proie , soit d’oiseaux et de petits
quadrupèdes, comme les oiseaux de proie proprement
dits, soit de poisson, comme les frégattes ,
les albatrosses , les pétrels , etc. Les premiers ont
le bec plus court, delà leur plus grande force
proportionnelle. Une dent de chaque côté ajoute
beaucoup à la force d’un tel bec. C’est pourquoi
les faucons , cresserelles et hobereaux passent pour
des oiseaux nobles et plus courageux que les
oiseaux de proie qui n’ont pas cette dent. Les
pies-grièches , qui en sont pourvues , ne le cèdent
gùères en courage aux oiseaux de proie ordinaires,
malgré leur petitesse et la foiblesse de leurs ailes
et de leurs pieds. Lorsque le bec crochu s’amincit
, il s’approche du bec en couteau, propre aux
demi-oiseaux de proie, aux oiseaux lâches et voraces
, corbeaux , corneilles, pies , etc. Le milan,
qui a un de ces becs crochus amincis, s’approche
plus des corbeaux par ses moeurs que des vrais
oiseaux de proie. Le bec en couteau annonce
des moeurs semblables dans les oiseaux d’eau ; les
groëlands , mouettes, etc. en sont la preuve.
Une autre espèce de bec fort et tranchant, mais
d’une forme alongée et sans crochet, sert à couper
A rt. V. Substances qui les remplacent. ig 5
et à briser y et non à déchirer. C’est celle des oiseaux
qui vont chercher dans les eaux des animaux de résistance
comme reptiles , poissons, etc. Il y a de ces
becs absolument droits, comme dans les hérons, les
cigognes, les fous ; il y en a de courbés vers
le bas , comme dans les tantales , ou vers le
haut, comme dans le jabiru.
Certains becs tranchans ont leurs côtés tellement
rapprochés qu’ils ressemblent à des lames de couteaux
, et ne peuvent servir qu’à saisir de petites
choses pour les avaler promptement ; tels ils sont
dans les pingouins et autres alques, dans les macareux
(où le bec a de plus la singularité d’être
aussi haut que long ) , dans les becs en ciseaux,
où l’on remarque cette autre singularité que la
mandibule supérieure est plus courte que l’autre,
de manière que l’oiseau ne peut saisir qu’en effleurant
l’eau et en poussant les objets en avant de
lui. Il y a enfin des becs tranchans qui sont ap-
plaiis horizontalement ; ils servent à saisir des poissons
, des reptiles et d’autres objets de grande
dimension. Le savacou a un tel bec, qui même
est armé de dents à ses côtés. Quelques gobe-
mouches et quelques todiers approchent assez en
petit de cette forme.
Parmi les becs non tranchans on doit remarquer
d’abord ceux qui sont applatis horizontalement.
Lorsqu’ils sont longs et forts comme dans le pélican
, ils servent à avaler une forte proie, mais
de peu de résistance, comme des poissons. Longs et
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