ment si étonnant du vol ? D ’où vient que l’oiseau I
voit également bien à des distances si différen- [
tes ? Quelles sont les causes de l’étendue et de la I
variété de sa voix ? Pourquoi tel reptile est-il si I
engourdi ? Pourquoi tel ver conserve-t-il de la I
vie long-temps après être divisé? Pourquoi tel I
2oophyte peut-il vivre également bien, quelque I
partie de son corps que l’on en retranche? Sup- I
pose-t-on qu’il puisse exister une histoire natu- I
relie, sans que ces questions, et des milliers I
d’autres semblables, y soient traitées, et croit- I
on pouvoir y répondre sans une Anatomie coin- I
parée profonde ? L ’histoire naturelle d’un ani- I
mal est la connoissance de tout l’animal. Sa
structure interne est à lui autant, et peut-être
plus, que sa forme extérieure. Ainsi je ne pense I
pas qu’on cherche à me contester la nécessité I
de l ’anatomie dans l ’histoire détaillée d’une I
espèce.
Mais je vais plus loin j j’affirme que le simple I
échafaudage de l’Histoire naturelle, ce que l’on I
nomme ses méthodes , ne peut se passer d’ana- I
tomie, pour peu qu’on veuille donner à ces mé-1
thodes toute l’utilité dont elles sont susceptibles. I
Sans doute on p eu t, à la rigu eu r , arriver I
à la détermination particulière du nom de I
chaque espèce, par les méthodes les plus ar- I
bitraires, dans quelque partie du corps qu’on I
en prenne les bases.
Mais notre science seroit-elle donc condamnée
I à faire de ses méthodes un usage aussi borné,
[tandis que, dans toutes les autres, ce nom de
méthode ne s’accorde qu’à l’ordonnance la plus
! rigoureuse et la plusfécondej tandis qu’on y exige
que la méthode réduise la science à son expression
la plus briève et la plus générale , et
qu’elle en développe toutes les propositions dans
leur liaison naturelle, et en donnant à chacune
toute l ’étendue qui lui appartient ?
Comment obtenir un pareil résultat, si l ’on
ne prend les bases de sa méthode dans la nature
intime des êtres , et cette nature n ’est-
elle pas déterminée par leur organisation entière
? Que dire de générai sur une famille,
sur une classe formée au hasard , et d’après
quelque caractère arbitrairement choisi, dans
quelque partie qui n’exerce aucune influence
sur les autres ? Et où sera la science, si les
classes et les familles n’ont de commun que
leur caractère , et si l’on ne peut s’élever au-
dessus des faits individuels ?
Ces raisonne mens , qu’il seroit aisé de développer
bien davantage , sont complettement
confirmés par l’expérience $ elle nous montre
que les seules bonnes divisions d’histoire naturelle
sont celles qui s’accordent avec l ’anato-
niie, soit que leurs auteurs aient connu cet
accord, soit qu’ils n’aient été conduits que
par un heureux tâtonnement.