On divise depuis Aristote les animaux vertébrés
à-peu-près en quadrupèdes, oiseaux ,
reptiles et poissons , et cependant ce n’est que [
Linnaeus qui a trouvé , par ce tact délicat qui I
le caractérisoit , les limites rigoureuses et la I
juste définition nominale dé ces quatre classes;
mais leur définition réale et génétique , les véritables
causes de toutes les différences que l’on
remarque entre elles , c’est l ’anatomie seule qui
les fait connoître ; c’est de la quantité respective
de leurs respirations que toutes leurs qualités
dérivent, et que l’on peut les déduire |
par un raisonnement presque mathématique.
Si les dents ont été si utiles pour diviser
les quadrupèdes, c’est par leur accord nécessaire
avec les organes intérieurs de la digestion
, et par les rapports dè ceux-ci avec toui
le système de l’économie ; et si Linnaeus n’a
pas été ‘ exempt d’erreurs dans remploi qu’il
a fait de cette partie , c’est uniquement pour]
avoir voulu s’en tenir aux incisives , comme
plus extérieures : les molaires , plus profondes,
sont aussi plus importantes ; si le grand naturaliste
dont je parle les eût prises en-considération
, il n’auroit pas réuni la chauve-
souris à l’homme , le rhinocéros et l’éléphant
au fourmilier, le morse au lamantin.
Mais c’est sur-tout dans la disposition des
classes d’animaux sans vertèbres, que l ’anatomie
tomie me semble avoir le mieux prouvé dans
ees derniers temps son utilité en histoire naturelle
: Aristote, ce génie , l ’un des plus
étonnans dont s’honore l ’humanité , avoit aussi
entrevu la vraie division de ces animaux $
•seulement l ’enveloppe pierreuse des coquillages
lui avoit fait illusion , et aux quatre classes
naturelles des mollusques , des crustacés , des
insectes et des zoophytes , il avoit ajouté malà
propos celle des testacés, Linnaeus , embarrassé
de trouver à ces classes de bons caractères
extérieurs , les réunit en deux , et
confondit sur-tout dans celle des vers les animaux
les plus étrangement disparates.
L ’ascendant naturel, d’un si grand homme a
retenu pendant cinquante années la science
dans une espèce d’enfance à l’égard de cette
| partie du règne animal , et j’ose dire que La
liberté que j’ai prise de m’affranchir des en-
! traves d’une autorité d’ailleurs si respectable ,
me paroît un des plus grancjs services que l ’a-
! natomie ait pu rendre à l’histoire naturelle.
Les limites que j’ai fixées à la classe des
mollusques , la réunion des mollusques nuds
[aux testacés, le placement des uns et des
[autres à la tête des animaux sans vertèbres ,
let immédiatement après les poissons , leur sé-
Iparation complette des zoophytes , les limites
■ tracées à ceux-ci, leur rélégation à la fin du
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