ainsi le gésier des oiseaux gallinacées comprime*
et applatit des tubes et des boules de ferblanc;
il brise et réduit en poudre des boules solides de
cristal, il émousse des fragmens anguleux de verre
et des aiguilles d’a cier, etc.
Pour obtenir le suc hors de l ’estomac, on peut ou
tuer et ouvrir l’animal , ou lui faire avaler des
éponges qu’il vomit, ou que l’on retire , par le moyen
d’un fil, remplies de suc. Ce dernier moyen est surtout
commode avec les corneilles et d’autres oiseaux.
La première qualité essentielle du suc gastrique ,
est d’être un dissolvant pour une infinité de substances
, de les réduire toutes en une bouillie molle ,
homogène et grisâtre , que l ’on appelle chyme ,
et qui est l’objet et le résultat de la digestion
stomacale , et la matière sur laquelle s’exerce la
digestion intestinale.
Une seconde qualité , peut-être moins générale
que la première, c’est d’être anti-septique, d’ar-,
^êter dans beaucoup de substances la putréfaction
déjà commencée, et d’empêcher de se pourrir des
substances qui auroient infailliblement éprouvé
cette fermentation , si elles n’eussent été plongées
dans ce suc.
Sa qualité dissolvante , qui est la principale ,
varie selon les animaux, de manière à être toujours
en raison inverse de la somme des autres forces
qui peuvent agir sur les alimens , et à produire
seulement avec le concours de ces forces, l’effet
requis pour la digestion.
Ainsi, parmi les oiseaux ceux qui ont un gésier
très-musculeux, n’ont pas un suc aussi actif
que les autres ; ils ne dissolvent que des alimens
triturés, tandis que ceux dont l’estomac est membraneux
dissolvent les alimens sans trituration
préalable. Parmi les animaux , ceux qui ont des
organes de mastication plus parfaits , ont un suc
gastrique plus foible , etc.
Quant aux substances sur lesquelles il agit, le
suc gastrique est disposé de manière à ne dissoudre
que celles dont le reste de l’organisation force l’animal
de se nourrir.
Ainsi le suc gastrique des animaux carnassiers
ne dissout point les matières végétales ; et l’on peut
très-bien juger du degré de digestibilité des diverses
substances relativement à un animal déterminé
, d’après l ’action qu’a sur elles le suc gastrique
de celui-ci.
Quant au temps, l’action du suc gastrique est
assez en raison de sa force ; mais elle est puissamment
éxcitée par la chaleur; et les animaux
à sang froid l’ont bien plus lent à agir que les
autres. C’est par l’intermède de la chaleur que s’établit
, relativement à ces deux sortes d’animaux,
la proportion entre la force digestive et la quantité
de respiration que nous avons annoncée dans
notre première leçon.
Au reste , l’action dissolvante du suc gastrique
est purement chymique. Considérée isolément,
elle n’a rien de vital, puisqu’elle s’exerce hors de