5 ^ 2 LÉZARDS ScmCOÏDTENS OU SAURIENS LEPIDOSAUBES.
luellement ce qu'il avait dit de notre espèce dans l'édition latine ;
quant à la figure, elle est la mcnie pour les deux éditions. En
i5Go , Gesner , dans le recueil des figures des animaux qu'il publia
, accompagnées de quelques notes , et comme supplément à
ses ouvrages précédents, reproduisit la figure du Scinque officinal
, telle qu'il l'avait déjà donnée précédemment.
J.-B. Porta, dans sa Phytognomonique, a dit quelques mots
d e l'espèce qui fait le sujet de cet article, mais il semble les avoir
empruntés à Gesner.
Vers le commencement d u dix-septième siècle , p a r u t u n e autre
édition de l'Histoire naturelle de Gesner : le livre des quadrupèdes
ovipares (i) contient une figure de notre espèce calquée
sur celle de la première édition , et la description est reproduite
presque mot à mot ; toutefois on y a introduit quelques assertions
qui sont attribuées fort à tort à Rondelet : ainsi on y lit : « Rondelelius
neque qui Vinetiis venduntur neque illos officinarum veros
Scincos esse vult ; nam Scincus, inquit, est terrestris Crocodilus ; illi
m aqua et terra vivant : unicum se duorum culitorum longitudine
vidisse affirmai. » Or , Rondelet n e dit aucunement qu'il ait vu un
individu de deux coudées de long, et loin de vouloir que ni les
Scinques qui se vendaient à Venise, ni ceux des pharmacies ne
fussent p a r les vrais Scinques , il dit expressément : « Quare magis
inclinât animus ut exislimem Scineum squamosum esse quadrupedem
quem recVe expressum capitis huic prejioeimus qui aliquot
ahhinc annis Venetiis venditur exenteratus et salitus ex Alexandria
jEgjrpti. » Rondelet est plus positif encore dans l'édition
française , car il dit : « Donc le vrai Scince est celui qui est pourt
r a i t en ce p résent chapitre , qu'on vend à Venise, euentré é salé
où on l'apporte d'Alexandrie d'Egypte. » L'auteur de cette dern
i è r e édition de l'Histoire naturelle de Gesner aura sans doute
été induit en erreur par la phrase que Rondelet a mise au commencement
de la description du Scincus : « Jam vero cum Scincus
terrestris Crocodilus dicatur, vix quicquam huic quem expressimus
commune esse potest cum Crocodilo non solum figura, sed nec vita,
dim in aqua diutius vivat quàm in terra. » Mais cette phrase se
r a p p o r t e non au Scincus, mais bien à l 'animal figuré et décrit au
c h a p i t r e précédent , c'est-à-dire à la Salamandre d'eau , que les
(i) Uiitor'oe animrdium , Lil). i i , de Qundriipedihus ot'ipnn's ,
cditio spciuida in-t'olio , Francofur t i , 1G17 , p. a/f
SAUROPHTHALJIES. G. SCINQUE. I. ^^ ^
pharmaciens d'Italie faisaient, à ce qu'il paraî t , passer alors pour le
Scinque : si la phrase de l'édition latine laisse quelque obscurité
à ce sujet , la traduction française n e laisse aucun doute.
Saumaise, dans ses Études sur Pline ( i), émet sur les habitudes
du Scincus une opinion qui s'applique assez bien à l'espèce dite
Officinalis, mais il donne cette indication, non d'après des observations
directes, mais d'après un examen rigoureux de la description
du Z-/t7v.oç de Dioscoride ; or , comme nous l'avons dit,
le 27.17XOÇ d e cet auteur ancien est un animal décrit d'une manière
trop peu précise pour que nous puissions le rapporter à l'espèce
d u présent article ; les notes de Saumaise n e peuvent pas s'y
rapporter davantage.
Aldrovandi, ou du moins son cont inuateur , Bartholomeo Arabrosini
, fit connaî t r e quelques caractères zoologiqiies du Scinque
des boutiques , d'après Belon et u n aiuteur dont l'ouvrage (lib. 3,
medic, cap. 3i) et le nom ne sont guère connus dans la science
que par la citation qu'il en fait : Rodoneus , selon lui , apprend
que le Scinque est u n animal quadrupède qui a des écailles petites,
nombreuses , jaunât res ; la tête longue , dépassant à peiue
la grosseur du cou ; le ventre légèrement ailé , e r reur qui tient
sans dout e à u n examen peu analytique d'un échantillon desséche
; la queue ronde à la manière des Lézards , mais plus courte
et recourbée vers la terre , circonstance accidentelle aussi et dépendante
de la dessiccation ; enfin une ligne bleue , étendue depuis
la tête jusqu' à la queue même : ce dernier caractère s'éloigne
tellement de la coloration du Scinque auquel le reste de la description
s'applique assez bien, que nous serions teulés de croire à
uue erreur de mots ; il se pom-rait en effet que l'auteur eût voulu
d i r e , au lieu d'une ligne bleue , une ligne tranchante , ce qui
existe en effet, puisque, comme on le sait, la région du tronc
où se fait de chaque côté la jonct ion des flancs avec le ventre ,
n'est pas a r rondie, mais distinctement anguleuse , par suite de la
forme aplatie que présentent le ventre et les parties latérales
du corps. Ambrosini ajouta que dans les Scinques que l'on recevait
d'Égypte , très-desséchés, il n'a pu observer la disposition
particulière des écailles signalée par Pline chez le Scincus. Pline
(1) Plinianoe excrcitalioiics in Caii Jidit Sdiiii polyhisloria, 2 vol,
in-folio, Paris, 1629.
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