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l'année , comme nous aurons soin de rindiquer quand
nous traiterons des espèces dont la coloration nous
sera connue ; car, ainsi que nous l'ayons dit, il faudrait
saisir ces nuances sur les individus observés dans l'état
de vie, ces teintes étant très-fuiraces.
Tous les détails que nous venons de faire connaître
montrent que le corps de ces Reptiles ne jouit cjue
faiblement du toucher passif ou de la sensation qui
résulte du contact de la matière ; puisqu'ils ont le corps
abaissé au niveau de la température des objets qui les
touchent, ils ne peuvent apprécier ce que nous nommonsla
chaleur etle froidlorsque l'équilibre réciproque
tend à s'établir. Ensuite nous pouvons penser que le
tact ou le toucher actif est chez eux peu développé, en
raison des granules et des lames cornées dont sont recouvertes
les articulations des doigts. La langue seule
pourrait venir à l'aide de cette perception qui d'ailleurs
est presque nulle.
Nous avons parlé de la mue à la page 624 du tome
second.
Les organes olfactifs ne doivent pas donner aux Lacertiens
la faculté bien évidente de percevoir les odeurs.
Leurs narines ont peu d'étendue ; ouvertes en dehors
par deux petits trous , leur orifice externe est protégé
par une sorte de soupape membraneuse, placée aupourtour
du trou percé dans une ou plusieurs squames
qu'on appelle nasales. Leur trajet est très-court, car
elles s'ouvrent à la face palatine des os incisifs. On ne
trouve pas de grandes anfractuosités , ni des lames
couvertes par la membraneolfactive, quoiqu'elles soient
humides et un peu muqueuses à l'intérieur. D'ailleurs
l'acte de la respiration s'exécutant d'une manière
arbitraire, et souvent à de longs intervalles, la ma-
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tière odorante n'a cependant que ce moyen pour agir ;
et il Y a bien peu de cas dans la durée de la vie de ces
Lacertiens où ce besoin pouvait se faire sentir ; la proie
ne devant pas être découverte par ses émanations, et
les individus n'exhalant pas d'odeurs à l'époque où les
sexes éprouvent le besoin de se rapprocher pour perpétuer
leur race.
Les oreilles sont constamment apparentes chez les
Lacertiens. On distingue les conduits auditifs tout à
iait à la partie postérieure et latérale du crâne. La
membrane du tympan , quoique assez souvent enfoncée
dans le canal, y est aussi bien visible. La cavité du
tympan s'ouvre évidemment dans la gorge; il y a des
pièces osseuses analogues à celles qu'on trouve chez
les mammifères , et certainement c'est un organe répétiteur
des sons. On sait d'ailleurs que l'ouïe est excellente
chez les Lézards , qui fuient au moindre bruit
pour échapper aux dangers.
Les saveurs sont également bien perçues , car ces
animaux mâchent : ils ont de la salive , et quand l'aliment
semble leur plaire , ils en recueillent les moindres
débris dont ils paraissent savourer la partie liquide.
Leur langue charnue, mobile, constamment
humide, couverte de papilles, doit leur fournir les
moyens que nous retrouvons en eiîet chez les quadrupèdes
mammifères.
Enfin les yeux sont parfaitement organisés pour apprécier
les modifications que la lumière éprouve sur la
surface du corps. Ces organes sont très-développés,
relativement à la grosseur des individus; les paupières,
quand elles existent, sont au nombre de trois, ily a des
larmes sécrétées par une glande , et un canallacrymal
qui se rend dans les narines et de là dans la bouche.