5 ^ 0 LÉZARDS SCINCOÏDIENS OU SAURIENS LÉPIDOSAURES.
dent les terres cultivées et des tamarisques qui cherchent à végéter
sur les confins du désert ; on la voit se chauffer paisiblement aux
rayons du soleil le plus ardent et chasser de temps en temps aux
Graphyptères ou autres Coléoptères qui passent à sa portée. Ce
Scincoïdien court avec une certaine vitesse , et quand il est menacé
il s'enfonce dans le sable avec u n e rapidité singulière, et s'y
creuse en quelques instants u n terrier de plusieurs pieds de profondeur
; lorsqu'il est pris il fait des efforts pour s'échapper, mais
il n e cherche aucunement à mordre ou à se défendre avec ses
ongles.
Observations. La plupart des auteurs ont cru devoir rapporter
à cette espèce ce que Dioscoride et Pline , ainsi que les auteurs
grecs et latins qui les ont copiés, ont dit du 2-/1770; ou Scinciis:
mais il s'en faut que l'exactitude de cette détermination soit incontestable
, at tendu que les indications données par les auteurs
anciens sur le S'/r/xoç ou Scinciis sont trop vagues pour pouvoir
établir d'après elles une signification plausible : aussi la spécification
du 2-/17X0Ç ou Scincus des anciens doit-elle être regardée
comme une question philologique, qu'il serait déplacé de discut
e r ici.
C'est Belon qui , le premier, fit connaître cette espèce de Scincoïdien
d'une manière positive, sous le nom de Scincus, dans son
Traité des animaux aquatiques ; la description qu'il en donne
indique assez exactement la grandeur de l'animal et son mode de
coloration. Belon dit expressément que son Scincus se rencontre
surtout près de Memphis, que les habitants en vendent des individus
, éventrés et conservés avec du sel ou du nitre, aux marchands
qui les apportent ici ; la figure qui accompagne la description
reproduit la forme générale de cette espèce, la proportion
relative de ses parties, la forme et la disposition des écailles ,
la configuration des ongles, et leur existence à tous les doigts ;
seulement Belon dit : « Squamisque undecunque scateret ,
quas cum piscihus ut et latérales lineas communes hahet, » et la
figure paraît indiquer cette disposition qui n'existe pas effectivement
et qui l'aura été sans dout e , par suite du racornissement
des sujets que Belon a pu examiner ; car cet auteur paraît n'en
avoir observé que de desséchés, c'est-à-dire tels qu'on les possédait
dans les pharmacies. Ce qui nous porte à le croire , c'est que
Belon ne fait aucune mention du Scincus parmi les curiosités
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SAUROPHTHALMES. G. SCINQUE. I. 57 1
qu'il a observées dans le cours de son voyage en Egypte , ainsi
qu'on peut s'en assurer en consultant son livre intitulé : Obsermtions
de plusieurs singularités , etc. , observées en Grèce ,
Ég/pte, etc.
C. Gesner, qui ne connaissait pas, à ce qu'il paraî t , les travaux
de Belon , ou qui du moins ne les cite pas, donna dans son
Traité des quadrupèdes ovipares , sous le nom de Scincus , une
figure du Scinque des bout iques, laquelle offre, d'une manière
as°sez originale , la disposition tranchante du museau, qui n'était
indiqué qu'imparfaitement dans la figure de Belon ; les autres
parties de l 'animal aussi sont fidèlement retracées. La description
de Gesner est plus explicite que celle de Belon ; le mode de coloration
de la variété A en particulier s'y trouve indiqué de la
manièi'e la plus exacte.
Ce n'est que dans un appendix ajouté au livre des animaux
quadrupèdes, que Gesner donne la description du Scincus d'après
Belon {De Scinco ex Belonio).
Presque en même temps Rondelet donna dans la seconde partie
de son Histoire des Poissons une autre figure du Scinque offlcmal,
sous le nom de Scincus. Cette figure, moins correcte , il est vrai,
sous le rapport artistique que celles des auteurs précédents , rend
néanmoins assez fidèlement les pr incipaux caractères de l'espèce,
et offre en particulier, d'une manière originale, la présence des
plaques de la tête et leur disposition polygone; Rondelet dit positivement,
à l'occasion de cette figure, que l'animal qu elle représente
est celui qui depuis quelques années se vendait à Venise
éventré et salé pour les usages pharmaceutiques ; il ajoute que
c'est d'Alexandrie d'Egypte qu'on le tirait.
En i558, Gesner (i) reproduisit dans son Histoire naturelle
des Poissons, la figure du Scincus qu'il avait donnée dans le livre
des quadrupèdes ovipares, en y joignant simplement le commentaire
que Rondelet avait écrit sur son , dans son livre
des Amphibies (2) ; c'est alors que Rondelet publia l'édition française
de son Histoire des Poissons (3), où se trouve traduit tex-
( 0 Historioe auimalium, Lib. Ill , qui est de Piscium et aquatilium
nuimaiitium natura . de Scinco, Rondeletius.
(2) La seconde partie de l'Histoire entière des Paissons , avec
leurs pourtrai ts au naïf; in-folio , Lyon, i558. ~ Des animaux vivants
partie en l'eau , partie en la terre , pag. 173.
(3) Icônes animalium , édit. secunda iu-folio , Tiguri, i56o.
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