LEZARDS LACERTIENS
de la science au peu de faits et de notions acquises sur
ces animaux ; car, malgré les observations recueillies
dans ces dernières années avec tant de zèle et de succès,
elles ne sont pas encore suffisantes pour c[u'on ait pu
suivre, dans la filiation des espèces, les modilications
successives de formes et de structure par lesquelles la
nature semble avoir passé , et que nous retrouvons ordinairement,
lorsque nous pouvons étudier la continuité
de ces nuances presque insensibles dans les plus
grandes séries des êtres organisés.
C'est ainsi que dans la méthode tjue nous avons exposée,
et qui va guider aujourd'hui notre marche,
nous avons été obligés de considérer comme parfaitement
distinctes, et pour ainsi dire isolées, les trois
premières familles des Sauriens ; celles des Crocodiles,
des Caméléons et des Geckos. Ces groupes offrent en
effet des caractères nombreux qui rapprochent les espèces
entre elles, et qui empêchent de les confondre ou
de les réunir avec les cinq autres. Il y a ensuite une
lacune ; cependant on retrouve la plus grande analogie
de formes et d'organisation , d'une part entre les Varans,
les Iguanes et les Lézards ; et de l'autre, entre les
Chalcides, les Scinques et les Orvets.
Les essais c£ue nous avons tentés les premiers , puis
les études d'Oppel, les excellentes vues de G. Cuvier,
nous ont cependant fourni les moyens de les isoler, et
c'est ce résultat que nous avons présenté d'une manière
analytique, dans les deux tableaux insérés à la fin du
second volume de cette Erpétologie générale.
Nous y avons fait remarquer, 1° que les Crocodiles
ontla langue tout à fait adhérente à la mâchoire ; 2° que
si les Lézards ont, comme les Chalcides et les Scinques,
la langue libre, charnue et échancréc, ainsi que le
o u SADRIENS AUTOSAURES. 3
sommet de la tête couvert de grandes plaques anguleuses,
ces groupes diffèrent entre eux par la manière
dont leurs écailles sont disposées; 3" que les Varans
ont la langue cylindrique , très-allongée , très-fendue ,
retractile dans un fourreau, comme celle des Serpents ;
la tête revêtue de petites plaques nombreuses ; les dents
en crochet, adhérentes au bord interne de la mâchoire
par une base circulaire très-large ; que les Iguanes
n'ont pas les dents isolées par leurs racines , qui sont
tantôt reçues en totalité dans une rainure ou dans une
fosse commune , et tantôt soudées au bord le plus saillant
, ou sur la tranche des mâchoires.
Il résulte de cet examen que la famille des Lézards
vrais ou Autosaures, comparée aux sept autres groupes
du même ordre des Sauriens , en diffère par les caractères
essentiels que nous allons retracer brièvement.
1° Des C r o c o d i l e s , ayant des écussons solides qui
couvrent leur dos en partie ; leurs pattes à trois ongles
seulement; leur langue immobile, adhérente; leurs
dents creuses à la base.
A'' Des C a m é l é o n s , qui ont la langue cylindrique ,
vermiforme , terminée par un tubercule ; la peau chagrinée
, privée d'écaillés ou presque nue ; les doigts
réunis jusqu'aux ongles en deux paquets ; la queue
prenante.
3" Des G e c k o s , qui ont la langue courte, large, à
peine échancrée ; les pal tes à doigts égaux pour la longueur,
aplatis en dessous et élargis ; la peau granuleuse,
sans plaques anguleuses sur la tête, ni grandes écailles!
Des V.u,AKS, dont la langue est cylindrique, lisse,
res-profondément bifide , rétractile dans un fourreau •
la peau granuleuse ou tuberculeuse, quelquefois mêni^
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