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ro^ M A L A D I E S D E L A PEAU.
Obsenrnticns relatives à l'Epìiélide lentifonne.
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CCCXXI. Première observation. — Jacques Joly, âgé de ^angt-cleux ans, d'uà tempérament lymphatique,
ayant les clicvcux rouges , très-épais et très-durs, nous a offert lui grand nombre de rousseurs répandues sur le
corps, spécialement sur les endroits où la peau est fine et délicate, comme sur le visage, sur la poitrine ,
sur la face inLernc des bras et des avant-bras. Les cuisses et les jambes en présentoient aussi; mais sur le
visage, elles étoient en grande quantité; elles avoient la largeur d'une lentille; d'autres étoient plus petites;
il y en avoit qui étoient rondes ; d'autres étoient ovales. Celles qui étoient situées sur la partie latérale du
nez, le pourtour des yeu,\, le front, étoient plus larges et en plus giand nombi-e. Cet individu transpiroit
peu, et ne suoit jamais.
Deuxième obseivation. — Un jeune homme, nommé Monichet, qui exercoit à Meaux l'état de tuilier, s'est
présenté à notre obsei-vation. Doué d'un tempérament très-sec, il a constamment joui d'une mauvaise sanlé.
Il étoit enti-é à l'hôpital Saint-Louis pour se iaire traiter d'une fièvre intermittente tierce. Sa peau est d'une
texture très-molle; elle est blauche sur tout le corps; d'une couleur rosée à la face. Ses cheveux sont d'un
blond pâle, ainsi que les poils qui recomTcnt les autres parties des tégumeus. On apperçoit au visage, au
col, à la partie antérieure et supériem-e de la poitrine , aux bras, et sur-tout aux avant-bras, sur le dos
des mains, des taches de couleur brime, plus ou moins foncées, selon qu'elles occupent des parties plus
ou moins exposées aux rayons solaires, n'offrant point de forme particulière, se rapprochant néanmoins de
celle d'une lentille. Os taches ne sont point proéminentes , et ne paroissent être qu'une coloration plus
forte de certains endi-oits de la peau. Le sujet, dont je parle, a observé qu'elles étoient plus abondantes dans
ime saison que dans Fautre. On voit aussi qu'elles sont beaucoup moins brunes dans les portions des tégumens
qui sont habituellement recouvertes par des linges ou par des habits. Dans le cas que je cite, elles
étoient en si grand nombre sur le visage', qu'elles lui donnoient un aspect terrciLx et dégoûtant.
Troisième observation. —L'observation, que je vais l'apporter, a une grande analogie avec la précédente.
Le nommé Payan, âgé de dix-neuf ans, d'un tempérament lymphatique, est doué d'ailleurs d'une bonne constitution
; ses cheveux sont d'un rouge-brun foncé; ses sourcils et les paupières noirs, la peau d'un trèsbeau
blanc, la face, le dessus des mains, et la partie supériem-e du sternum, sont les seules parties affectées
de taches d'une couleur brune assez unie; quelques-unes de ces taches sont plus foncées : leur forme est
très-variée; leur grandeur change depuis celle d'une piqûre de puce jusqu'à la grandeur d'une lentille; elles
sont plus nombreuses autour dos sourcils, sur les os des pommettes, à l'angle des machoii-es, sur les
ailes, le bout du nez, et sur le menton. Celles de la poitrine sont très-légères depuis Cfue le jeune homine
a pris Tétat de militaire, à raison de ce qu'il a été obligé de couvrir cette partie, plus qu'il n'avoit coutume
de le faire. Mais le dos des mains, et la moitié supérieure et externe de l'avaut-bras, en sont totalement
marqués; elles y sont plus foncées et plus larges que partout ailleurs, ce qui donne avec le fond blanc
de la peau, l'apparence d'un beau granit. La face est couleur de rose dans certains endroits : dans d'autres,
elle est d'une blancheur éclatante. L'individu affecté observe très-bien que ses Éphélides ont été plus abondantes
l'été dernier, parce cpie les chaleurs ont été fortes, et qu'il a été plus exposé aux rayons du soleil.
Elles disparoîssent presqu'entièrement pendant l'iiiver. Plusieurs de ses pai-ens sont atteints de la même
indisposition.
Quatrième observation. — Quelquefois l'Éphélide lentiforme attaque des individus dont les cheveux sont'
très-noii-s, ainsi que les yeux. Nous avons vu, à l'hôpital Saint-Louis, une jeune fille, brune, nommée
Fiorine Cantal, ouvrière en broderie. Cette jeune fille étoit communément très-belle; mais toutes les fois qu'elle
passoit deux jours à la campagne, ou qu'elle éprouvoit les rayons du soleil, son visage se recouvroit d'un
masque d'Éphélides, qui pourtant s'évanouissoient, aussitôt que cette jeune fille gardoit quelque temps la
retraite.
CCCXXII. On jugera peut-être ({ue j'ai décrit avec trop de soin, une altération légère de la peau, qui
mérite à peine d'occuper une place dans les cadj-es de la nosographie. Mais pourtant il est démontré que,
dans l'étude des sciences naturelles, les moindres faits peuvent être utUes parce qu'ils sont liés par une chaîne
presqu'imperceptible à des phénoincncs bien plus imporLans,
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