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208 MA L A D I E S DE LA PEAU.
DCCXVI. Maïs lorsque les ulcères s'étendent en profondeur, lorsqu'ils sont livides et couenneux, on y applique
dos substanees caustiques, pour dénaturer le vice vénérien et en borner les progrès. M. Callericr, si habile
dans la curalion de la maladie qui nous occupe, préfère le muriate d'antimoine liquide, parce que son effet est
cxtraordinairenient prompt, et qu'il arrête comme par enchantement l'activité du virus. Ce caustique convertit
bientôt l'ulcère en plaie simple, quelle que soit sa malignité j mais son emploi exige do la prudence et beaucoup
d'adresse. A l'hôpital Saint-Louis, ou a recours à l'acide nitrique médiocrement concentré ; on a soin de cerner
habilement tous les contours de l'ulcération, et d'en atteindre tous les bords : par cet unique moyen, on l'empêche
de se reproduire e l le-même, et de s'étendre quelquefois avec plus de violence qu'auparavant.
DCCXVII. Le traitement extérieur des ulcères syphilitiques varie, du reste, selon le siège qu'ils occupent :
ceux qui se manifestent à la paroi interne des joues et dans l'ijitérieur de la bouche, au pharynx et au voile du
palais, doivent principalement être combattus par des gargarismes adoucissans et médicamenteux. De semblables
moyens ne sont pas toujours très-eflicaces, sur-tout si la langue est profondément attaquée : ce dernier
genre d'ulcération est si long à guérir, qu'il dure quelquefois plusieurs années, et qu'il résiste à toutes les méthodes
curatives. îious avons eu, à l'hôpital Saint-Louis, un individu qui en a été la victime.
DCCXVin. Au surplus, il faut une multitude de précautions et de soins pour l'efiàcacité des pansemens, selon
que les ulcères syphilitiques se placent à la marge ou dans l'intérieur de l'anus, aux grandes lèvres ou dans le
vagin, à l'ombilic, entre les orteils, dans les oreilles ou dans les fosses nasales, &c. La maladie s'aggrave par-tout
où il y a frottement de surfaces, et lorsque les parties se trouvent dans un mutuel contact : les ulcères résistent
souvent à tous les moyens qu'on leur oppose. Cette opiniâtreté dans les symptômes est sur-tout plus marquée,
quand les individus infectés continuent de se livrer à la débauche ou à de honteuses communications. Je ferois
rougir la pudeur, si j'exposois les vices insurmontables des personnes qui viennent réclamer des secours à l'hôpital
Saint-Louis. Les remèdes ne produisent aucun bon effet, si l'on ne vient à bout de réprimer ces coupables
et illicites habitudes.
DCCXIX. Personne n'ignore que les ulcérations vénériennes peuvent se compliquer d'un état de phlogose,
qui s'entretient par la disposition physique des parties vivantes. C'est ainsi que le rétrécissement du prépuce, le
gonflement du gland, et autres phénomènes de ce genre, peuvent être portés à un degré de violence extrême :
ce sont les bains tièdes, les lotions douces, les larges saignées, la diete sévère, &c., qui parviennent à apaiser
ces accidens funestes. Sans ces moyens, qui arrêtent presque toujours les progrès du mal , la gangrène fait de
tels ravages, qu'elle détruit quelquefois rapidement, et en totalité, les organes de la génération. J'ai vu ce
mal déplorable survenu à un militaire, pour avoir voyagé pendant un mois avec un paraphymosis enflammé:
à son arrivée à Paris, la suppuration chancreuse avoit entièrement dévoré le membre viril.
DCCXX. Les Syphilides cutanées qu'on observe à l'hôpital Saint-Louis, sont constamment d'une nature
rebelle, parce qu'elles sont rarement exemptes de mélange et de complication. On ne sauroit décrire avec des
couleurs assez vives cet assemblage de misères qui viennent quelquefois se réunir sur un même individu : le
scorbut, le vice scrophuleux, les dartres, le prurigo, la goutte, le rhumatisme, tous les maux se réunissent, se
fortifient en quelque sorte de leur réciproque influence, et vieillissent ensemble dans les mêmes corps. C'est
dans ces divers cas que les symptômes deviennent plus véhémens et plus furieux, et qu'ils s'irritent par tous
les moyens qu'on oppose à leur propagation.
M A L A D I E S DE LA PEAU.
LES SCROPHULES.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES SCROPHULES.
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DCCXXI. J'ai cru devoir placer l'histoire des scrophulcs immédiatement après cello des syphilides, parce
ciiie les altérations particulières (jue produisent l'un et l'autre de ces deux genres de maladie ont des traits
frappans do similitude qui n'ont ocliappé k aucun observateur. Un point do ressemblance incontestable surtout
est cette disposition constante du tissu celltdaire à produire des pustules, des végétations, dos ulcérations de's
cngorgemcns glanduleux, etc. Il est même des cas où l'analogie est si frappante, qu'on se moprendroit'sur
I identité des scroplmles, si l'on n'étoit d'ailleurs averti de leur présence par des signes commémoratifs ou par
des caractères particuliers que fournit l'inspection môme des individus entachés d'un vice aussi déplorable.
DCCXXn. Pour peu d'ailleurs qu'on veuille remonter jusqu'aux premières sources de ce lléau, on a occasion
de se convaincre que, dans beaucoup do circonstances, il n'a pas de cause plus directe que la sypliilis. Lorsqu'au
.luinzicme sièole l'armée do Naples lit des excursions multipliées dans les campagnes de l'Italie, on observa que
les desccndans des femmes qui avoient été infectées par ce foyer de corruption, etoient presque tous devenus
eerouellcux. Ce phénomène a été pareillement observé dans les villes long-temps occupées par dos garnisons
militaires. Enfin, les mimes remarques ont eu lieu dans l'inlériour de l'hôpital Saint-Louis, où j'ai eu plus
d'une fois sous les yeux trois générations suooessives d'individus qui expioient en quelque sorte l'inconduite et
les débauches de lours pères par les accidens les plus terribles do la maladie serophulcuse. Je parlerai plus bas
de ce fait extraordinaire, que je n'oifrc ici que sous un point de vue général.
DCCXXIII. Parmi les maladies chroniques qui affligent de tontes parts l'espèce humaine, il n'en est certainement
aucune qui soit plus digne d'une discussion sérieuse et qui mérite autant do fixer l'attention des médecins
que celle dont nous allons nous occuper. C'est un des vices originaires les plus communs et les ))lus rebelles aux
moyens curatifs. Il n'en est guère do plus funeste, au jugement moine d'Hippocrate. Queiquefois le temps lui
donne des forces et ajoute on quelque sorte à l'horreur de ses symptômes. Quoiqu'il n'excite pas do grandes
souffrances, il attriste néanmoins les plus beaux moniens de la vie; souvent même il en tarit les sources et
trouble toutes les lois de l'accroissement. J'ai observé à ce sujet les anomalies les plus singulières. J'ai fait
paroitre naguère devant mes élèves un homme âgé d'environ trente-deux ans, et frappé, pour ainsi dire,
d'une hypcrlrophic universelle. Sa taille, devenue gigantesque, avoit acquis plus do six pieds. Les partiel
molles, telles que la langue, la verge, etc. oITroicnt une dimension démesurée. Par le plus bizarre des contrastes,
j'opposois ¡X cet exemple celui d'un autre individu non moins écrouelleux que le précédent, et à peu près du
même âge. Ce dernier avoit la petitesse et la régularité des formes d'un nain. 11 etoit imberbe; et les parties
génitales n'oITroient encore chez lui aucun signe de virilité. La même maladie produit une multitude d'autres
dérangemens qui n'ont pas été considérés sous leur véritable aspect.
DCCXXIV. Malgré leur fréquence, les écroucllcs inspirent un effroi général. Les personnes douces d'une oertaine
prudence craignont avec raison de s'allier avec celles que l'on suppose infectées d'un pareil vice, et qui en
offront quelques vestiges sur la peau. D'autres s'imaginent à tort que le moindre attouchement communique
cette maladie, cl ne peuvent se défendre à ce sujet des terreurs les pins exagérées. Enlln, il en est qui pensent
qu'elle est d'une nature lelloment mal igne, qu'il faut nécessairement la regarder comme un résultat do la colèro
céleste. Ils ont cru même que cette affection surnaturelle étoit au-des.sus do tout pouvoir humain, et que
c'étoit aux rois seuls que Dieu avoit délégué la faculté de la guérir. Clovis passe pour être le premier qui ait
été revêtu d'un privilège aussi auguste, et pour l'avoir transmis à ses successeurs. Rex te langit et Deus te
sanat apposito stali/n crucis signaczdo.
DCCXXV. Dans rimpuissance de l'art, d'autres ont eu recours aux amulettes. Ils ont envisagé comme fort
utile la coutume de suspendre au col des malades la plante désignée sous le nom de scrop/iulaire. Que d'autres
pratiques superstitieuses n'a-t-on pas inventées! Au déclin de la lune, il en est qui attachent un crapaud vivant
sur les parties même (¡ni offrent les signes de cette affection dégoûtante, et qui l'y retiennent jusqu'à ce qujil
meure. Le vulgaire prétend que si on met les glandes engorgées en contact avec la main glacée d'un cadavre, on
peut espérer la guérison,sans doute à cause de la frayeur qu'inspire un acte aussi insolite. L'an dernier mourut.
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