M A L A D I E S DE LA PEAU.
A ;
PREMIER E PARTIE.
FJITS relatifs a Ihistoire particulière des Teignes.
E S P È C E PREMIÈRE.
TEIGNE PAVEUSE. TINEA favosa. Planche I .
Teigiic clonl les ei-oSlcs formcul des lubcrciiles de couleur jaune, lanlôt isolés et circulaires, lantôl rapproches les uns des autres, et
cousiituant de larges plaques sur le cuir cl.cvelu, doul le eculrc est dépriiué eu godet, et dout les bords sont saillans et relevés, ce
I]UI leur douue uue sorte de rcssemblauee avec les alvéoles des ruches h miel.
T A B L E A U DE LA T E I G NE FAVEUSE.
V. Le (lévcloppcMcnt de la Teigne faveuso se fait eornimméinem par de très-petits boulons pustuleux,
qui provoquent une démangeaison plus ou moins violente sur le cuir chevelu. Ces boutons contiennent une
maltcre purulente qui se dessèche, et donne lieu à la formation de plusieurs croiitcs ou tubercules excavés
dans leur milieu, et dont les dimensions augmentent successivement, en conservant toujours la forme circulaire
qui leur est propre.
Comme quelquefois ces tubercules se manifestent en grand nombre sur les différentes régions de la tète, ils
se joignent par leurs bords, au point de former, par leur agrégation, des plaques d'une étendue considérable,
ou l'oeil distingue néanmoins avec facilité le godet qui fait le caractère principal de la Teigne faveuse. Ce
godet ne ressemble pas mal aux alvéoles d'une ruche à miel, ou aux cupules des lichens qui couvrent lo tronc
de certains arbres.
Quand cet exanthème chronique n'est pas très-ancicn, les croûtes sont d'une couleur jaune, quelquefois
d une couleur fauve. Mais à mesure que ces mêmes croûtes vieillissent et se dessèchent, elles deviennent blaneliatres
s'usent, se bnsent , se détachent du cuir chevelu ; et dcs-lors on n'apperçoit plus sur la tète que les
debris des tubercules faveux qui cessent d'affecter une forme ré<iulière.
Los tubercules de la Teigne faveuse ont leur base profondément enchâssée dans le système dcrmoïde et
fortement adhérente il ce système. En effet, j'ai souvent voulu séparer de la peau quelque^uns de ces tubercules,
abn de les conserver (comme j'ai coutume de le pratiquer pour plusieurs maladies cutanées); mais je
n a. pu y parvenir, sans mtéresser vivement le cuir chevelu, et sans produire un écoulement plus ou moins
considerable de sang.
Aussi la Teigne dont il s'agit porte-t-elle ses ravages bien avant dans le cuir chevelu, qui se gerec : les
erevasscs qui résultent des progrès de l'altération, laissent suinter une matière, tantôt ichoreuse, tantôt purulento,
<1U, détruit la peau, et qui corrode même, dans quelques circonstances, jusqu'à la substance osseuse du
crane, i ontclois, ce dernier cas est extraordinairement rare.
Il est des individus chez lesquels les croûtes du favus ne se bornent pas uniquement à occuper la tête. J'en ai
vu paroitre au front , aux tempes, sur les épaules, et à la partie inrérieurc des omoplates, aux coudes aux
avant-bras ; , en ai vu s'étendre depuis le haut des lombes jusqu'au sacrum, sur le devant des deux genoux
au tiers externe et supérieur des jambes, Se. En un mot, il semble qu'elles puissent se manifester dans tous
les endroits ou le tissu cellulaire est plus serré et plus dense.
Les déinauge|,isons suscitées par la Teigne faveuse sont en raison du nombre des tubercules. Elles sont
quelqnelois into érables. Dès-lors les enfans sont portés à se gratter, et la sensation de prurit ou de cuisson
est s. vive, qu ils trouvent une sorte de jouissance voluptueuse à s'écorchcr le cuir chevelu de leurs ongles
Les ponx qui pullulent en si grande quantité sous les croûtes, viennent ajouter encore à ce genre de torture'
Toutes es eavites en sont pleines, et la surface ,lu cuir chevelu en est tellement recouverte, que la masse
enticrc des tubercules et de la peau semble agitée do leur mouvement.
L'odeur exhalée par le favus est aussi dégoiitante que son aspeet. Cette odeur , qui a plus ou moins d'énergie
conserve ton,ours le même caractère. J'ai souvent fait observer à mes élèves qu'elle se rapprochoit Infiuiinen;
de celle de 1 urine c e chat ou de celle des apparteinens que les souris ont long-temps infectés de leur présence.
Lorsqu on lait tomber néanmoins les croûtes laveuses à l'aide des catapl asnies éinollicns, cette odeur change
do caractcre, et a quelque chose de fade et de nauséabond.
Indépendamment des tubercules faveux que nous avons déjà décrits, on voit que, dans les intervalles qui
les scparent, la surlace du cuir chevelu se rceouvro continuellement d'écaillés fuifuracécs, lesquelles sont le
produit de 1 irritation générale du système dcrmoïde de la tète.