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déserte et sabloneuse ( Diego .Garcías ) abondoit en tortues de mer, s'y transporta, duns i'idéc que les bouillons
faits avec la viande do ces animaiix , et qxii passent pour être anti-scorbutiques , pounoient opérer sa gùé^
rison. La tradition ajoute qu'au bout de quelques mois, il fut elîectivcnient rétabli. Tous les jours , dit-on, il
prenoit un bain de sable, qui provoquoit une sueur abondante. Les matelots attaqués du scorbut, en revenant
des Indes orientales, ont recours au même remède ¡\ l'ile déserte de l'Ascensioji, qui fournit beaucoup de
tortues, dont le bouillon leur est prodigué. Ou a donné trop d'éloges à la chair de vipère ou de lézard ,
qui n'agit pas mieux, en pareil cas, que la chair de poulet : les eaux d'orge, de gruau, etc., sont Ircsconv
enables.
CCCCLXXXV. Un changement total dans la nourriture peut opérer une révolution salutaire, et procurer
la guérison. Casai parle d'une Îenune lépreuse qui se mit î\ désirer et i\ rechercher avec soin le beurre de lait
de vache ; elle vendoit tout ce qu'elle avoit pour en acheter et s'en nourrir : ce régime fit disparoitre tous
les sjmptômes. J'ai vu, du reste, un homme atteint d'une dartre squammeuse incurable, que la diète lactée
soulageoit sensiblement aussitôt qu'il s'y soumettoit; ce qui prouve qu'on pourroit tix-er un grand parti du régime.
A R T I C L E IX.
Du Iraitemeiit externe employé pour la gucrison des Lèpres.
CCCCLXXXVI. Il faut mettre h la tête des moyens externes qu'on peut employer avec le plus d'avantage
pour la guérison des Lèjires , les bains tièdes et émolliens , dont Ilaymond faisait un fréquent usage.
Kussel accordoit la préférence aux bains de mer ; Lorry recommandoit les bains de vapeur. C'est ici le lieu
de répéter les grands éloges qu'on s'accorde à donner aux eaux sulfureuses de Jîarèges, de Bagnères-de-
Luchon, etc. Un homme âge d environ c|uaranlc ans, attemt d'une Lt'pre sqiinmmeuse commençante, viiît
réclamer mes soins à Paris. Je lui conseillai les eaux sullm-euses de Tivoli. Il fui d'observation authentique,
C | u ' à mesure qu'il prenoit des douches, la peau devenoit plus souple, et les symptômes extérieurs s'évanouis--
.soient. Cet homme partit iVpcu-près guéri; seulement, il est vrai de dii-e que sa peau conservoit une certaine
disposition à s'exlolier. J'ignore si l'iiivt'r aura produit une recluite.
CCCCLXXXMI, Les inédieamens qui sont les plus propres à la giuîrisou des Lèpres, sont, sans contredit
ceux qui sont les plus propres ù rétablir la transpiration. Quoique les bains tièdes eonvieunent principalement
jXJur remplir ce but , ou a observé avec raison qu'il lalloit en user avec une extrême prudence; car, si la
Lèpre est parvenue i son plus haut degré d'intensité, les malades ne peuvent guère les supporter sans de
gi-andes anxiétés, des lassitudes, des palpitations, des spasmes, des convulsions, etc. ,1'ai voulu faire adiuinisti
er des bains à une jeune lépreuse qui se trouvoit à l'iiôpital Saint-Louis; elle souliroit davantage, et
pouvoit à peine s'y soutenir.
CCCCLXXXTIII. M. Lordat a propose récemment l'usage des frictions mercurielles, pour la curation de
rtléphanliasis. Son dessein, dit-il, étoit de relever l'activité du système absorbant, et de dégorger ainsi le tissu
eeUulaire. Un semblable moyen avoit été d'abord discrédité. M. Lordat pense effectivement que, dans quelques
cueonstanccs , il a pu renforcer la disposition scorbutique : peut-être ce remède réussiroit-il, si l'on prenoit
des précautions qui ne sont pas encore bien detenninées. J'ai lu quelque part qu'à Orenbourg, on provoqua
la salivation chez un Kosaque qui étoit ù mi-terme de sa maladie, ce qui lui fit rendre une grande quantité
de sang. La Lèpre avait paru diminuer; mais ce Kosaque, livré à lui-même , au lieu d'observer un ré"ime
repnt son service ordinaire , et le mal reparut avec plus de violence. J'ai voulu faire l'essai des f,ictions''mereunelles
sur une ,eune lépreuse dont j'ai eu occasion de parler dans le cours de cette dissertaUon. A chaque
Inction, la malade éprouvoit de forts accès de fièvi-e qui m'empcelièrent de eonliiiuer ; je me bornai alors i
des friebons pratiquées sur toute la peau , avec un linge imprégné de la fumée du soufre, comme l'avoit jadis
conseille Jîoerliaave en semblable occasion, pour une femme atteinte de la Lèpre squammeuse.
CCCCLXXXIX. 11 importe d'avoir uu soin particulier des ulcères lépreux, que l'on pourra panser avec
la temture de myrrhe , celle d'aloës , etc. ; ou use aussi de la décoction de quinquina ou de quelque bois
1 on fa t en meme temps usage des lotions aqueuses ou saturnines, fréquemment renouvelées. Quand l'épiderniè
s i r " ? ' "" " P-atique.. des e m i r : .
' m t e r 7 l ' ^^ "e cette imporlance;
j nuiteiai la prudence dun celebre praticien de nos jours, et je dirai comme lui: „os,ru,n rdns doaec cerUor cxpmentiii loqmitur, mspendimm judicium.
M . A L A D I È S ÛË t A i?ÈÀUi iti
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LES PIANS.
COiMSIDÈRATIOlNS GENERALES SDR LES PIAINS.
CCCCXC. Je n'ai pu voir que deux fois ce genre extraordinaire de maladie; mais, j'ai recueilli sur sa nature
les documens les plus authentiques. J'ai rassemblé les observations avec la plus sévère impartialité. l'oiir
éelaircu- les faits incertains, j'ai cru qu'il étoit convenable de m'affranchii- de beaucoup de préjugés qui régnent
dans les livies et qui ont obscurci les diseussions savantes de quelques écrivains célèbres. J'ai cherché i considérer
les Pians sous toutes leurs formes. J'ose garantir qu'on sera frappé des différences qui distinguent les
deux espèces que j'ai déterminées, et dont je place les figures sous les yeux du public.
CCCCXCL Le hasard seul m'a présenté cette affection terrible; car, eUe n'existe guère dans les climats on
la température est modérée. Hée au milieu des sables brûlans de l'Afrique, sur les rives du Sénégal, et dans
1 air impur de la Guinée, eUe est le triste appanage des noirs habitans de la zòne torride. La honteuse habilude
qu ont ces peuples barbares, de trafiquer de leurs semblables, de vendre leurs enl'ans et juscju'à leurs femmes
pour servu- en esclaves chez les Européens, a contribué beaucoup à la propager.
CCCCXCII. C'est de ces plages arides et perpétuellement embrasées, que ce fléau dévastateur, a, pour
ainsi clire, menacé toutes les races humaines. Les Nègres Africains le répandirent dans le Nouveau-Monde,
lorsqu'ils y furent conduits pour en cultiver les vastes déserts. Personne n'ignore cette fatale époque. Aiiis,, les
révolutions du globe servent à étendre les maux de l'espèce humaine.
CCCCXCIII. On a du reste remarqué que parmi ces nations sauvages, celle dont les habitans vemis des
sources du Niger sont désignés sous le nom de Banbaras, est communément la plus exposée aux atteintes des
Pians. Aussi ne vivent-ils que de chair corrompue; ils recliereheut de préférence le petit mil, le maïs et
autres substances végétales qui fatiguent 1 l'excès leurs organes digestifs.
CCCCXCIV. Un pareil genre de nourriture influe sans doute sur le développement de cette maladie, en
deterunnant la dépravation de la ly-mplie. Ce qui semblerait le confirmer, c'est l'observation intéressante de
louppc-Des|)oi-tcs, qui a vu le Pian se déclarer spontanément chez quelques gallinaeées de St.-Domiogue,
sur-tout chez les pintades et les dindons, qu'on alimente uniquement avee les semences de Vliolcm spiaitus
ou petit mil. ^
CCCCXCY. On a beaucoup disputé sur l'origine du Pian. On a dit qu'il avoit en quelque sorte fourni le
germe de la maladie syphilitique ; on a prétendu que les compagnons de Christophe Colomb s'étoient infectés
de ce virus en Amérique, et qu'à la suite des modifications imprimées par le ehangemeut de climat, l'éruption
pianique avoit pris peu à peu en Europe le caractère que nous eomioissons à la contagion vénérienne. Mais
cette conjecture est absolument fausse et dénuée de tout fondement.
CCCCXCVI. En effet, le Pian, ainsi que j'aurai occasion de l'observer plus bas, ne se communique que
très-difficilement aux .lilaiies, inalgi-é l'intimité des rapports que la plupart d'entr'eux entretiennent avec les
Négresses attaquées de ce mal, et quelque fréquens que soient devenus ces rapports, depuis que la dépravation
la plus absolue des moeurs a gagné ce pays: d'après une telle considération, on est suffisamment autorisé i
penser que les équipages de Colomb n'ont pu s'iiioeiiler le virus du Pian en Amérique, et que par conséquent
, ils n'ont pu l'apporter en Europe.
CCCCXCVII. Il paroît que les Arabes eomioissoient cette horrible maladie, qui ravage encore l'Afrique et
les Indes. Dans les siècles moyens, on lui avoit donné le nom de Variola magna, parce qu'on avoit cru lui
trouver quelque ressemblance avec la variole. Cette ressemblance seroit plus frappante, s'il étoit constaté que le
Pian ne se nuuiifestc qu'une seule fois chez le même individu, comme la plupart des auteurs le présument;
les observations de LoëlTIer paroissent du reste confirmer cette assertion. On assure même qu'il se guérit
spontnnémciit et de lui-même, lorsque l'art ne vient y apporter aucun remède.
CCCCXCVllI. Le Pian a néanmoins été soumis aux mêmes ineonvénicns que la maladie vénérienne. Les
charlatans, les médicastres, les compositeurs de recettes, se sont emparés de son traitement: d'ailleurs, par
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