ofi4 MA L A D I E S DE LA PEAU.
(le toufe espèce à la face supérieure du derme. Telle est l'opinion la plus générale sur ce point, mais qui n'est peul-ètro
pas incontestable'. Bichat et plusieurs autres anatoinistes n'admirent jamais le corps nniqueux comme ayant une
existence propre et distincte. Le premier pensa qu'il étoit dépendant d'un ordre particulier de vaisseaux rem])lis
eux-mêmes d'un fluide variable dans les animaux et les races humaines. Ce qui est certain, c'est qu'on ne le sépare
qu'avec beaucoup de peine et môme jamais qu'incomplètement des deux membranes entre lesijuelles il se trouve
placé. Cette séparation devient néainnoins possible au scrotum, quoique Littre assure l'avoir inutilement tentée. Le
corps muqueux a même été divisé, avec i)lus de subtilité peut-être que de fondement, en plusieurs couches distinctes
et comme superposées. On ne peut nier à l.i vérité que son épaisseur ne soit soumise à des modifications très-marquées.
Clicz le nègre, par exemple, où CruiksLank, et après lai U. Gauthier l'ont examiné avec beaucoup de soin; dans
quclque-s animaux où il a été soumis à la même investigation par M. Dutrocliet, il semble que l'existence de ces
couches soit réellement démontrée. Sans l'admettre irrévocablement, il faut convenir que, si le corps muqueux {rete
glutinosum Malpighianum), décrit et iiguré avec tant de précision par le célèbre anatomiste (¡ui lui a donné son nom,
et ensuite par Albinus et Meckel, n'a pas une structure aussi spe'ciale, celle-ci oi'lVe du moins quelques particularités
<ju'on retrouve dans tous les animaux, et qui surtout deviennent évidentes par les phénomènes i)hysiologiques et les
aecidens de la pathologie.
DCCCCXIX. Dans le corps muqueux résidelepigmentiim^ ou principe colorant de la peau. Bichat, qui croyoit cette
([ualité inhérente au iluide contenu dans un ordre de vaisseaux unis entre eux par un tissu plus ou moins serré, ce qui
i-xpliquoit, suivant lui, l'intensité variable de coloration, se méprit avec Camper, en admettant que les cicatrices étoient
blanches chez, le nègre. II est incontestable que le réseau de Malpighi offre des différences notables de <iensité dans la
peau dos diverses races; mais il paroît également certain qu'il y existe un principe colorant particulier, susceptible de
réparation quand il a été détruit par quelque circonstance accidentelle. Il est d'ailleurs passible de modifications presque
infinies, comme l'attestent les nuances intermédiaires de la teinte la plus foncée qui constitue le mélanisme jusqu'à
son entière décoloration, ou l'albinisme. On ne doit pas perdre de vue néanmoins que le corps muqueux éprouve
toujours des modifications de densité correspondantes à ces nuances de coloration; cpi'il est sensiblement plus mince
dans une peau blanche que dans celle d'un nègre, et le devient bien davantage encore chez les albinos, ce qui
démontre que ces deux conditions physiques sont inséparables.
DCCCCXX. LepigmcnUim est-il, comme le pensent quelques anatomistes, le produit d'une humeur analogue à celle
qui forme l'enduit noirâtre de la choroidc, et soumis aux alternatives d'une sécrétion et d'une résorption qui le renouvellent
incessamment; ou bien faut-il le considérer, avec quelques autres, comme l'effet d'une certaine quantité de globules
colorés disséminés dans le corps muqueux? L'expérience ue permet peut-être pas de prononcer, à cet égard, d'une
inanièrcbicn décisive, et la même difficulté se présente toutes les fois qu'il s'agit de déterminer la nature intime d'une
jwrtie quelconque des êtres vivans. 11 paroit toutefois cpie la source ^wpigmentum est dans le sang, car il offre une
analogie frappante avec la partie colorante de ce fluide. Soumis à finilucnce de quelques réactils, sa décoloration
opérée chez le nègre, par Beddocs et Fourcroy, au moyen du chlore en vapeur, n'a, dans aucun cas, été que trèstemporaire,
la couleur reprenant en peu de jours son intensité primitive. D'auti-es expériences de Davy, de Coli, etc.,
n'ont iiiit que confirmer une très-ancienne conjecture de Bluinenbach touchant la formation pignicnUmi par le
carbone. S'il a son siège dans la couche moyenne du corps muqueux, comme le pense M. Gauthier, on ne conçoit
pas comment on pourroit refuser à celui-ci un caractère organique que sa communication avec le reseau du derme,
dont'il est si dillicile de le distinguer, rend incontestable.
DCCCCXXI. A la face supérieure du derme apparoît d'abord un lacis de vaisseaux et de nerfs qui forment, dans
l'épaisseur de la peau , une couche, pour ainsi dire, distincte, et qui est même toujours décrite aitisi parles anatomistes.
Cet entrelacement n'a rien de particulier; il est formé au moyen d'un tissu lamelleux d'une densité ordinaire. Il recouvre
immédiatement ces éminences conoîdes, ou ces saillies de la surface du derme, décrites jwur la première fois sous le nom
de papilles par Malpighi, figurées ensuite par Ruisch et Albinus, tandis que Chéselden et quelques autres en nioient
l'existence. Peu prononcées à la vérité, à travers l'épaisseur entière de la peau, elles deviennent manifestes pour celui
qui les observe immédiatement au-dessus dil derme. Il est d'ailleurs quelques points de la peau où elles sont plus
apparentes. Klles sont très-visibles surtout à la surface de la langue. C'est sur celle du bcnuf que Malpighi les étudia
particulièrement. On les voit encore assez distinctement, rangées par doubles lignes, à la face pulpeuse des doigts.
Appréciables aussi, mais disposées sans orrlrc aux mamelons, à la surface du gland, aux lèvres, etc., on ne les
découvre que très-diillcilement sur le reste de la peau ou on les admet même plutôt par analogie. Ainsi que nous
l'avons dit, papilles sont formées par la dilatation de quelques parties du tissu cellulaire du derme, si abondamment
pourvu de vaisseaux et de nerfs qui, en les pénétrant, se dépouillent de leur névrilcme. Le tissu des papilles
est de plus éminemment érectile. On a remarqué que là où elles sont moins saillantes, les nerfs sont aussi moins nojnbreux,
ce qui peut indiquer à la fois leur nature et leurs usages. Quel que soit d'ailleurs le développement respectif des
unes et des autres, on conçoit aisément combien il seroit difficile d'établir leurs limites.
DCCCCXXIf.Les anatomistes ont agité la question de savoir si les vaisseaux et les nerfs qui viennent s'épanouir à la face
supérieure ou externe du derme, ne font que le traverser, ou bien se mêlent, c
brane. Ce dernier .sentiment paroît en tout plus conforme à l'observation que l'a
soit pas aussi pourvue de vaisseaux que l'ont prétendu quelques auteurs, il est s
le traversant, au tissu de cette mcmitre,
et quoique la texture du derme ne
.1 moins impossible de ne pas y reeon-
MALADIE S DE LA PEAU. at;;,
noilre leur présence. Au reste, celte membrane uommiie aussi coiiuni, -vera cutis, etc., constitue riellemeiit la parti.'
essentielle de la peau, celle qui détermine son aspect et ses formes. Elle consiste en un tissu aréolaire, variant daii.i
son épaisseur d'une ligne à une ligne et demie sur les divers points de son étendue. Les endroits où il est le ]ilus mince
chez l'homme, sont les organes de l'appareil génital et les paupières; le summum cic son épaisseur est à la plante des
pieds. Les interstices de ses aréoles sont remplis par du tissu adipeux, de la graisse, du tissu cellulaire, et leur fond est
percé d'un trou pour livrer passage aux vaisseaux et aux neri'squi vont former le réseau sous-muqueux. On ne trouve pas
les aréoles également développées partout; elles le sont particulièrement à la paume des mains, à la plante des ]iicd.s,
au cou, etc., moins il la l'ace, et presque plus au scrotum et aux lèvres de la vulve. D'après ce que nous avons dit de
sa structure, on conçoit que le derme offre quelque chose de l'apparence d'un crible. Sa couleur ne varie pas dans
toute la série animale, non plus que dans les différentes races; elle est doue toujours blanchâtre dans le nè^'re ainsi
que dans la race blanche. Quant i la nature même de son tissu, il ajjpartient à celui des membranesfibro-cdluleuses,
oil quelques auteurs, et particulièrement Osiander, ont cru reconnoitre aussi l'éléinent nmsculairc. Rougeàtre il sa
face externe par felfet de l'épanouissement des vaisseaux qui le traversent, le derme conserve néanmoins assez de
transparence encore pour permettre do distinguer ceux qui rampent au-dessous de lui. Par ee qu'on sait de sa texture
et de son organisation, il est facile de concevoir qu'il se rapproche par sa consistance de l'épiderme plus que de toute
autre partie; la détermination de ses propriétés découle naturellement des qualités particulières à son tissu et qui
sont la cohésion et la résistance.
DCCCCKXm. On trouve dans le tissu [lu derme, mais plus souvent encore dans le tissu cellulaire sous-dennoîde, les
bulbes des poils et follicules seiaces.Lcs premiers, que Chirac a parfaitement décrits, ont une forme ovoide, et sont
composés extérieurement d'une membrane épaisseet serrée, adhérant par des espèces de racines au tissu cellulaire souscutané,
et offrant à l'intérieur une capsule rougeàtre qui paroît une continuation du coqis muqueux. Lesfollicules schacis
ne durèrent pas sensiblement des cryptes muqueux qui existentdausi'enveloppe tégumentaire interne; ils sont situes,
comme les bulbes des poils, dans l'intérieur, ou au-dessous du derme. Leur nombre varie suivant les diverses régions
lie la peau; mais ils abondent toujours là oii l'on trouve des poils, comme aux creux des aisselles, aux plis des
aines, etc. ; eequi conllrmeassez l'analogie, ou plutôt la communauté d'origine qu'on a assignée il ces deux productions.
Pour les bien voir, il faut faire à lapeau une incision oblique, et alors on les aperçoit comme autant de bulbes ou petites
ampoules. Ils n'acquièrent pas généralement un volume au-dessus do celui d'un grain de millet; et souvent encore il
est moindre. La dilférence la plus prononcée, à cet égard, existe entre ceux du ne-/, qui sont toujours les plus gros et
ceux des joues qui sont les plus petits. Leur cavité est remplie d'une matière oléo-albumiueuse qui différé un peu par
sa consistance et même par ses principes sur les divers points de la peau. Ce Buide gras et onctueux, plus ou moins
odorant, abonde surtout dans la peau du nègre ; diminue beaucoup dans les peaux blanches; se montre très-analogue
au blanc de baleine par ses propriétés chimiques, et s'en rapproche encore d'avantage par l'état de concrétion oii on le
trouve sur la peau de l'enfant avant et même au moment de faccouehcment à terme.
DCCCCXXIV. Telle que nous venons de la décrire daussastrucLure, ou dans l'ensemble de ses parties constituantes, la
peau, libre par sa face externe, adhère par l'interne à un tissu cellulaire plus ou moins serré, selon les régions oír on l'examine.
Dans quelques endroits, celui-ci est dense et ferme, comme on le voit au crâne, â la nuque, au dos, etc.; dans
d'autres, la peau est soutenue par un véritable tissu ligamenteux dont l'existence est évideute au eoude-picd et au poignet.
Le tissu cellulaire sous-cutaué se montre, dans certaines parties, rougeàtre et demi-musculaire, comme dans le dartos,
le scrotum et la vulve. Il arrive enfin que c'est à des muscles que se fait l'adliéreuce de la peau; tels sont ces nombreux
peauciers, l'occipito-frontal, la plupart des muscles faciaux, etc., qui forment dans f espèce humaine les analogues du
paunicLile charnu des animaiLX. Cette analogiese montre encore dans les mouvemens que la peau reçoit de ces muscles.
Le pannicule charnu imprime à la peau des animaux les modilications destinées à peindre, jusqu'à mi certain point, leurs
passions et leur caractère. Chaque point de l'enveloppe cutanée peut fournir, suivant l'aspect que le pannicule charnu
lui donne par ses mouvemens, l'indice d'un sentiment de bienveillance ou de colère. C'est ainsi qu'il hérisse la crinière
du lion irrité, de même qu'il donne, eu pareil cas, à la figure de l'homme, suivant la remarque de Buffon, une apparence
convulsive. Cette harmonie, ou du moins ces rapports que l'anatomie nous fait découvrir entre les parties constituantes
de l'enveloppe tégumentaire chez fhomme et chei les animaux, se manifestera encore de temps en temps, à
mesure que nous pénétrerons leurs usages; nous demeurerons surtout convaincus que tout est sagement calculé, et
non livré à l'aveugle hasard dans les plans et les créations de la nature.
CHAPITRE QUATRIÈME.
DES FONCTIONS DÉPARTIES AUX DIVERS ÉLÉMENS DE L'ENVELOI'PE TÉGUMENTAIRE.
DCCCCXX V. Soumis par son organisation et par l'ensemble de son être aux besoins et aux habitudes de la vie sociale,
riiomnie devoitètre dirigé par des sens actifs et délicats, pour qu'avec leur secours il pût ensuite trouver, dans son intelligence
, les moyens de se défendre contre les effets plus ou moins défavorables des impressions extérieures. Aussi la surface
qui le met plus immédiatement en rapport avec les corps de la nature, est-elle plus propre à lui en faii e connoître
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